COP 28 : combustibles fossiles, transition énergétique, financement... quels sont les enjeux du nouveau sommet mondial pour le climat  qui s'ouvre à Dubaï ?

  • La COP 28 devra aborder une série de questions controversées, notamment l'abandon progressif des combustibles fossiles.
    La COP 28 devra aborder une série de questions controversées, notamment l'abandon progressif des combustibles fossiles. MaxPPP - Georgi Licovski
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron avec Reuters

La sortie des énergies fossiles sera l'un des grands enjeux de la 28e conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP28) qui s'ouvre ce jeudi 30 novembre à Dubaï (Emirats arabes unis), et s'achèvera le 12 décembre.
 

Après un été 2023 marqué par des records de chaleur et de sécheresse, la réunion annuelle des Nations Unies sur le climat qui ouvre ses portes ce jeudi 30 novembre à Dubaï devra aborder une série de questions controversées, notamment l'abandon progressif des combustibles fossiles et le financement de la transition énergétique dans les pays en développement.

Voici les principaux enjeux des deux semaines de négociations de la COP28, qui se terminera le 12 décembre.

Les progrès accomplis

La principale tâche de la COP28 consiste à évaluer pour la première fois les progrès réalisés par les pays pour atteindre l'objectif de l'Accord de Paris de 2015, qui exige de ses signataires qu'ils maintiennent l'augmentation de la température "bien en dessous" de 2,0°C, et de préférence de 1,5°C, par rapport aux niveaux préindustriels.

Les efforts déployés au niveau mondial étant à la traîne, les pays tenteront de se mettre d'accord sur un plan visant à mettre la planète sur la bonne voie pour atteindre les objectifs climatiques, ce qui pourrait inclure des mesures urgentes visant à réduire les émissions de CO2 ou à stimuler les investissements dans la transition écologique.

Les pays sont notamment en désaccord sur la question de savoir si cet exercice doit responsabiliser tous les pays ou seulement les plus riches, qui sont historiquement responsables du plus grand nombre d'émissions contribuant au réchauffement de la planète.

Ils doivent mettre à jour leurs objectifs et plans nationaux de réduction des émissions d'ici à 2025.

L'avenir des combustibles fossiles

Les débats les plus difficiles de la COP28 devraient porter sur le rôle futur des combustibles fossiles et sur la question de savoir si les pays doivent s'engager sur une élimination progressive de l'utilisation du charbon, du pétrole et du gaz, gros émetteurs de CO2.

Lors de la COP26 à Glasgow, les pays ont accepté d'abandonner progressivement l'utilisation du charbon, mais n'ont jamais accepté d'abandonner l'ensemble des combustibles fossiles, qui constituent la principale source d'émissions responsables du réchauffement de la planète.

Les États-Unis, l'Union européenne et de nombreux pays vulnérables au changement climatique insistent pour que l'accord final de la COP28 engage les pays à éliminer progressivement les combustibles fossiles, mais le G20, qui regroupe les plus grandes économies du monde, n'est pas parvenu à se mettre d'accord sur ce point, et certains pays, dont la Russie, ont déclaré qu'ils s'y opposeraient.

Les pays attendent de voir si les Émirats arabes unis, la nation qui accueille la conférence, pousseront d'autres producteurs de pétrole à soutenir cette idée.

Alors que le président de la COP28, Sultan Ahmed al-Jaber, a déclaré en juillet que l'élimination progressive des combustibles fossiles était "inévitable", il a également été critiqué pour son double rôle de dirigeant de la compagnie pétrolière et gazière publique des Émirats arabes unis (ADNOC) et de futur chef de file des négociations sur le climat.

Des technologies émergentes

Les Émirats arabes unis et d'autres pays dont l'économie dépend des combustibles fossiles souhaitent que la COP28 se concentre sur les technologies émergentes conçues pour capturer et stocker les émissions de CO2 dans le sous-sol.

Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), ces technologies sont essentielles pour atteindre les objectifs climatiques, mais elles sont également coûteuses et ne sont pas encore utilisées à grande échelle.

L'UE et d'autres pays craignent qu'elles ne soient utilisées pour justifier la poursuite de l'utilisation des combustibles fossiles.

Les capacités en matière d'énergies propres

Les pays envisagent de fixer des objectifs visant à tripler les capacités en matière d'énergies renouvelables et à doubler les économies d'énergie d'ici à 2030, une proposition avancée par l'UE, les États-Unis et la présidence émiratie de la COP 28.

Cette proposition devrait bénéficier d'un large soutien, car les principales économies du G20, y compris la Chine, approuvent déjà l'objectif en matière d'énergies renouvelables.

Toutefois, l'UE et certains pays vulnérables au changement climatique insistent pour que cet objectif s'accompagne d'une élimination progressive des combustibles fossiles, ce qui pourrait entraîner des conflits.

Qui paiera ?

La lutte contre le changement climatique et ses conséquences nécessitera des investissements considérables, bien plus importants que ce que le monde a prévu jusqu'à présent, ce qui rend les négociations des Nations unies sur le climat tendues.

Selon les Nations unies, les pays en développement auront besoin d'au moins 200 milliards de dollars par an d'ici à 2030 pour s'adapter aux effets de plus en plus graves du changement climatique, tels que l'élévation du niveau de la mer et les tempêtes.

Ils auront également besoin de fonds pour remplacer les énergies polluantes par des sources propres.

À cela s'ajoute le coût des dommages déjà causés par les catastrophes climatiques. À Dubaï, les pays seront chargés de mettre en place un fonds "pertes et dommages" pour faire face à cette situation.

Ce fonds devrait débloquer au moins 100 milliards de dollars d'ici à 2030, selon les pays en développement.

Les pays vulnérables souhaitent plus de fonds pour leur transition et que les pays riches, dont les émissions de CO2 passées sont en grande partie responsables du changement climatique, paient.

La Belgique et les Etats-Unis, qui ont déclaré qu'ils allaient alimenter le fonds "pertes et dommages" lors de la COP28, évoquent également la nécessité de faire appel à des fonds privés.

Les pays riches seront également contraints de démontrer qu'ils ont respecté leur engagement de fournir 100 milliards de dollars par an pour que les pays en développement prennent des mesures climatiques.

Accords parallèles

Outre les négociations officielles, les gouvernements et les entreprises feront leurs propres annonces sur le climat.

Les Émirats arabes unis prévoient ainsi de lancer un engagement volontaire des compagnies pétrolières et gazières à réduire leurs émissions, dans le but d'associer l'industrie des combustibles fossiles à la lutte contre le changement climatique.

D'autres initiatives devraient être annoncées en marge de la COP28, notamment des engagements visant à réduire les émissions de méthane, un gaz à effet de serre, à limiter les émissions dues à la climatisation et à restreindre le financement privé des centrales au charbon.

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