Nouvelle hausse du prix de l'électricité de 10 % : Bruno Le Maire désamorce les annonces de la Commission de régulation de l'énergie

  • La CRE a annoncé qu'une hausse de 10 à 20 % des prix de l'électricité était attendue début 2024.
    La CRE a annoncé qu'une hausse de 10 à 20 % des prix de l'électricité était attendue début 2024. Illustration - Pixabay
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Nicolas Drusian avec Reuters

Le ministre de l'Economie a déclaré qu'une hausse de 10% à 20% des prix de l'électricité était exclue pour début 2024.

Le prochain calcul des tarifs réglementés de vente de l'électricité (TRV) en France pourrait aboutir à une hausse théorique dont l'ordre de grandeur serait de 10% début 2024, a déclaré jeudi 14 septembre 2023 Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE).

Le gouvernement a augmenté les tarifs de l'électricité de 10% le 1er août dans le cadre d'une sortie progressive du "bouclier tarifaire" mis en place pour limiter les hausses dues à la crise énergétique européenne, sur fond de guerre en Ukraine et de faible disponibilité du parc nucléaire français. La hausse avait été auparavant plafonnée à 15% au 1er février 2023 alors que, selon les calculs de la CRE, ils auraient dû bondir de 99% à cette échéance.

"Sur les TRV, c'est encore un peu tôt pour faire l'équation (...), il va falloir attendre de constater les prix fin 2023", a déclaré Emmanuelle Wargon lors d'une conférence de presse. "Néanmoins, on sera dans un calcul de TRV théoriques par rapport aux TRV gelés qui sera une augmentation beaucoup plus faible que ce qu'on a pu faire l'année dernière (...). À ce stade notre estimation est autour de 10%", a-t-elle ajouté. "Dans toute cette période de crise, on a bien séparé le calcul des TRV théoriques, qui est l'application de la formule de calcul, de la décision qui ressort du gouvernement, à savoir la partie qui est acceptable et la partie qui doit être financée par le budget de l'État", a dans le même temps souligné Emmanuelle Wargon.

"On va se rapprocher d'augmentations qui seront importantes, mais qui ne seront pas de l'ordre du doublement ou de plus de 50%." Dans un premier temps, Emmanuelle Wargon avait évoqué une hausse possible de 10 à 20% l'an prochain mais la CRE a corrigé ses propres estimations par la suite, s'en tenant à un maximum de 10%.

Vives réactions politiques

Plusieurs opposants politiques n'en ont pas moins réagi, Marine Le Pen (RN) accusant le gouvernement de "prendre à la gorge les Français". "L'estimation provisoire de 10% max. ne vise que les tarifs théoriques. Calcul définitif en janvier", lui a répondu Emmanuelle Wargon sur X (ex-Twitter). "À ce stade, le chiffre de 10% n'est qu'un ordre de grandeur plutôt max et avant bouclier tarifaire", a encore précisé la présidente de la CRE dans un autre message sur la plate-forme.

S'exprimant devant des journalistes dans l'après-midi, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré qu'une hausse de 10% à 20% des prix de l'électricité était exclue pour début 2024.

La CRE prône une électricité décarbonée à "prix maîtrisés"

La CRE a également présenté jeudi sa contribution au projet de loi sur l'énergie et le climat, prévu par le gouvernement à l'automne, qui devra notamment fixer les grands objectifs de la nouvelle programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) pour la période 2024-2033. Le régulateur souhaite en particulier que le recours croissant à de l'électricité décarbonée se fasse "à des prix maîtrisés".

"On a besoin de plus de nucléaire, on a besoin de plus d'électricité renouvelable, on a aussi besoin de plus d'énergie décarbonée, de type réseau de chaleur, géothermie, etc. Mais on a aussi besoin d'être sûr qu'on maîtrise le coût", a dit Emmanuelle Wargon. Alors que des discussions sont en cours pour réformer le marché européen de l'électricité, la CRE appelle de ses vœux au développement d'un marché de long terme permettant de "donner une meilleure visibilité sur les prix et de lutter contre la volatilité" ainsi qu'à "une régulation spécifique" pour le parc nucléaire historique français.

Emmanuelle Wargon a en particulier évoqué la possibilité d'un dispositif de type "contract for difference" appliqué à tout ou partie de la production nucléaire française qui garantirait à la fois un plancher et un plafond sur les prix, ou encore un simple "plafond de prix".

Bruno Le Maire a indiqué début juin qu'il souhaitait voir aboutir la réforme européenne avant fin 2023. Il a cité la même échéance pour présenter un nouveau cadre de régulation de l'électricité en France, qui garantirait "le prix le plus juste possible" pour à la fois "protéger les consommateurs", garantir à l'industrie "un avantage comparatif" et financer l'évolution du système électrique. La réglementation en vigueur dite de l'Arenh (Accès réglementé à l'électricité nucléaire historique), qui permet aux concurrents d'EDF de lui acheter des volumes d'électricité nucléaire à un prix préférentiel et dont le groupe très endetté souligne qu'il plombe ses comptes, arrivera à échéance fin 2025.

La CRE promeut aussi le développement de contrats d'achat d'électricité de type PPA (Power Purchase Agreement) pour limiter les financements par l'Etat, ainsi que le recours à de gros appels d'offres dans l'éolien en mer.

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