120 000 opérations, 4 000 stations : les carburants à prix coûtant, un vrai cadeau pour les Français ?

  • Les prix à la pompe font encore parler d'eux, en cette période de rentrée scolaire.
    Les prix à la pompe font encore parler d'eux, en cette période de rentrée scolaire. Centre Presse Aveyron - Illustration
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Centre Presse Aveyron

Près de 120 000 opérations de ce type, dans 4 000 stations-service, auront lieu jusqu’à la fin de l’année. Mais les effets seront limités au moment où l’inflation asphyxie les consommateurs.
 

Le gouvernement abat sa nouvelle carte sur le front de l’inflation. Les grandes enseignes se sont engagées mardi à multiplier les opérations de vente de carburant à prix coûtant pour alléger la facture des prix à la pompe, s’est félicitée Élisabeth Borne à l’issue d’une réunion à Matignon entre raffineurs, distributeurs et fédérations professionnelles.

120 000 opérations à prix coûtant

Au total, ce sont "près de 120 000 opérations à prix coûtant dans 4 000 stations-service" qui auront lieu jusqu’à la fin de l’année, a annoncé la Première ministre, ce qui s’ajoutera aux 3 400 stations de TotalEnergies qui plafonnent les prix à 1,99 € le litre. Dans le détail, Leclerc et Carrefour commercialiseront du carburant à prix coûtant tous les jours dès la fin de la semaine, Casino, Cora et Intermarché deux week-ends par mois et Système U et Auchan au moins un week-end par mois.

"C’est une réponse positive à l’appel du Président", commente le président du comité stratégique de Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, sur le réseau social X (ex-Twitter), tout en précisant que l’initiative, "construite pour durer, devra être réévaluée ou adaptée pour tenir compte des conditions d’approvisionnement et de l’implication attendue des pétroliers".

Quid de la vente à perte ?

La vente à perte est, elle, enterrée. Le gouvernement a dû revoir sa copie en catastrophe face à l’opposition des distributeurs qui jugeaient la mesure intenable économiquement. Un revers pour l’exécutif qui refuse, de son côté, d’assumer une nouvelle ristourne à la pompe ou de diminuer les taxes qui représentent, à elles seules, 60 % du prix payé par le consommateur. Cette mesure serait la plus payante pour les Français.

"Sans taxes, un litre à 2 € serait vendu 80 centimes. Ce niveau de taxe est particulièrement élevé au sein de l’Union européenne, mais il n’y a pas d’exception française, il est comparable à celui de l’Italie ou de l’Allemagne", expliquait François Lenglet, spécialiste économie de TF1, le 13 septembre dernier, sur RTL.

"La France agrémente la taxation des carburants d’une bizarrerie. L’essence est d’abord frappée par la TICPE, la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques. Puis par la TVA, à 20 %, qui s’applique aussi sur la TICPE. Il s’agit d’un impôt sur un impôt, qui représente 14 centimes par litre", relevait-il.

Suivre l'exemple des voisins ?

Arnaud Robinet, maire (Horizons) de Reims, appelle, lui, le gouvernement à suivre l’exemple du Luxembourg ou de l’Espagne (10 % de taxes en moins sur 1 litre). Alors que Richard Ramos, député (Modem) du Loiret, propose de remettre au goût du jour la taxe flottante, mise en place entre 2000 et 2002, sous la cohabitation Chirac/Jospin.

Le principe est simple : si le prix de l’essence dépasse un certain niveau, les taxes diminuent.
Mais l’État ne se passera pas de cette manne au moment où il souhaite se désendetter.
L’opération prix coûtant présente donc un grand avantage pour l’exécutif : l’effort est assumé par les distributeurs qui lui offrent ainsi une séquence de communication à moindres frais. Mais l’effet ne sera pas le même pour l’automobiliste.

L’impact sera même "assez marginal", prévient Patrice Geoffron, professeur à l’université Paris-Dauphine et directeur de l’équipe énergie-climat, cité par Le Monde et l’AFP. D’abord parce que les enseignes n’ont pas attendu le gouvernement, elles proposent déjà régulièrement ce type d’opérations. Ensuite, parce que la marge des distributeurs, le cadeau fait aux consommateurs, est minime.

"Loin de compenser la flambée des prix des carburants"

"L’écart de prix lors de nos opérations à prix coûtant n’est pas bien grand pour le consommateur, 1 ou 2 centimes tout au plus", expliquait en juillet, le PDG de Système U, Dominique Schelcher, sur France inter. La mesure est donc loin de compenser la flambée des prix des carburants, dopée par la réduction de la production de pétrole saoudienne et russe. Depuis le début de l’année, le prix du SP-98 s’est envolé de 6,7 %, le SP-95 de 7,1 %, et le gazole de 2,6 %, aggravant la crise du pouvoir d’achat déjà douloureusement ressentie par les Français à chaque fois qu’ils font leurs courses (notre infographie).

Le gouvernement présentera donc, parallèlement, ce mercredi, en Conseil des ministres, un projet de loi contre l’inflation alimentaire qui obligera les industriels et la grande distribution à boucler leurs négociations tarifaires annuelles d’ici au 15 janvier, au lieu du 1er mars. L’exécutif espère ainsi une baisse des prix alimentaires dès le début d’année 2024.

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