Dans un marché bio en baisse, le vin fait figure d’exception

  • Les Français préfèrent acheter du vin bio dans les canaux d'achat où on leur dispensera des informations et des conseils
    Les Français préfèrent acheter du vin bio dans les canaux d'achat où on leur dispensera des informations et des conseils cyano66 / Getty Images
Publié le
ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Non, le bio n'est pas qu'une histoire du passé. Le vin fait figure d'exception dans cette consommation en déclin. Alors que les Français ont perdu confiance dans les produits bio à succès d'hier, ils trouvent encore dans le jus de Bacchus de bonnes raisons de choisir le logo AB, pour peu qu'ils choisissent des canaux d'achat adaptés.

Alors que l'année 2022 s'était soldée sur un constat inédit pour la consommation de produits bio, dont les achats furent en baisse de 4,6% d'après l'Agence Bio, le contexte inflationniste n'a logiquement pas aidé à renverser la tendance cette année. Au premier semestre 2023, les chiffres officiels relatent un repli en valeur de 2,7%, sachant que les prix de l'alimentation en général ont grimpé jusqu'à +15,9% en mars dernier sur un an. Outre la question pure et simple des prix plus élevés des produits bio par rapport à leurs équivalents conventionnels, il y a la promesse faite par l'agriculture bio dans laquelle certains consommateurs ne se retrouvent plus. Le cabinet Nielsen iQ indiquait en septembre dernier que 60% de ceux que l'on appelle les "dé-consommateurs" considèrent le niveau tarifaire trop élevé par rapport aux bénéfices qu'ils apportent. Le plus grand défi du bio est désormais de retrouver la confiance des consommateurs et de chasser le flou qui entoure sa production. Dans une étude riche d'enseignements, publiée par l'Agence Bio et l'ObSoCo en début d'année, on apprenait en effet que 57% de Français doutaient de la mention bio lorsqu'elle était indiquée sur l'étiquette.

Le succès du jus de Bacchus en mode bio

Cependant, malgré ce constat, il ne faudrait pas avancer trop hâtivement une conclusion qui indiquerait la fin de la consommation bio dans les habitudes. On ne peut pas, en effet, oublier la présence du vin bio qui, pour sa part, fait fi de la nouvelle donne. Dans un observatoire réalisé avec le cabinet spécialisé Circana et récemment publié, la grand-messe du genre, Millésime Bio, rappelle la hausse du chiffre d'affaires de cette filière, de l'ordre de +6,3% en 2022.

Sauf que tous les circuits d'achats ne profitent pas de cette dynamique. Seuls ceux qui sont vraiment capables de raconter l'histoire d'une bouteille, du travail du vigneron, voire même de personnaliser les conseils, bénéficient d'un intérêt auprès des consommateurs. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : le chiffre d'affaires des vins bio est en repli de 7% dans les grandes surfaces et de la même manière dans les magasins spécialisés bio, alors que ce n'est pas du tout le cas là où un expert peut les renseigner, en l'occurrence dans les cafés et les restaurants (+12%). La démonstration est confirmée par des ventes en hausse de 8% chez les cavistes, mais aussi par la belle performance de la vente directe (+5%). Et dans ce contexte, les professionnels ont une propension à recommander des productions issues de la filière bio. Selon cette étude Millésime Bio/Circana, 33% des consommateurs de vins bio reconnaissent acheter ce type de bouteilles parce que les conseils qu'ils ont reçus étaient dirigés en ce sens.

En ce qui concerne près des trois quarts des consommateurs de vins bios (71%), ceux-ci effectuent ce type de choix pour des raisons environnementales. Voilà comment on peut expliquer que le vin fait figure d'exception dans une conjoncture très compliquée pour la filière bio. Au cours de ces derniers mois, 37% des acheteurs de vin bio ont même augmenté leur consommation tandis que 32% comptent continuer en ce sens à l'avenir.

Cette envie de boire bio s'inscrit aussi dans un phénomène à long terme, que l'on décrit depuis plusieurs années déjà, consistant pour les consommateurs à préférer boire moins mais mieux. Si l'on prend l'exemple du vin rouge, la consommation de cette couleur a reculé de 32% entre 2011 et 2021. Et dans le même temps, en 2013, seuls 22% des Français achetaient une bouteille de vin coûtant entre 11 et 20 euros, rapportait une étude Sowine. En 2022, ils étaient 56%. La qualité du vin est visiblement associée à l'agriculture biologique dans l'esprit de nombreux consommateurs. Si une bouteille affiche plus de 15 euros, 36% considèrent ainsi que le jus de Bacchus doit être bio.

Cette étude Millésime Bio/Circana a été réalisée auprès d'un échantillon de 1.054 acheteurs interrogés du 5 au 9 septembre 2023.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?