Les Aveyronnais et les Jeux olympiques : dans la foulée de la fondeuse Sophie Duarte : "Le rêve olympique, ça va très vite"

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  • L’Espalionnaise, ici, en 2009, un an après la désillusion de Pékin, en pleine forme sur les Mondiaux.
    L’Espalionnaise, ici, en 2009, un an après la désillusion de Pékin, en pleine forme sur les Mondiaux. MAXPPP - KERIM OKTEN
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Spécialiste des courses de demi-fond et de fond, l’Espalionnaise, a détenu le record de France 3 000 m steeple en 9 min 25 s 62 entre 2009 et 2022. Aujourd’hui entraîneuse, l’Aveyronnaise de 42 ans détient l’un des palmarès les plus complets de l’athlétisme tricolore. Elle prépare, entre autres, son compatriote le Toulousain Djilalli Bedrani pour 2024.  
 

Sophie Duarte est née à Rodez mais c’est à Espalion qu’elle a grandi. Une enfance et une adolescence sportive passée à 100 à l’heure. Cette sportive de haut niveau, spécialiste des courses de demi-fond et de fond, notamment des 3 000 m steeple, 5 000 m, 10 000 m et du cross-country, compte une quarantaine de sélections en équipe de France et détient un palmarès impressionnant.

Détentrice du record de France 3 000 m steeple pendant 15 ans

En 2007, elle signe un premier record de France en 9' 27 s 51. De 2009 à 2022, elle est restée la détentrice du record de France du 3 000 m steeple en 9’ 25 s 62. L’Aveyronnaise a, entre autres, participé aux Jeux olympiques de Pékin, à 5 championnats du monde, 3 sur piste, 1 sur cross et 1 sur semi-marathon, puis 10 championnats d’Europe.

Vous dites de vous que vous avez un parcours atypique. Racontez-nous.
J’ai commencé à courir tard. D’abord, le soir, pour décompresser. C’est en première année de fac, au début des années 2000, que j’ai pris ma première licence, à Toulouse. Je n’ai pas commencé toute jeune, en juniors. Mais j’ai été repérée et très vite, j’ai décroché des résultats en équipe de France jeunes, particulièrement sur le 3 000 m steeple (sa discipline de prédilection, NDLR) et le cross. Dès 2007, pour mes premiers championnats du monde, à Osaka, au Japon, j’ai terminé 5e.

Une cinquième place qui vous a directement qualifié pour vos premiers JO, en 2008, à Pékin…
J’ai été propulsée. J’avais 27 ans. D’un coup, je me suis retrouvée de spectatrice des Jeux olympiques, fan de Marie-José Pérec, Christine Arron, à actrice. J’ai toujours aimé regarder les JO à la télé, avec l’athlétisme, qui pour moi était le sport roi mais sans y penser personnellement. Finalement, année après année, je me suis construite jusqu’à me qualifier pour la Chine.
Je ne crois pas à la destinée toute tracée. J’en suis la preuve. Le travail est la clé. Le rêve olympique, parfois, cela va très vite.

Comment l’avez-vous vécu ?
J’étais ultra-motivée car c’était un rêve. Je n’ai pas réalisé. Un athlète dit souvent de ses premiers Jeux qu’on se retrouve spectateur avant tout car c’est un événement fort. C’est exactement ça. J’étais qualifiée et je voulais réaliser quelque chose de puissant. Malheureusement, cela ne s’est pas passé ainsi. Je ne suis pas devenue actrice de mes JO. Je suis passée à côté. Je n’ai pas réussi à rentrer en finale. Et avec le niveau que j’avais, c’est dommage.

Qu’est-ce qui vous a manqué ?
J’étais trop jeune. J’avais à peine fait une année en championnat du monde. J’avais une expérience minime quand je suis arrivée à Pékin. Il y avait un très gros niveau. Et puis, ces Jeux-là, il y a eu des cas de dopage, notamment chez les Russes.

Après Pékin, vous n’avez plus pris part à une Olympiade, devenue votre bête noire ?
Je suis restée plus de quinze ans en équipe de France, au plus haut niveau avec plusieurs championnats du monde. C’était tout aussi dur. Mais les années olympiques ont toujours été compliquées. Je passais à côté. J’étais soit hors forme, soit blessée.

Pour les Jeux de Londres, en 2022, je suis restée à la maison. Et je n’ai pas pu prendre part non plus aux Jeux de Rio. Je n’ai aucun regret. Il y a des choses qui se font, d’autres pas. J’ai détenu un record de France pendant 15 ans. J’ai fait 5e aux Mondiaux d’Osaka, j’ai un titre de championne d’Europe, etc. Je me suis toujours éclatée. Les JO n’étaient pas faits pour moi.

Les Jeux restent un événement sportif à part ?
Oui, car il y a une attente, une pression, un rêve. On a grandi avec et en définitif, c’est très fort et on ne mesure pas l’impact. Tout est démesuré. En 2007, je mangeais déjà à côté de Djokovic… Puis, c’était la Chine, la censure… Je n’avais pas le droit de communiquer avec ma famille. Je pensais que les JO c’était pareil que des Mondiaux. Mais en fait, c’est complètement différent avec la surmédiatisation et l’organisation de l’événement. Il faut réussir à se préserver de la pression.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
Forcément, le stade olympique, le Nid d’Oiseau, à la fois magnifique et surdimensionné. Et le partage au sein du village olympique, avec tous les sportifs, de toutes les disciplines, réunis. Mais l’athlétisme, c’était le sport numéro 1. C’était les années Usain Bolt au sprint, Yelena Isinbayeva à la perche qui remplissait les stades. C'étaient des cadors.

Et puis, il y avait vous au sein de l’équipe de France ?
Renaud Lavilleni était déjà de la partie. Il y avait Mehdi Baala, Bob Tahri, Christophe Lemaitre, des grands noms de l’athlétisme…

Aujourd’hui, vous êtes entraîneuse…
Depuis 2016, j’ai changé d’orientation tout en continuant à courir et en me tournant vers le cross. Aujourd’hui, je suis devenue coache. Et j’entraîne dans une dynamique de qualification pour les Jeux Olympiques. Je suis basée à Toulouse. J’ai arrêté ma carrière l’an passé.

Au moment où je me décide à entraîner, je me retrouve à encadrer du haut niveau puisque j’ai deux athlètes ; un Français, le Toulousain Djilali Bedrani, qui a fait les JO de Tokyo, et un Belge. Ils vont tenter de décrocher leur passeport pour Paris 2024.

Quel regard portez-vous sur les Jeux à la maison ?
D’un point de vue de coach, c’est extraordinaire de pouvoir vivre des événements à domicile. D’un point de vue de spécialiste, je partage totalement l’avis de Teddy Riner, qui a dit que l’on a tardé à avoir une nation plus engagée dans le sport. Il y a des choses positives, des aides de l'Etat qui essaye de transformer les infrastructures, faciliter l'accès, etc.

Je reste mesurée quand à notre capacité à avoir su encourager la pratique sportive à l'école bien en amont. On aurait dû anticiper bien mieux. Sans parler de la billetterie loin de rester accessible à tous les ménages. J'ai acheté des billets à 680 euros la finale. Il y a un rêve olympique mais à quel prix ?

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