Aveyron : "La voix du silence", un film sur la lutte des salariés "SAM" de Viviez

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  • Aurore Cros devant l’entrée de l’usine Sam, en février 2022,lors de son tournage de son film.
    Aurore Cros devant l’entrée de l’usine Sam, en février 2022,lors de son tournage de son film.
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Centre Presse

Ce jeudi 21 décembre à 20 h 30, le cinéma La Strada projette "La voix du silence", un film de la journaliste Aurore Cros, au cœur de la lutte des salariés de l’usine Sam.

Fin novembre 2021 : le tribunal de commerce de Toulouse place la société viviézoise Jinjiang Sam en liquidation judiciaire. Afin d’empêcher un démantèlement hâtif et pour préserver la possibilité d’une reprise du site, les salariés décident alors d’occuper l’usine pour la mettre sous leur protection. Suivront 154 jours d’occupation, nourris de lutte, d’espoirs, de solidarité et de détermination.

C’est dans ce contexte que notre consœur journaliste indépendante Aurore Cros, installée dans le Sud-Aveyron, a passé trois semaines en immersion auprès des salariés, en janvier et février 2022, dans la perspective de tourner un film et d’écrire un livre.

Elle a été hébergée chez des habitants du Bassin : Sandrine et Pascal ; Sandra ; et Jean-Louis. Puis elle est revenue régulièrement au fil des événements.

Intitulé "La Voix du silence", le film sera projeté ce soir à 20 h 30 (puis le 22 décembre à 15 heures), au cinéma La Strada de Decazeville, en dernier film de clôture du festival "De la terre à la mine", en présence d’Aurore Cros, pour un échange avec la salle.

Pourquoi ce titre "La voix du silence" ?

Au départ j’avais trouvé le titre "J’irai dormir chez les Samistes" en discutant avec des habitants qui appelaient les salariés les "Samistes" et comme j’arrivais là-bas pour passer du temps avec eux et que j’avais besoin d’être hébergée. On m’a dit que je faisais comme l’émission J’irai dormir chez vous. Je m’étais dit que cela ferait un bon titre de film et de livre. Mais plus le film avançait dans la réflexion et dans l’écriture, plus le nom s’est rapproché de "La Voix du silence" qui est comme une voix intérieure qu’on tait mais qui pourtant est très forte et fait mal.

L’intention du film est de mettre en avant la voix des salariés qui fasse écho à celles de tous ceux qui vivent des choses similaires comme des fusions, des réorganisations ou des licenciements. Leur histoire m’a fait penser à mon expérience personnelle avec une fusion de rédactions qui m’a heurtée et que j’ai vécue longtemps dans le silence. En allant à Viviez, je savais que j’aurais cette empathie envers eux. Que je pourrais les comprendre.

Qu’avez-vous retiré de cette expérience en immersion ?

C’était assez unique car j’étais vraiment dans la lutte avec les salariés. Plus tard, Mimi, une salariée, me dira : "Tu peux t’inclure dans la lutte, c’est comme si tu en avais fait partie car tu nous as longtemps suivis". Il y a des liens qui se tissent.

Quel sentiment sur ce qu’il s’est passé ?

Les salariés mettaient beaucoup d’espoir. Une force s’est créée sur le site, une énergie pendant la lutte où des gens qui parfois ne se connaissaient pas ou peu auparavant se sont découverts ou redécouverts. Du fait qu’ils n’avaient plus rien et qu’ils avaient reçu leur lettre de licenciement, ils voulaient vraiment qu’il y ait un repreneur. Occuper l’usine jour et nuit, c’était un espoir et un message positif qu’ils essayaient de renvoyer. Ils sont sortis avec l’espoir que MH Industries puisse reprendre. Quand j’interrogeais de savoir s’ils pouvaient repartir en Scop (Société coopérative de production), on me répondait "non car une usine demande des millions en entretien, en on n’a pas les moyens". MH n’avait pas non plus le choix que de continuer à produire un temps des pièces pour Renault mais Renault a refusé.

Le thème de votre livre sera-t-il aussi la lutte des Sam ?

Le livre va un peu plus loin que le film. Il creuse un peu plus le phénomène des délocalisations d’usine, notamment sur l’environnement et l’automobile. Les discours un peu hypocrites que l’on peut entendre, alors que des salariés maîtrisent la technique et qu’on ne les écoute pas assez ou pas du tout. Or, ces gens sont en première ligne pour aider des responsables à prendre leurs décisions, mais on ne les écoute pas. Car bien souvent ces personnes sont étiquetées et il y a une forme de mépris envers eux. Le livre est en cours de finalisation.

Des projets ?

Oui, le livre et des projets personnels. Également des projets avec Radio Saint-Aff et des associations locales.

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Les commentaires (1)
RienCompris Il y a 4 mois Le 22/12/2023 à 08:43

Il y a longtemps que l'industrie aveyronnaise est en état de mort cérébrale. (enclavement, coût des transport) L'Aveyron restera cependant qu'une terre de beaux paysages et de la bonne bouffe pas plus.