Rentrée des classes : "L'instruction à la maison, c'est avant tout pour les enfants", parents, ils expliquent ce choix

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  • Au cours des dernières années, la famille a gagné en "confort de vie" du fait de cet apprentissage "plus linéaire".
    Au cours des dernières années, la famille a gagné en "confort de vie" du fait de cet apprentissage "plus linéaire". Centre Presse Aveyron - Xavier Buisson
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Xavier Buisson

Dans cette famille du Lévézou, l’instruction à domicile remplace l’école conventionnelle depuis 2019. Avec un respect total de la volonté des enfants, dont le plus grand a décidé, pour la seconde année, de réaliser sa rentrée au collège.

Tandis que des milliers de jeunes Aveyronnais reprennent ce lundi 4 septembre 2023 le chemin de l’école, les choses se passeront différemment, cette année encore, pour Celyan, 7 ans, et son frère Ilyès, 9 ans. Pour eux, c’est à la maison que l’enseignement sera dispensé, et c’est leur maman Chloé qui fera office de maîtresse.

L'instruction en famille depuis 2019

"Nous avons commencé l’instruction en famille en 2019. Auparavant, Ilyès avait été à l’école jusqu’en grande section de maternelle. Celyan, lui, n’y a jamais été", explique la jeune femme. Dans la maison familiale du Lévézou, une grande salle a été aménagée, avec livres, peinture, ordinateurs… La seule différence est que les élèves y sont moins nombreux que dans une salle conventionnelle.

"Dès qu’ils voudront aller à l’école, ils pourront"

L’organisation des apprentissages dépend, selon Chloé, "de la météo et de l’envie ou l’état" des enfants. "Si je les sens plus disposés le dimanche, nous travaillons le dimanche", poursuit-elle. Le matin est consacré aux apprentissages formels, l’après-midi étant plus "libre". "Nous suivons les grandes lignes du programme scolaire, car c’est un deal avec les enfants : dès qu’ils voudront aller à l’école, ils pourront", déclare la mère de famille.

Gabriel a intégré le collège en 2022

Un chemin déjà emprunté par Gabriel, 12 ans, l’aîné des trois enfants, qui a intégré le collège en classe de 6e à la rentrée 2022. "J’avais envie de voir les copains", explique-t-il. Il est le seul, cette année, à effectuer une rentrée "classique" à l’issue d’une année scolaire plutôt réussie et une moyenne générale de 15,1/20.

"C’est leur choix, je suis là pour les accompagner"

"Les professeurs n’étaient pas au courant qu’il avait suivi l’instruction en famille", explique sa mère. Ilyès, qui va attaquer sa dernière année de primaire à la maison, a lui aussi "bien envie" d’aller au collège. Ce qui pourrait, au sein de la famille, refermer cette parenthèse ouverte en 2019. "Avec un seul enfant, ça a un peu moins de sens", résume Chloé, qui vit "très bien" la décision de ses enfants : "C’est leur choix à eux, je suis là pour les accompagner."

"Je n'ai aucun grief contre l'école"

"Je n’ai aucun grief contre l’école. Les gens mettent leurs enfants à l’école par habitude, c’est davantage un non-choix qu’un choix", reprend la mère de famille, qui a arrêté de travailler quand elle a choisi de se consacrer davantage à ses enfants.

Au cours de ces cinq années, la famille a gagné en "confort de vie" du fait de cet apprentissage "plus linéaire". "L’apprentissage se fait dans la vie de tous les jours… C’est avant tout pour les enfants, mais pas contre l’école", affirme Chloé.

Des inspections régulières

La petite famille bénéficie d’une dérogation qui lui permettra de continuer dans sa démarche jusqu’à la fin de cette année scolaire. Les inspections de la commune et de l’Éducation nationale sont régulières, cette dernière ayant, parfois, "du mal à comprendre qu’on puisse apprendre ailleurs qu’à l’école". Et si Celyan, le petit dernier, décide de continuer ses apprentissages aux côtés de sa mère, elle affirme qu’elle le suivrait. "Quitte à entrer en désobéissance civile", affirme-t-elle, comme c’est le cas pour plusieurs familles aveyronnaises.

Des sanctions contre les "désobéissants"

Depuis 2016 et dans le sillage de leur aînée Manon, handicapée, ses deux sœurs ont pris la direction de l’instruction à domicile, sous la houlette de leurs parents Gwénaëlle et Jérôme. Depuis l’année dernière, ces parents résidant dans le Vallon sont officiellement en "désobéissance civile" car ils ont refusé de scolariser les deux plus jeunes de leurs filles ainsi que la loi les y contraint.

Une enquête des services sociaux a été diligentée, ils ont par ailleurs été auditionnés par la gendarmerie. « Prise d’empreintes digitales, photo… Nous avons assumé notre infraction puis le substitut du procureur a décidé de classer l’affaire sans suite », explique Jérôme. Le paradoxe est que la famille a été privée de ses aides de la Caf, y compris l’allocation pour enfant handicapé, leurs enfants étant considérés par le rectorat comme "non instruits". Ils ressentent de la "colère" et l’affirment : "On remet le couvert à la rentrée", c’est-à-dire que les trois enfants du couple continueront l’instruction à domicile.

Hélène, pour sa part, a elle-même déclaré sa situation de désobéissance civile aux autorités en novembre 2022. En mars 2023, une information préoccupante est ouverte à son encontre. Elle subit une enquête sociale (classée sans suite) mais aussi pénale. Elle aussi a été auditionnée par les forces de l’ordre puis condamnée à suivre une journée de citoyenneté. "Je suis un peu remontée", confie-t-elle, alors que sa fille a décidé de rentrer à l’école cette année. "Mais si elle veut en sortir par la suite, il n’y a pas de raison que je ne l’écoute pas", explique la jeune maman.

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