L'Aveyron, terre de cinéma : l'acteur Richard Belzer, "l’Américain" de Bozouls

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  • "Juste un homme et son chien flottant sous le regard de la cathédrale du XIIe siècle de notre village" : sur Twitter, en 2019,  Richard Belzer partageait son bonheur dans sa propriété à flanc de falaise du trou de Bozouls.
    "Juste un homme et son chien flottant sous le regard de la cathédrale du XIIe siècle de notre village" : sur Twitter, en 2019, Richard Belzer partageait son bonheur dans sa propriété à flanc de falaise du trou de Bozouls.
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Centre Presse

Si l’Aveyron fut prisé pour de nombreux tournages, il n’attire en revanche pas les stars et autres people. Rares sont ceux à y avoir posé leurs valises ou acquis une résidence secondaire pour se mettre au vert. Parmi eux néanmoins, un comédien américain, vedette de "New York, unité spéciale" : Richard Belzer.

À Bozouls, on l’appelait communément "l’Américain". Richard Belzer s’est éteint le 19 février dernier, à l’âge de 78 ans. Ses dernières années, le comédien, célèbre pour son rôle de John Munch dans les séries Homicide et New York, unité spéciale, les a notamment passées à Bozouls. C’est au début des années 2010 que l’acteur, toujours vêtu tout de noir et jamais sans ses lunettes de soleil, tombe amoureux de la bourgade aveyronnaise. Et de son célèbre canyon et ses falaises vertigineuses. C’est sur les bords de celles-ci qu’il achètera d’ailleurs une propriété en 2013 avec sa compagne Harlee McBride, également actrice. À l’époque, ils font appel à de nombreux artisans locaux pour se construire un petit paradis vert. "Richard Belzer était un homme très sympathique, il ne faisait absolument pas sa star", se souvient l’un d’eux.

"Il était devenu une figure du village"

Jean-Luc Calmelly, maire de la commune, ne contredira pas ce sentiment. " Ils demeuraient quasiment tout le temps ici. Richard était devenu une figure de Bozouls, quelqu’un de très accessible, souriant et très avenant. Il participait à de nombreuses fêtes du village et tout le monde le côtoyait ici ou là… ", nous confiait-il après le décès de l’acteur.

Celui-ci est survenu dans l’une des autres résidences secondaires du couple, à Beaulieu-sur-Mer. Quelques années auparavant, Jean-Luc Calmelly avait eu l’honneur de remettre sa carte de résident français à l’acteur américain. Il en avait lui-même fait la demande et avait cessé ses allers-retours vers son pays d’origine. À Bozouls, on pouvait ainsi le croiser chez le boucher, à la terrasse d’une brasserie ou encore promenant ses nombreux chiens…

Et si l’on reconnaissait aisément l’acteur grâce à son succès dans la série New York, unité spéciale, diffusée depuis des années sur TF1, beaucoup ignoraient sa carrière. Et sa véritable notoriété outre-Atlantique. À Bozouls, Richard Belzer était "l’Américain", cet homme presque normal auquel on n’osait pas vraiment demander une photo, ni un autographe. "En revanche, lorsqu’il s’est installé ici, je me souviens de gens qui venaient à la mairie pour avoir son adresse", raconte Jean-Luc Calmelly. À Hollywood ou à New-York, Richard Belzer était connu de tous. Et ce dès ses premiers pas à la télévision dans les années 1970. Après une enfance difficile – il a évoqué à plusieurs reprises avoir été un enfant maltraité et frappé -, l’homme se lance dans le stand-up. Il deviendra rapidement l’un des meilleurs de sa génération, dans un style particulièrement cynique. "Mon style a évolué à partir du moment où j’ai eu affaire à des gens ivres à midi, à une heure, à deux heures du matin et où j’ai essayé d’être comme un alchimiste, de m’inspirer du fil de leur vie pour le transformer en blagues en or […] J’ai un micro. Vous avez une bière. Dieu a un plan, et vous n’en faites pas partie", aimait à dire Belzer. Sur le grand écran, il fait ses premières apparitions dans The Groove Tube, Fame ou Scarface. Ses rôles sont petits mais les succès au rendez-vous. Mais c’est sur le petit écran qu’il se fera remarquer par toute l’Amérique. D’une façon particulièrement… inédite.

À la tête d’un talk-show à grande audience, il invite en 1985 le célèbre catcheur Hulk Hogan sur son plateau. Ce dernier lui propose de jouer l’une de ses prises : une clé d’étranglement. Mais le jeu tourne mal.

"Chez Hogan"

Devant les caméras et sous la force des biceps du catcheur, Belzer perd connaissance. La scène fait le tour des États-Unis. L’acteur dépose plainte contre le catcheur. Il demande cinq millions de dollars de dédommagements. L’affaire devient alors un feuilleton et fait les gros titres. Elle se réglera finalement à l’amiable. Et selon The Hollywood Reporters ou encore l’agence de presse AP, Richard Belzer aurait acquis ses résidences en France, dont celle de Bozouls, grâce à cet argent… On dit même qu’il nommait un brin sarcastique ses propriétés du nom de "Chez Hogan" !

Toujours est-il que cette anecdote ne l’a pas empêché de connaître un franc succès jusqu’en 2016 dans la peau de l’inspecteur John Munch. Et de continuer à faire les gros titres, cette fois pour ses prestations. Mais aussi plusieurs de ses écrits faisant la part belle à des théories conspirationnistes sur l’assassinat du président Kennedy. "Richard Belzer a rejoint de nombreuses thèses complotistes, à l’image de son personnage", écrivaient dans sa nécrologie plusieurs médias hollywoodiens. Bien loin de la vie paisible que menait l’acteur sur les hauteurs de Bozouls. Où il restera à jamais comme "l’Américain".

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