Aveyron : les habitants de Montlaur se mobilisent contre l'expulsion d'une famille de réfugiés angolais

  • Une des banderoles qu’ont préparées les habitants de Montlaur pour le rassemblement de ce vendredi soir.
    Une des banderoles qu’ont préparées les habitants de Montlaur pour le rassemblement de ce vendredi soir. Repro Centre Presse - Midi Libre - DR
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Frédéric Mayet

Ce vendredi 17 novembre, ils devraient être un millier pour dire non à l'expulsion d'un couple et de ses trois jeunes enfants originaires d'Angola décidée par la préfecture de l'Aveyron.

La nouvelle a déchiré le quotidien d’une famille et, au-delà, bouleversé les 630 habitants de son village d’adoption dans le Sud Aveyron. La famille, angolaise d’origine, installée à Montlaur depuis septembre 2022, vient de se voir notifier un OQTF (obligation de quitter le territoire français) par le préfet. "C’est impressionnant de voir comme toute une commune et, au-delà, toute une zone, le Rougier se mobilise pour aider cette famille de réfugiés politiques."

La voix emplie d’une émotion teintée de surprise Joseph Eulla, membre actif de l’association Tuzolana accueil, retisse le fil de l’histoire débutée voici un an et demi. Quand une famille, réfugiée politique d’Angola depuis 2019, s’est installée sur les rives du Dourdou de Camarès à Montlaur.

"La merveilleuse intégration de la famille dans le village"

"Le couple a trois enfants qui sont scolarisés à Montlaur. Nous étions fiers de les accueillir car leur présence a contribué à maintenir des postes à l’école", souligne celui qui fut, dans sa carrière professionnelle, "instituteur". Et d’insister sur "la merveilleuse intégration de la famille dans le village. Au point que, ce vendredi dès 18 h il devrait y avoir un millier de personnes pour dire non à cette OQTF. Les parents d’élèves ont lancé une pétition qui va atteindre les 500 signatures. C’est vraiment énorme !"

Avec ses trois enfants, âgés de 7 ans, 5 ans et deux ans et demi, "les aînés sont scolarisés et la petite dernière doit entrer à l’école en janvier", le couple de réfugiés "s’est intégré." Joseph Eulla précise que "le papa a eu neuf mois d’autorisation de travail. C’est un ouvrier hautement qualifié en soudure qui a toujours trouvé à s’employer. La maman, elle, s’occupe de ses enfants et doit passer, ce jeudi 16 novembre, un diplôme de langue française."

Le statut de réfugiés politiques refusé

Soit, hasard du calendrier administratif, une poignée de jours avant la convocation en préfecture de l’Aveyron, à Rodez, mardi 21 novembre. "En 2019, lors de son arrivée en France, le couple était passé devant l’OFPRA(Office français de protection des réfugiés et apatrides)." Leur demande du statut de réfugiés politiques avait alors été rejetée. "On leur avait dit qu’ils n’amenaient pas assez de preuves. Ils ont fait appel avec l’aide d’une avocate parisienne devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) qui a confirmé ce manque de preuves et annonçant une future OQTF. Mais, entre-temps le papa a fait une demande d’autorisation provisoire de séjour pour raisons de santé car il souffrait de douleurs musculaires."

"C’est le cœur qui va parler"

Cette autorisation acceptée, et sa famille installée à Montlaur, le monsieur a donc travaillé. Au terme de ces neuf mois une nouvelle visite médicale à l’OFFI  (office français de l’immigration et de l’intégration) a tranché : "les médecins lui ont dit qu’il pourrait se faire soigner en Angola et lui ont retiré l’autorisation provisoire de séjour. Voyant cela, le préfet de l’Aveyron a dit, j’applique la loi et je renvoie…" Mais l’association Tuzolana accueil a des clés de compréhension que n’a pas le représentant de l’État. "Le papa a des promesses d’embauche. Nous voulons porter ces éléments à la connaissance du préfet de l’Aveyron."

Le rassemblement citoyen de ce vendredi soir, prévu dès 18 h à la salle des fêtes de Montlaur, aura le soutien du député Jean-François Rousset. "J’espère qu’il nous aidera à ce que le processus d’expulsion n’aille pas trop vite. Mais au-delà des textes de loi c’est le cœur qui va parler." Le cœur d’un village sud aveyronnais qui avait jadis accueilli des Républicains espagnols puis des réfugiés lorrains en 1940… "On a l’impression de revivre l’histoire."

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Les commentaires (2)
Ptititi Il y a 5 mois Le 16/11/2023 à 22:00

C'est bien une famille comme celle-ci dont des manifestations ont évité l'expulsion et qui a en son sein plusieurs fichés S dont un a tué un super prof il y a peu? Ou je me trompe?

Larrynautik Il y a 5 mois Le 16/11/2023 à 21:25

C'est n'importe quoi ces procédures automatisées d'expulsion ! Et après le Préfet va pleurer à chaudes larmes sur la désertification des zones rurales ?? Faudrait p't'êt' commencer par ne pas expulser les familles avec enfants non ?