Aux portes de l'Aveyron, cap sur la crèche de Saint-Georges : une véritable œuvre d’art

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  • M. Badaroux, à côté d'une oeuvre d'art resplendissante.
    M. Badaroux, à côté d'une oeuvre d'art resplendissante. DR
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Céline Grousset

C’est dans une église magnifiquement restaurée par des artisans lozériens dont les vitraux, le retable, le plafond bleu étoilé, la vierge et l’enfant, la croix de procession ou la rosace aux couleurs chatoyantes ont retrouvé tout leur éclat, que se découvre la crèche confectionnée par Claude Badaroux, à Saint-Georges-de-Lévéjac, en Lozère.
 

Sur 20 mètres carrés, un village caussenard prend véritablement vie sous des yeux émerveillés par ce soucidu détail qui confère à l’ensemble le statut d’œuvre d’art. Une fierté pour le maire de ce petit village, qui est rattachée, depuis 2017, à la commune nouvelle Massegros Causses Gorges, le Millavois Guy de Souza.

Retour en 2003

L’aventure a commencé en 2003, à Saint-Georges-de-Lévéjac, en Lozère, à seulement quelques kilomètres de Sévérac-le-Château, dont le maire est aujourd’hui le maire Guy de Souza. "Avec un moulin aux pales mécanisées et une crèche en bois », avoue presque timidement Claude Badaroux dans un joli sourire. Ensuite, au fil des ans, elle s’est enrichie de nombreuses réalisations qui, en 18 années, totalisent pas moins de 18 000 heures de travail. Des maquettes à l’échelle 1/25e (1 mètre représente 4 cm) pour lesquelles tout a été mesuré. Puis il a fallu tailler les pierres calcaires, une à une, récupérées dans d’anciennes carrières ou dans les champs, avant de les coller à la colle carrelage.

"C’est une passion, une addiction, un plaisir immense de construire. Je travaille surtout la nuit, ça me détend et la concentration est plus facile. En regardant ce village, on perçoit une évolution d’une année sur l’autre ; si vous observez la taille des pierres, vous verrez que sur certaines constructions, les plus récentes, elles sont plus petites. C’est plus esthétique. Le plus difficile est la réalisation des toitures car il faut parfois casser 10 tuiles pour en poser une. Mais ce qui me demande le plus d’attention sont les clochers parce que la tuile d’Espagne est très fragile et je dois arriver tout en pointe…" Insatiable, Claude Badaroux peut être très fier de ce que ses mains, sa volonté et son enthousiasme sont parvenus à offrir en partage.

Maison, four, ferme...

Ainsi, chacun aura grand plaisir à reconnaître la magnifique église de la Piguière, toute proche, qui pèse 280 kilos, la maison familiale agrémentée de son mobilier, le four à pain de la Bastide, la ferme caussenarde de Longuelouve, la cazelle, l’église et le presbytère de Saint-Georges-de-Lévéjac ou le pont de Saint-Chély-du-Tarn sous lequel coule paisiblement la rivière (avec mécanisme de pompe et retour d’eau). Non loin, la source des pêcheurs, dans laquelle quelques pièces couvrent déjà le fond, le four à pain, le puits également mécanisé, un aven, et nombre de scènes champêtres qui rythmaient autrefois le quotidien de ces paysans laborieux.

On sourit en voyant les poules picorer, les ruches joliment disposées ou la tindelle qui attend patiemment l’arrivée d’une grive, les vaches dégustant le sel posé dans les auges, les agneaux pâturer dans la prairie toute fraîche ou les cochons se vautrer dans la souille… Sans oublier les 200 sujets, fussent-ils santons, animaux domestiques ou plus sauvages. Et que dire en voyant les deux vautours suspendus qui lui ont demandé une heure de patience pour les installer…

"Je pourrais faire encore mieux..."

Autant de moments qui replongent les curieux non sans une pointe de nostalgie dans des souvenirs encore bien vivaces. Des instants suspendus où l’esprit s’évade avec un évident plaisir. De tout cela, Claude Bonnefous en a parfaitement conscience. Cette vie qui défile sous les yeux est bien évidemment la sienne, encore plus prégnante. "Bien sûr je pourrais faire encore mieux, notamment au niveau des paysages, agrandir l’ensemble (notons que l’église du Roucous ou la chapelle de Soulages sont restées dans son atelier, par manque de place, NDLR), rajouter des collines, améliorer le reflet du pont dans la rivière… mais ce que je souhaiterais avant tout est de pouvoir disposer d’un lieu afin de proposer une exposition permanente."

Ce d’autant plus que la mise en place de cette crèche demande à une solide équipe de bénévoles de 80 à 100 heures de travail, soit 3 semaines. Si bien que c’est très certainement la dernière année qu’elle est proposée en l’église de Saint-Georges-de-Lévéjac. "J’ai un autre projet qui va me tenir 2 ou 3 ans mais c’est un secret…", rajoute Claude Badaroux sous l’œil amusé de Guy de Souza, maire du village, tout aussi soucieux de mettre le patrimoine local en valeur.

En attendant, cette magnifique crèche est à découvrir tous les jours depuis, jusqu’au 20 février, alors que des vidéos relatant dix ans de son évolution sont visibles sur You Tube."Lorsque les enfants viennent admirer la crèche et que je vois leurs sourires, c’est ma paye », avoue Claude humblement. Mais face à ce niveau de perfection, les adultes ont plaisir à redevenir des… enfants et à rêver en ces périodes troublées.

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