Les Aveyronnais et les Jeux olympiques : pour Valérian Sauveplane, tireur à la carabine, "les Jeux, c’est une machine de guerre"

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  • Pour ses premiers JO, en 2008, en Chine, le Millavois a été deux fois finalistes.
    Pour ses premiers JO, en 2008, en Chine, le Millavois a été deux fois finalistes. MAXPPP - AHMAD YUSNI
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Le tireur à la carabine, qui a grandi à Millau où il est toujours licencié du club, présidé par son oncle depuis une trentaine d’années, a participé à trois Olympiades (Pékin, Londres et Rio). Co-recordman du monde de la carabine 60 balles couché, il est entraîneur de l’équipe olympique. Avec en ligne de mire, Paris 2024.

On avait envie d’ouvrir la boîte à souvenirs. Un an avant le début des Jeux olympiques de Paris, Centre Presse Aveyron a invité plusieurs champions à raconter leur Olympiade, leur parcours fait de sacrifices pour décrocher le Graal !

Le Millavois Valérian Sauveplane, tireur à la carabine (10 m, 50 m trois positions, 50 m couché), en fait partie. Il est d’ailleurs le seul sportif aveyronnais à avoir participé à trois Olympiades.

Seul aveyronnais à avoir fait trois Olympiades

A 43 ans, trente-trois ans après avoir décroché son premier titre de champion de France, il ne se trouve plus devant la cible mais derrière. "Depuis fin 2018, je suis devenu entraîneur", sourit le carabinier en or, passé du statut d’athlète à celui de d’entraîneur national à l’Insep (l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance est basé à Paris).

D’abord, de l’équipe de France paralympique à Tokyo de septembre 2020 à septembre 2021. Depuis trois ans, il accompagne l’équipe nationale olympique. Et travaille, main dans la main, avec Jérémy Monnier, ancien tireur, avec qui il a fait les Jeux de Pékin (2008) et de Londres (2012).

"On se connaissait en tant que tireurs. Aujourd’hui, on bosse ensemble pour essayer de conduire l’équipe tricole vers des médailles en 2024". Actuellement, ils sont en pleine préparation pour les championnats du monde.

"Aller aux Jeux de Paris 2024 pour gagner et amener plusieurs athlètes"

Avec, dans le viseur, un enjeu de taille, permettre aux athlètes de décrocher des points pour se qualifier pour les JO de Paris. Derrière, il faudra aussi briller en février 2024 lors du championnat d’Europe, et ensuite, lors du tournoi de qualification olympique et du tournoi de qualification européen. Enfin, dernière chance, lors du ranking mondial.

"L’objectif, c’est d’aller aux Jeux pour gagner une médaille et d’amener plusieurs athlètes par discipline", annonce Valérian Sauveplane. "Pour cela, il faut être présent sur les finales. Pas question de se contenter du quota attribué en qualité de pays hôte", prévient l’entraîneur s’appuyant sur sa solide expérience de sportif de haut niveau.

La médaille olympique, c’est la seule que je n’ai pas à mon palmarès et c’est la seule qui me reste en travers de la gorge

Lui, qui a été finaliste à Pékin en 2008 (6e au couché et 7e aux trois positions), 13e au trois positions et 22e au couché à Londres en 2012 et aux portes de la finale à Rio en 2016. "La médaille olympique, c’est la seule que je n’ai pas à mon palmarès et c’est la seule qui me reste en travers de la gorge", ne cache pas le Millavois. "Dans le milieu sportif, la reconnaissance ne passe que par les médailles olympiques".

Pourtant, son palmarès éloquent plaide pour lui et force au respect (6 championnats du monde avec une médaille d’argent en 2010, 18 d’Europe, médaillé d’or aux Jeux méditerranéens en 2015, co-recordman du monde de la carabine 60 balles couché, une trentaine de fois champion de France, etc. ).

"Il faut être prêt le jour J"

"Il faut être prêt le jour J. Les Jeux, c’est particulier", décrypte Valérian. En regardant dans le rétroviseur, "là, où j’aurai eu très certainement le plus de chances de faire une médaille, c’est en 2004. Mais je n’ai pas pris de quotas. Avec le système de qualification actuel, j’aurai tiré les JO d’Athènes".

Il lui faut attendre quatre ans plus tard, en 2008, et la Chine.

"La Chine, le vrai moment où j’aurai pu prendre une médaille"

"La vraie déception et le vrai moment où j’aurai pu prendre une médaille, c’était aux trois positions à Pékin. Je n’étais pas forcément bien placé en finale mais en tirant une finale moyenne mais sans être exceptionnel, ce que je n’ai pas du tout fait, j’aurai pu être médaillé. Et en tirant une finale correcte mais sans être exceptionnel, j’aurai pu être champion olympique. Clairement, je n’ai pas fait ce qu’il fallait", analyse avec beaucoup de sincérité la fine gâchette, initié à l’art du tir sportif par son grand-père et son oncle, un passionné d’armes et toujours le président de la Société tir cible millavoise. "J’ai un vrai regret sur une cartouche…"

2012, place à Londres. "Des Jeux particuliers". Avec du recul, "on a mal géré avec les entraîneurs la fin des sélections qui a été très longue et énergivore. Entre les sélections et le début des Jeux, plutôt que de faire une pause, de souffler et de repartir de plus belle, j’ai continué à m’entraîner. Une fois aux Jeux, j’étais usé alors que tous les feux étaient au vert pour que je tire bien. Je ne peux pas dire que j’ai mal tiré mais j’ai tiré ce que je valais à ce moment-là. Et c’était largement insuffisant pour être finaliste ou médaillé".

Une expérience qu’il met aujourd’hui en pratique avec les athlètes qu’ils préparent ; le repos, le mental, la pression médiatique, la pression de jouer à domicile. "Les Jeux, il ne faut pas les aborder comme un championnat du monde ou d’Europe. C’est une compétition qui est différente. C’est une machine de guerre. Avec des milliers de bénévoles, Le village olympique a d’ailleurs un maire". 

2016, direction Rio. "Cela a été plus dur car je sentais bien qu’il fallait avoir des résultats et qu’on ne me laisserait pas forcément aller jusqu’à Tokyo… J’aurai même aimé aller jusqu’à Paris. J’aurai été un peu vieux mais c’est déjà arrivé de voir des athlètes médaillés à 45 ans !"

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