Séance émotion à Decazeville : le film d'Aurore Cros sur la lutte des salariés de SAM salué... par ses "acteurs"
Émotion au cinéma La Strada, avec la projection de « La Voix du silence » en présence de la réalisatrice Aurore Cros et d’ex-salariés de l’usine.
Pas moins de 220 spectateurs ont vu le film « La Voix du silence » d’Aurore Cros. Les ex-SAM et des habitants du Bassin ou d’ailleurs les ayant soutenus, furent accueillis par Arnaud Segond, le directeur du cinéma, qui a présenté la réalisatrice. Les deux séances furent les surprises du 6e festival « De la terre à la mine ».
Le film déroule les évènements de la liquidation judiciaire en novembre 2021 à l’occupation de l’usine durant 154 jours, jusqu’au dénouement le 25 avril 2022 sortie de l’usine, par la grande porte, « on tourne la page, mais on n’oublie pas », y déclare David Gistau, représentant CGT.
Des ouvrières entonnent « Les Mains d’Or » de Bernard Lavilliers, réclamant de « travailler encore », c’est le vibrant appel de tous les intervenants du film.
On y ressent l’esprit de famille qui a régné durant les 154 jours, mais aussi le désenchantement croissant à son acmé à l’assignation en justice pour occupation illégale de l’usine pourtant motivée par la volonté de sauvegarder l’outil de production.
Ce film a d’abord été tourné en autoproduction puis refusé par France 3, Arte et Médiapart argumentant de ne pas avoir été partie prenante dès le départ. « Pas de TV, pas de CNC, pas de production, c’est la logique des grands médias », déclare Aurore. « Heureusement, VLR Productions et Lumfilms m’ont aidé de leurs conseils et à diffuser l’œuvre qu’ils considèrent comme utile ».
Le poing levé
La réalisatrice avoue que cette expérience vécue avec les employés, de surcroît hébergée par eux, a fait écho aux péripéties sociales subies au cours de sa carrière journaliste. Elle en a tiré une grande humanité, y a montré la vraie vie. À l’opposé des considérations des financiers, de Renault, non démenties par l’État, qui ont d’après elle « utilisé la variable d’ajustement que composent les personnels des entreprises, dont la Sam ».
À la fin de la projection, un ex-SAM déclama « toute mon émotion et mes remerciements envers Aurore qui a inscrit notre histoire dans la grande Histoire ». Se déclarant héritier de 1869-1888-1961 et 1962, un ouvrier a vanté sa fierté bien placée, dans la chaîne historique des luttes, citant Jean Boudou : « Los carbounièrs de la Sala nos a mostrat lo deber - les mineurs de Decazeville nous ont montré notre devoir ». Un habitant d’Espalion qui prône « la Résistance, l’Espoir et la solidarité » s’est reconnu dans la lutte montrée dans le documentaire. Après le débat, un syndicaliste a rendu hommage aux SAM, les invitant à monter sur scène avec Aurore Cros, tous y ont levé le poing.
Les discussions ont continué à la Strada, on s’est promis une prochaine fête au sein de l’association des anciens de la SAM et l’idée a été lancée d’une souscription pour permettre de financer la sortie du DVD du film.
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?