Sur le plateau de l'Aubrac, "Tout le monde se plaint du blaireau, il y a un réel souci"

Abonnés
  • L’association de vénerie sous terre à l’œuvre en Aveyron.
    L’association de vénerie sous terre à l’œuvre en Aveyron.
  • Le blaireau source de bien des problèmes sur l'Aubrac.
    Le blaireau source de bien des problèmes sur l'Aubrac.
Publié le
Olivier Courtil

L’espèce prolifère au point de s’attaquer aux cultures et surtout de créer des accidents, à l’instar du sanglier.

Toutes proportions gardées, quelle ne fut pas sa surprise à la vue de son potager détruit sur les contreforts de l’Aubrac. C’est le blaireau qui a récidivé dans le voisinage et revient chaque année. " Imaginez que l’on détruit vos courses de produits bio en sortant du magasin, c’est la même chose. On travaille pour manger sainement et voilà ce que l’on récolte ", fulmine cette retraitée qui souhaite garder l’anonymat. Et d’ajouter : " Les blaireaux creusent aussi sous la route de la Trans’Aubrac, on n’est pas à l’abri d’un drame. "

Cette dernière a eu la bonne idée de se rendre à la fédération départementale des chasseurs de l’Aveyron à Rodez où elle a pu faire remonter sa problématique et remplir une déclaration des dégâts par des prédateurs. "Il faut inciter les particuliers dont leurs cultures sont touchées à faire cette déclaration. Nous avons la chance d’avoir ce service qui permet de disposer d’un piégeur agréé", poursuit la potagère.

L’espèce prolifère

Quant au blaireau, ses ravages ne s’arrêtent pas au potager des particuliers. Depuis quelques années, l’espèce prolifère. Il suffit de regarder sur le bord des routes et de compter les collisions. "On estime que 15 % des dégâts causés par le sanglier le sont par le blaireau", avance Nicolas Cayssiols, directeur de la fédération de chasse de l’Aveyron. "Tout le monde se plaint du blaireau, il y a un réel souci", renchérit Jean-Pierre Authier, président de la fédération de chasse. À commencer par les agriculteurs qui déchantent à voir leur champ de maïs après le passage du blaireau. "C’est un gourmet qui s’attaque aussi aux vergers, aux vignes…", ajoute Nicolas Cayssiols.

La cause se trouve aussi dans la décision prise cette année en Aveyron d’interdire la chasse complémentaire qui se pratique après le 15 mai. "Le tribunal administratif de Toulouse a suivi la requête d’une association animaliste, c’est dommage, car cette chasse est utile pour réguler l’espèce, plus de 15 000 en Aveyron, et elle est encadrée par les services de l’Etat", précise Didier Alric, responsable de l’association de vénerie, sous terre. Et d’ajouter : "De plus en plus d’agriculteurs demandent nos services, quand on fait une sortie, il y a aussi un but pédagogique pour connaître l’animal et la méthode, cette chasse est compliquée."

Risque sanitaire

Cette augmentation du blaireau n’est pas sans risque sanitaire car il peut véhiculer la tuberculose. "Les analyses sont effectuées dans un laboratoire à Rodez et ce budget n’est pas innocent pour l’Etat", glisse Nicolas Cayssiols. À l’instar de tout le petit gibier, le blaireau reprend du poil de la bête avec la forêt qui gagne du terrain, conséquence aussi du milieu qui se referme. "Le but n’est pas de le supprimer mais de faire en sorte que l’on puisse vivre en harmonie", conclut la potagère qui aimerait bien refaire chanter ses carottes.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?