Aveyron : au café Flo'Bar, quand c'est fini, fini fini, on pleure... et on recommence

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  • Jean-Claude et Nicole, tout sourire avant des larmes de joie ce dimanche…
    Jean-Claude et Nicole, tout sourire avant des larmes de joie ce dimanche… O.C.
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Olivier Courtil

Nicole et Jean-Claude Brévier tirent le rideau du Flo’bar ce dimanche dans le chef-lieu de la Viadène, à Saint-Amans-des-Côts.

Il va y avoir des larmes", s’avance sans se tromper Jean-Claude Brévier, derrière le comptoir du Flo’bar, à Saint-Amans-des-Côts. Il faut dire que c’est un pan de l’histoire locale du chef-lieu de la Viadène qui s’apprête dans quelques heures à tourner la page.

Siège des quilles et de la Fnaca, le Flo’bar a été le rendez-vous de toutes les générations, le lieu de rencontre des jeunes comme des vieux. Un hôtel-restaurant qui s’appelait auparavant "L’hôtel du Nord" où ont exercé, de 1964 à 1975, Éliane et Maurice Brévier, parents de Jean-Claude. "Ils devaient rester un an en gérance et sont restés onze ans…", raconte Jean-Claude. Car ce n’est facile de partir. Il en fait l’expérience à son tour avec Nicole. Davantage encore quand vient l’heure après trente-six années à œuvrer sans compter. "Il y a beaucoup d’amour autour de nous, cela va être un pincement au cœur, dimanche ça va être dur, il faut savoir s’arrêter…"

Le temps de l’hôtel, bar, restaurant, station est révolu. Le temps où Saint-Amans a compté jusqu’à quatre stations. Le temps où les gens venaient faire le plein d’essence et le plein d’envies en toutes saisons. Puis, il y a eu un avant et un après. Le chaos. Le temps s’est suspendu. Leur fils Florian a perdu la vie en 2010, année où il fut vice-champion de France de quilles. Et les mots deviennent difficiles à prononcer pour exprimer les maux. "Des gens rebroussaient chemin par pudeur mais toutes les générations nous ont soutenus. Nous tenons à remercier familles et amis pour ce soutien. Puis, les jeunes du village ont proposé l’idée de renommer le café." Et le Flo’bar est né, symbole de renouveau, pour perpétuer la vie de "Flo".

"Le commerce nous a sauvés"

Le cours de la vie a repris grâce aux gens que ce malheur a rapproché. "Un lien énorme, le commerce nous a sauvés", résume le couple qui, malgré cette tragédie, a su garder le cap. Nicole aime parler de son enfant qui est toujours à ses côtés. Il est d’ailleurs dans le café. Photos, médailles, trophées de quilles honorent Saint-Amans par sa présence.

Hier soir se tenait le dernier banquet. Celui de la Fnaca. Toutes les serveuses, d’hier comme d’aujourd’hui, ont tenu à y participer. Et ce dimanche, pour le dernier apéritif, nul doute que les Viadénois et d’au-delà seront nombreux pour que ce dernier jour soit le plus long. Les souvenirs n’ont pas fini de s’égrener. Toute la semaine, le restaurant a fait le plein et a dû refuser du monde. Ce monde qui veut profiter jusqu’au bout du Flo’bar.

Et lundi dernier, pour son anniversaire, Jean-Claude a même eu la surprise de voir la vitrine et la façade entièrement décorées de déclarations d’amour et d’humour. "L’ours", tel est le surnom de Jean-Claude, peut savourer cette part de bonheur. Avec Nicole, ils ne l’ont pas volé. Comme la part des anges qui s’évapore pour rejoindre l’âme de Florian.

En attendant, Nicole et Jean-Claude comptent bien continuer à travailler, mais à un rythme bien moins effréné, pour garder "le contact client", être actif et voir les amis. Voir les amis pleurer de joie comme aujourd’hui. En ce long dimanche fraternel pour que l’attachement demeure.

Un attachement qui se perpétue puisque le parrain de Flo reprend le bar. L’histoire continue avec des larmes non contenues jusque tard dans la vie.

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