Avec le RushTok, des internautes montrent l'envers du décor des sororités américaines

  • De nombreuses sororités se servent des réseaux sociaux pour attirer de nouvelles membres.
    De nombreuses sororités se servent des réseaux sociaux pour attirer de nouvelles membres. wundervisuals / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Depuis quelque temps, les réseaux sociaux nous offrent une immersion dans l'univers des sororités américaines. Comme chaque été, des milliers d'étudiantes désireuses d'intégrer une sororité se soumettent à différentes activités afin de prouver leur dévouement. Grâce au hashtag RushTok sur TikTok, les campus ne semblent plus avoir de secrets. Ou du moins c'est ce que l'on croit.


Aux Etats-Unis, l'été est la période où les universités américaines s'emparent des réseaux sociaux pour promouvoir les fraternités et les sororités. En tapant "RushTok", ou "BamaRush" sur le moteur de recherche de TikTok, vous trouverez une multitude de vidéos montrant des étudiantes détailler ce qu’elles ont dans leur sac, et défiler avec des vêtements girly coordonnés. Des groupes de femmes faisant des chorégraphies dignes de pom-pom girls vous montrent à quel point c'est cool de faire partie de leur groupe. Bien que ce type de contenus ressemble à une bande annonce d’une rom-com des années 2000, vous assistez en réalité aux coulisses des semaines d’intégration d’étudiantes à des sororités.

Pour comprendre de quoi il s’agit, une petite explication s’impose. Comme chaque mois d’août, aux Etats-Unis, tous les campus américains organisent une semaine d’intégration. C’est ce qu’on appelle le "rush" (ou rushing, qui désigne le recrutement dans l'argot américain). Le "rush" est un programme d’une semaine rempli d'événements sociaux auxquels de nouveaux étudiants assistent afin de tisser des liens avec les membres de sororités ou de fraternités. Il s’agit d'un enchaînement de rencontres, d’activités mais aussi de traditions auxquelles les étudiants doivent se soumettre. Et c’est à la fin de la semaine du rush que les étudiants sauront s'ils ont été choisis par leurs sororités ou leurs fraternités.

Un moyen de s'insérer socialement

Sur le réseau social TikTok, c’est tout un univers. Car oui, depuis l’avènement des réseaux sociaux, les coulisses du rush sont bien documentées - et notamment celles concernant les sororités. Chaque année, des étudiantes sont désignées comme les PNM (potential new members) ou nouvelles membres potentielles par la sphère TikTok, en fonction de leurs looks et de leur nombre d'abonnés. Dans les vidéos, les prétendantes montrent ce qu'elles amènent dans leur sac pour affronter l'aventure du rush : maquillage, collations, carnets de notes, tenues, etc. Elles prennent aussi soin de se renseigner sur les codes vestimentaires de leurs sororités favorites afin de faciliter leur intégration.

Vous devez sûrement vous demander pourquoi il est aussi important pour les étudiants américains d'intégrer une sororité ou une fraternité ? Tout simplement pour se construire un réseau. En devenant membre de ces groupes, ils peuvent jouir d'une nouvelle popularité au sein de leur université. A cela s'ajoutent d'autres avantages comme le fait de recevoir des cadeaux, d'être invité(e) aux meilleures soirées, ou de développer de belles amitiés. Dans le monde réel, ils pourront aussi profiter d'opportunités professionnelles. En effet, leurs candidatures peuvent être érigées en haut de la liste si les recruteurs ont fait parti de la même sororité ou de la même fraternité.

L'envers du décor

Mais depuis quelque temps, de jeunes femmes décident de montrer les dessous des sororités. Récemment, c'est Bama Morgan, une étudiante aspirant à entrer dans une sororité de l’Université du Colorado qui a documenté son expérience durant sa semaine de rush. "Décevante" et "misérable" sont les mots que la jeune femme utilise dans ses vidéos TikTok pour parler de son aventure. Durant ses premiers jours de rush, Morgan confie dans une vidéo être exténuée par les enchaînements d’activités. "Il n'y a aucun moyen qu'aujourd'hui se produise", déclare la jeune femme qui lutte apparemment pour se tenir debout. "Je suis tellement fatiguée… Il faisait si chaud, c'était misérable." Morgan a fait savoir que tous les étudiants qui avaient posté des vidéos d'eux-mêmes souriants après avoir fait le rush étaient "fous". "Apportez-leur de l'aide, car ils en ont besoin", dit-elle en buvant son jus d'orange. Un compte-rendu salué par les internautes, qui jugent son expérience plus "réaliste" que celles vendues par les autres prétendantes. L’étudiante ajoute également comprendre pourquoi certaines finissent par abandonner ce rite.

En dehors de l'aspect exténuant des activités du rush, la politique des sororités apparait elle aussi problématique. Dans un article de Elite Daily, d'anciennes membres de sororités populaires d'universités témoignent avoir été victimes de racisme, d'harcèlement et d'expulsion abusive. En 2022, une TikTokeuse du nom de Chayse Feeback avait invité dans une vidéo des internautes à partager la raison de l'abandon de leur sororité. Rapidement, un flot de témoignages avait alors inondé la section des commentaires. Parmi ces derniers : "J'ai abandonné parce que j'étais considérée comme "grosse" par les maisons. Je faisais une taille 36." On peut aussi lire : "Quand je suis devenue membre, ils nous ont dit que même si nous aimions les candidates noires, il fallait les noter plus bas pour qu’elles n’entrent pas".

Mais les sororités ne sont pas les seules à être épinglées pour leur politique problématique. Les fraternités, qui sont leur équivalent masculin, ont aussi été accusées de pratiquer des bizutages très violents : humiliation, consommation d'alcool forcée, passage à tabac, actes sexuels, etc. En regardant les contenus, des internautes pointent aussi la culture monolithique de ces établissements. Les fraternités et les sororités, qui sont composées essentiellement de personnes blanches et aisées, sont souvent accusées de manque de diversité.

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