En Norvège, la fonte du permafrost pourrait relâcher des quantités de méthane jusqu'ici sous-estimées

  • Sur l’archipel norvégien de Svabard, situé à l’est du Groenland et au cœur de l’océan Arctique, les émissions de méthane en provenance de la terre s’accumulent sous le permafrost dans des quantités inquiétantes.
    Sur l’archipel norvégien de Svabard, situé à l’est du Groenland et au cœur de l’océan Arctique, les émissions de méthane en provenance de la terre s’accumulent sous le permafrost dans des quantités inquiétantes. Jonathan NACKSTRAND / AFP
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Une étude réalisée en Norvège suggère que les accumulations de gaz naturel piégées dans les profondeurs du pergélisol sont bien plus fréquentes et importantes qu'on ne le pensait. Une conséquence des puits de forage, creusés depuis des siècles pour l'exploitation des énergies fossiles.

Sur l’archipel norvégien de Svabard, situé à l’est du Groenland et au cœur de l’océan Arctique, les émissions de méthane en provenance de la terre s’accumulent sous le permafrost dans des quantités inquiétantes. C’est le constat d’une étude publiée dans la revue Frontiers in Earth Science. "À l'heure actuelle, les fuites sous le pergélisol sont très faibles, mais des facteurs tels que le retrait des glaciers et le dégel du pergélisol pourraient 'lever le voile' sur ce phénomène à l'avenir", explique le Dr Thomas Birchall, auteur principal de l'étude et chercheur au centre universitaire de Svalbard.

Puissant puits de carbone, le pergélisol ("permafrost" en anglais) désigne la couche terrestre recouverte de glace, qui s’étend sur environ 20% de la surface de la planète, dans l’hémisphère nord, principalement autour de la région arctique, entre le Canada et la Sibérie. Ces sols restent gelés en permanence pendant au moins deux années consécutives, capturant ainsi de nombreuses émissions de CO2, de méthane et même des virus ! Mais le réchauffement climatique contribue à faire fondre ces sols à une vitesse alarmante, comme l’ont démontré plusieurs études publiées ces derniers mois ou ces dernières années.

À ces menaces, s’ajoute celle des exploitations pétrolières et gazières situées à proximité du pergélisol, qui accélère sa fonte. Ce sont précisément ces puits de forage que les auteurs de ces travaux ont passés au crible, afin de cartographier le pergélisol du Svalbard et d'identifier les accumulations de gaz dans le pergélisol. Les chercheurs alertent sur le fait que ces accumulations de gaz s'avèrent "beaucoup plus fréquentes que prévu". L'analyse de dix-huit puits d'exploration d'hydrocarbures forés au Svalbard a révélé que la moitié d'entre eux ont rencontré des accumulations de gaz, précise l’étude. "Le gaz, combiné à l'âge relativement jeune du pergélisol, est la preuve d'une migration continue du gaz à travers le Svalbard", écrivent les chercheurs dans un communiqué.

"Il semble que ces phénomènes soient courants. Un exemple anecdotique est celui d'un puits de forage récemment réalisé près de l'aéroport de Longyearbyen. Les foreurs ont entendu un bruit de bulles provenant du puits, nous avons donc décidé d'y jeter un coup d'œil, armés d'alarmes rudimentaires conçues pour détecter des niveaux explosifs de méthane - qui se sont immédiatement déclenchées lorsque nous les avons tenues au-dessus du puits", développe le Dr Birchall dans un communiqué. "Si le pergélisol gelé en permanence s'amincit et devient plus hétérogène, le méthane pourrait migrer et s'échapper plus facilement, ce qui pourrait accélérer le réchauffement de la planète et exacerber la crise climatique", concluent ces derniers.

Une autre étude parue début décembre dans Nature Geoscience alerte sur les possibles fuites d'hydrate de méthane, c'est-à-dire la forme solide de ce gaz à effet de serre stockée dans les tréfonds des océans. Cette recherche démontre que sous l'effet de l'augmentation des températures atmosphériques, l'hydrate de méthane est, lui aussi, susceptible de se dissoudre et de "migrer" à des dizaines de kilomètres. Une conséquence directe du réchauffement des eaux provoquée par les changements climatiques.

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