"Mépris", "retour en arrière" : les professeurs des lycées professionnels en grève "pour l'intérêt de nos élèves"

  • Les professeurs ont affiché leur mécontentement devant le lycée Jean-Vigo.
    Les professeurs ont affiché leur mécontentement devant le lycée Jean-Vigo. Repro CPA - Maxime Cohen - Midi Libre
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Maxime Cohen

Ce mardi 12 décembre, les professeurs des lycées professionnels sont en grève pour protester contre la réforme qui les touche. Un mouvement national plutôt suivi, comme ici au lycée Jean-Vigo de Millau.

Le projet de réforme qui les touche ne convient pas aux professeurs du lycée professionnel Jean-Vigo de Millau. Ce mardi 12 décembre, ils ont répondu à l'appel national à la grève, lancé par les syndicats d'enseignants. Les banderoles étaient tendues devant les grilles de l'établissement, les élèves à leurs côtés. "On se bat avant tout pour eux, introduit Eric Bosset, professeur de mathématiques et de sciences au lycée professionnel. Le lycée professionnel est à la peine, il est malade et les professeurs sont épuisés par les réformes. Chaque gouvernement depuis 1990 et l'arrivée du bac professionnel, a son lot de réformes. Aujourd'hui, on arrive à une réduction de moyens avec une formation qui passe de 4 ans à 2 ans et demi."

Le projet annoncé par la ministre déléguée chargée de la réforme des lycées, Carole Grandjean prévoit notamment une augmentation du temps passé en entreprise (6 semaines supplémentaires). "Cela correspond à six semaines de formation en moins sur les trois années et 71h en moins en terminale, reprend le professeur millavois. C'est un vœu présidentiel, qui a été réalisé sans aucune concertation des acteurs du monde éducatif." Et de poursuivre : "Début juin, le parcours sera différent pour les élèves de terminale, on va proposer aux élèves une poursuite d'études pour six semaines ou d'intégrer le monde professionnel en stage, en sachant que le bac ne sera pas terminé. C'est une usine à gaz pour démobiliser les élèves qui ont choisi le stage. Ça provoque une inégalité des chances dans leur réussite."

"On le prend comme du mépris"

À Millau, les professeurs pointent du doigt le faible nombre de places en entreprise qui n'est pas compatible avec une augmentation du temps passé hors du lycée dans le parcours éducatif des élèves en filière professionnelle. "On le prend comme du mépris pour nos élèves qui ne sont pas respectés. Ce qui n'a pas marché pour le lycée général et technologique, on nous le donne à nous", argumente le professeur. 

Cette nouvelle réforme du parcours professionnel est vue comme "un retour en arrière", pour Béatrice Jeammes, professeure de français et d'histoire - géographie. "Les élèves ont besoin de passer du temps au lycée, notamment sur les thèmes de la citoyenneté", reprend-elle. 

Un audit sur les formations "qui marchent"

Dans le lot des nouveautés au lycée professionnel, un audit réalisé par le bureau des entreprises. "Une personne est chargée de réaliser une étude des formations qui marchent dans le bassin selon le taux d'insertion et les besoins des entreprises, ajoute Eric Bosset. Ce n'est pas adaptable ici, les familles sont dans l'expectative de savoir si telle ou telle formation ferme, on n'a pas d'information. Avec cette mesure, soit les élèves vont partir dans le privé, soit on va avoir un déplacement géographique. On sait que certains vont choisir de travailler directement au détriment d'une meilleure vie."

Dès la rentrée 2024

La réforme doit être présentée lors du conseil supérieur de l'éducation le 14 décembre prochain. "On demande son retrait, note Eric Bosset. Il faut que le dialogue reprenne dans ce pays au sujet de l'éducation. On est en face de ministres qui ont de l'ambition politique et qui veulent une exposition médiatique. Nous n'en avons pas, nous avons de l'ambition pour nos élèves." Si elle n'est pas abandonnée, elle sera en vigueur dès la rentrée, au mois de septembre 2024, pour tous les niveaux du lycée. 

Ce mardi 11 décembre, cette grève était suivie par 11% des professeurs, selon le ministère de l'Education.

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