Coupe du monde de rugby : Ruan Lamprecht, le plus aveyronnais des Sud-Africains

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  • Ruan Lamprecht se réjouit d’avance de ce match à l’issue très incertaine.
    Ruan Lamprecht se réjouit d’avance de ce match à l’issue très incertaine.
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Philippe Routhe

Il est arrivé en 2010 à Rodez pour jouer sous le maillot "sang et or" et ne quitte pas son maillot "vert et or" en cette période de coupe du monde de rugby. Rencontre avec celui qui a le cœur "springboks" mais a un véritable faible pour la France.

Assis à la table du Syphon à Rodez, sweat vert et or sur les épaules, Ruan Lamprecht, tout sourire, pose fièrement son dernier trophée : la coupe du monde de rugby. En porte-clé. Il l’a achetée à Paris, lors d’un match de la coupe du monde de rugby qui se tient actuellement en France, comme on achète une tour Eiffel à un vendeur à la sauvette. Une manière de rappeler que ce sont les Sud’Af qui en sont les tenants du titre. Et que lui, le plus Ruthénois des Sud-Africains, a réellement envie de voir les Springboks battre les Français, ce dimanche, en quart de finale. "C’est le cœur qui parle…"

Un maillot de la France sur les épaules

Pour autant, ce France – Afrique du Sud, la deuxième opposition entre les deux pays dans l’histoire de la coupe du monde, après l’inoubliable (à plus d’un titre) demi-finale de Durban en 1995, a une saveur toute particulière pour celui qui a débarqué en Aveyron en 2010.

Parce que, petit, le premier maillot que lui a confié son père était un maillot de l’équipe de France. Il en a encore les yeux qui brillent. Parce que, la première fois qu’il a vu l’équipe d’Afrique du Sud jouer, c’est contre la France, en 1993. Il avait 10 ans, c’était celle de François Piennar, deux ans avant qu’elle ne soit championne du monde.

Ce jour-là, à l’Ellis Park, l’équipe tricolore, emmenée par Olivier Roumat et entraînée par Pierre Berbizier, l’avait emporté 18 à 17.

Et parce que Rodez. Il y a débarqué avec la promesse des grandeurs d’un agent qu’il n’a jamais revu. À défaut de trouver un club pro en France, celui qui a porté le maillot "Springboks" avec un certain Bryan Habana, qu’il a d’ailleurs revu la semaine dernière à Marseille lors d’Afrique du sud – Tonga, a établi son foyer à Rodez. "Quand je suis arrivé, il y avait aussi le Top 12, et les échanges avec l’Afrique du Sud", se remémore-t-il. C’est son père, avait-il expliqué un jour, qui lui avait conseillé de faire sa vie dans cette campagne aveyronnaise. Il l’a écouté.

"Pour nous, en Afrique du Sud, les Français, ce sont les good guys. De bons gars. Bon, ce n’est pas pour cela qu’on va les laisser gagner. Mais s’ils gagnent, qu’ils soient alors champions du monde !"

"Springboks friday"

Ruan Lamprecht, qui a pu voir quatre matchs, mais pas uniquement des Springboks, vit cette coupe du monde à fond. Avec son fils de 9 ans, Robin, il passe des moments inoubliables. " Lui, il a deux équipes au cœur. Mais dans les stades, avec la ferveur des Sud-Africains, comme à Marseille, son cœur balance. Il se pose des questions", rigole le papa qu’il est. "Puis, à la maison, tous les vendredis et comme en Afrique du Sud, c’est le Springboks friday. Tout le monde s’habille aux couleurs de l’équipe nationale. Cela influence aussi…"

Taquin comme il sait l’être avec ce sourire qui en a fait un des "chouchous" du rugby aveyronnais, il arbore fièrement son maillot devant ses collégiens de Saint-Jo, où il enseigne notamment le sport en anglais. Il leur a bien dit de venir habillé en vert, ce vendredi, "mais ils n’écoutent pas, je crois qu’ils vont venir en bleu…" se marre-t-il.

Ce sourire, c’est celui qu’il arborera lundi, au lendemain du match. Ou pas… Car lorsque l’Afrique du Sud perd, il ne s’en cache pas, "cela ne va pas. Je ne rigole pas. Et je peux garder cette tête jusqu’à la fin de la coupe du monde."

Garder ou pas ce sourire, des discussions qu’il a eu avec ses deux frangins restés en Afrique du Sud ou celui basé à Amsterdam, des lecteurs de la presse sud-africaine, cela ne se jouera pas à grand-chose, selon lui. "Les deux équipes se connaissent par cœur. Elles ont toutes les deux un staff énorme. Nous, c’est presque un entraîneur par joueur ! Mais j’ai confiance. L’entraîneur Erasmus est malin. Je suis sûr qu’il a préparé quelque chose…"

Ruan reconnaît aussi que la France "a tout pour gagner. Et Dupont qui revient… Mais chez nous, c’est Aldritt le plus important. S’il arrive à avancer, ce n’est pas bon… " Il redoute aussi les carences au pied de son équipe, loin de la régularité du métronome Ramos.

Dimanche soir, c’est avec sa petite famille qu’il regardera le match. Et lundi matin, rira ou rira pas.

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