Aveyron : le village de Montlaur mobilisé contre l’expulsion d’une famille angolaise

  • La salle des fêtes de Montlaur était comble pour l’occasion.
    La salle des fêtes de Montlaur était comble pour l’occasion. ML - MC
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Maxime Cohen

Plusieurs centaines de personnes étaient présentes, vendredi 17 novembre 2023, en début de soirée à la salle des fêtes de Montlaur pour manifester leur soutien à Pedro, Ilda et leurs enfants.

Le sourire de Pedro, plein de timidité et de reconnaissance en dit long. Les mains se tendent à lui les unes après les autres en guise de soutien. Dans la salle des fêtes de Montlaur, c’est bien plus qu’un village qui se réunit ce vendredi 17 novembre pour soutenir la famille angolaise, arrivée en France pour "fuir les pressions et les menaces", selon Marie-Lou, de l’association Tuzolana accueil. Les cinq personnes sont sous le coup d’une OQTF (Obligation de quitter le territoire français). Plus de 300 personnes sont dans cette modeste salle, la seule illuminée au milieu d’un village presque déjà endormi. Elles viennent de Millau, Saint-Affrique, Rodez et forcément, des communes voisines.

Sur la scène, les prises de parole s’enchaînent pour témoigner de l’intégration de la famille à la vie locale. Amandine Laffond de l’association des parents d’élève, que Pedro n’a pas hésité à rejoindre à la rentrée, ne peut pas cacher son émotion. "On n’a même pas remarqué qu’ils n’étaient pas d’ici. Quand j’ai ma fille qui pleure parce que sa copine risque de partir, je me dis que ce n’est pas normal, appuie la mère de famille au micro. On ne peut pas être insensible à ça."

En plus des arguments déjà donnés pour tenter de donner gain de cause à la famille, Josef Ulla, membre actif de l’association Tuzolana accueil, brandit le texte rédigé par leur avocate, Me Sophie Mazas. "La meilleure au plan national en droit des étrangers", selon lui. "On a fait le choix de tout mettre en œuvre pour que l’OQTF ne soit pas délivrée, explique-t-il. On est dans la loi, il y a un arrêté du 1er avril 2021 qui est relatif à la délivrance des autorisations de travail des étrangers. Le texte dit qu’on ne peut s’opposer à une demande d’autorisation de travail présentée par un étranger souhaitant exercer une activité professionnelle sur un métier en tension dans une zone géographique caractérisée par des difficultés de recrutement." Le père de famille est soudeur qualifié, "une profession sur la liste des métiers en tension", appuie Josef Ulla.

Si Pedro s’est intégré à la vie locale par le travail, sa compagne, Ilda, a fait le choix de la langue. Les applaudissements de la salle ont accompagné l’annonce de l’obtention de son niveau 2 du TCF IRN (Test de connaissance du français pour l’Intégration, résidence et nationalité). "Un niveau pour les postulants à la carte de résidence de longue durée, précise Marie-Claude, la professeure de la mère de famille. Cela témoigne de sa volonté de vouloir s’intégrer."

C’est donc le cœur réchauffé, emplie du soutien des habitants que la famille se rendra, avec certains membres de l’association et leur avocate, en préfecture pour défendre la cause de Pedro, Ilda et leurs trois enfants.

Le député en soutien

Le député Jean-François Rousset était présent lors du rassemblement, ce vendredi 17 novembre à Montlaur. Il a témoigné son soutien à la famille. "Je connais leur situation depuis le début, avoue-t-il sur scène. Dans mon rôle, je peux transmettre les informations que l’on me donne, je l’ai fait. Dans quelques jours, va arriver le débat et le vote sur la loi immigration. Je suis très attaché aux valeurs que nous ont transmises nos prédécesseurs. La France doit s’honorer de la capacité qu’elle a à accueillir tous les gens qui tapent à sa porte. Collectivement, on doit faire cet effort. [...] Je serai parmi les députés à faire en sorte que cet article 3 soit discuté et voté, c’est indispensable pour les valeurs qu’on représente, pour nos communes rurales et nos écoles."
 

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