Aveyron : le Département déterminé à en finir avec l'Hôtel des célibataires malgré l'avis défavorable de la DRAC

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  • L’Hôtel des célibataires comportait 51 chambres et des parties communes.
    L’Hôtel des célibataires comportait 51 chambres et des parties communes.
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Roman Bouquet Littre

Alors que les défenseurs du patrimoine et les institutions culturelles tentent de le protéger, le conseil départemental semble déterminé à détruire l’édifice, rare témoin de la grandeur industrielle du Bassin.

Il est un repère qui marque l’entrée dans le bassin industriel de Decazeville. L’Hôtel des célibataires, bâtiment construit en 1907, trône au bord de la RD 840, sur la commune de Viviez. Mais pour combien de temps encore ?

Depuis quelques mois, un permis de démolir a été accordé au Département, propriétaire depuis une quinzaine d’années, malgré les signaux défavorables des institutions culturelles. "La démolition n’est en aucun cas souhaitable. […] Sur le plan patrimonial, malgré les outrages du temps, le bâtiment possède encore de nombreux atouts, liés à la grande qualité de sa construction ", avait conclu l’architecte des bâtiments de France suite à sa consultation dans l’établissement du permis de démolir. Sollicitée par l’association nationale Fondation du patrimoine, qui tente de faire classer le bâtiment aux Monuments historiques par la voix de son délégué départemental Bernard Fournié-Eche, la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) a émis un premier avis favorable, à l’unanimité, à la poursuite de la procédure le 31 janvier.

Procédure en cours et risque pour le Département

Une première étape passée avec succès, en attendant la seconde décisive dans les prochains mois. Mais cette annonce, le 1er mars, n’a pas été bien accueillie par le Département, qui a répliqué deux jours plus tard par la demande du permis de démolir. "On a été surpris de la réponse. D’un côté, il y a des spécialistes qui s’intéressent au lieu. De l’autre, on veut le détruire. C’est violent. Si on n’avait pas donné un premier avis favorable, le permis ne serait peut-être pas encore demandé", ironise-t-on à la DRAC. "C’est un symbole fort et important de la politique sociale, avec ce logement ouvrier créé par la Vieille Montagne", justifie l’institution culturelle. "Ils s’en foutent. Le monde ouvrier, ça ne les intéresse pas. Le fond du problème est là", pense Bernard Fournie-Eche, ancien architecte des bâtiments de France qui s’est emparé de la cause il y a trois ans. "La somme pour sécuriser cette bâtisse et la rendre fonctionnelle reste énorme ", jugeait en 2021 le conseiller départemental Christian Tieulié, rappelant que la mairie de Viviez avait déjà investi "une somme conséquente sur une étude de faisabilité et de transformation" pour tenter de concrétiser un projet d’hôtel- restaurant. En vain.

Pour tenter de sauver l’édifice, l’association Fondation du patrimoine a déposé au tribunal administratif de Toulouse le 23 juin une requête en référé-suspension contre le permis de démolir, rejetée le 17 juillet. Toutefois, le jugement reste provisoire, le recours "au fond" restant en cours d’instruction. Une procédure très longue, qui doit définitivement trancher sur la légalité ou non de la démolition.

Le sort de l’Hôtel des célibataires pourrait cependant être scellé bien plus tôt, le permis accordé n’étant pas suspendu.En détruisant le bâtiment, le Département s’exposerait néanmoins à des sanctions si le TA donnait raison à l’association à l’issue du jugement. Contacté, le président du département de l’Aveyron n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien.

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Les commentaires (1)
Milsabords Il y a 9 mois Le 16/08/2023 à 21:49

Puisqu'il paraît que l'on n'est jamais mieux servi que par soi même, le département n'a qu'à le céder pour l'euro symbolique à ces associations qui souhaitent tant le conserver. A charge pour elles de le restaurer dans un délai disons d'un an, sinon on rase ...