Procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne : les témoignages chocs des proches des victimes au sixième jour d'audience

Publié le , mis à jour

Les proches des victimes ont témoigné ce lundi 29 janvier 2024, en ce sixième jour du procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne.

La famille de Christian Medves, effondrée

Une journée dure en émotions. Les proches des victimes sont intervenues tout au long de cette sixième journée du procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne. "Notre vie parfaite s'est arrêtée ce 23 mars", ont soufflé à la barre les filles de Christian Medves, le chef boucher tué par le terroriste Radouane Lakdim dans le Super U de Trèbes. Son épouse a aussi témoigné : "J'ai connu mon mari à 16 ans, il en avait 18. On a partagé 37 ans de notre vie. On était tout le temps ensemble. C'était très difficile de se séparer", selon ses propos rapportés par nos confrères de L'Indépendant.

Sa famille a décrit l'attente insoutenable, celle de savoir si Christian Medves était en vie. "À 19 heures, le préfet m'a appelée pour me le dire. Ça n'a été officiel qu'à 3 heures du matin, le médecin légiste est venu chez moi pour me dire que c'était Christian".

Le maire de Trèbes, Eric Menassi, a témoigné de l'horreur de cette journée à bien des niveaux. Notamment l'impossibilité de dire aux familles ce qui était en train de se passer. "Mon épouse m'a appelé à 10 h 30 pour me dire qu'un terroriste était dans un magasin. Ce qui m'a marqué, c'est l'impossibilité de communiquer avec les familles. On ne pouvait rien dire".

La directrice du Super U, Samia Menassi, qui est aussi l'épouse du maire de Trèbes, était dans son bureau avec son patron, le médecin du travail et la comptable. Quand elle a réalisé la situation, elle a appelé son mari pour lui dire de prévenir les forces de l'ordre.

La caissière assiste à la mort de Christian Medves

Céline était caissière au Super U, elle avait salué Christian Medves à son arrivée le matin. "Une autre caissière prend sa pause donc je la remplace, à la caisse n°6. Christian est passé à ma caisse, il se rappelait pas m'avoir fait un bisou. Il s'approche. Il m'a dit, il faut que je t'annonce une grande nouvelle".

À cet instant précis, le terroriste est arrivé. "Il a tiré sur Christian. Je l'ai vu allongé au sol, du sang partout. Ensuite, il a tiré vers une autre caisse, j'ai cru qu'il avait tiré sur une collègue". Le terroriste abat en réalité un client du magasin, Hervé Sosna.

Céline s'est vite cachée sous sa caisse. "Derrière cette paroi opaque, je savais qu'il y avait Christian, j'essayais de lui parler. Il y a eu un bruit, j'ai cru que c'était lui, je lui ai dit de ne pas bouger". Céline est restée cachée pendant l'intervention du colonel Arnaud Beltrame. "Les secours sont venus me chercher. Je suis sortie de sous ma caisse, j'ai voulu prendre Christian. La gendarme m'a dit "Non, venez, il est mort".

"La police est venue chez mon père"

Ce fut au tour, en fin de journée, des proches d’Hervé Sosna, le client abattu par le terroriste. "J'ai appelé un collègue pompier, pour voir s'il avait des nouvelles. Il nous a dit que non. On a appris qu'il y avait des gens qui ont pu se réfugier au garage, on s'est dit qu'il pouvait pas nous appeler", a expliqué la nièce de la victime.

Puis la nouvelle atroce. "La police est venue chez mon père pour qu'on leur ouvre la maison d'Hervé. Ils ont pris des photos et des mégots de cigarettes dans le cendrier. Ensuite, ils nous ont annoncé qu'il était mort".

Ils échappent de peu à la prise d'otage

Le mari d'une employée du Super U de Trèbes explique être venu faire des courses ce terrible 23 mars 2018. Sa compagne ne travaillait pas ce jour-là. "Ma femme avait oublié les céréales, elle retourne les chercher. Je l'ai attendu. Sinon, j'aurais été mort. Elle est revenue, m'a dit qu'il fallait partir. Je voulais pas lâcher le caddie. J'ai vu des gens courir sans canne ce jour-là".

L'homme explique qu'il s'est rendu dans le garage situé juste à côté du Super U pour leur demander de couper le grillage, ce qui aurait pu aider d'autres gens à sortir. Mais très vite, "un policier de la BRI m'a attrapé pour me dire que tout le monde devait aller dans le garage pour se mettre à l'abri".

Ce grillage, en réalité un portail, une caissière du Super U s'est vue mourir devant. Ce jour-là, elle avait posé sa matinée pour un rendez-vous médical et elle terminait de faire ses courses avec son compagnon lorsque le terroriste est arrivé. "Je regarde sur la ligne de caisse, je vois rien, puis une collègue accroupie sous la caisse. Je vois le terroriste qui s'avançait vers l'accueil. Je retourne vers mon compagnon "cours, cours !", on part vers les réserves. On a voulu partir vers le portail qui était fermé". Quelqu'un a trouvé les clés, et le groupe a pu s'enfuir du supermarché.  

La parole a aussi été donnée à Céline, une salariée du Super U, qui a pris une petite fille qui se trouvait seule dans son chariot et qui a aidé une vieille dame marchant à l'aide d'une canne à fuir vers le portail. Cette journée a aussi été effroyable pour l'enfant de l'employée. "À l'école de mon fils, ils ont confiné les enfants sous les tables. Et ils ont pas été très malins, parce qu'ils ont dit, y a un employé du Super U qui est mort. Mon fils a dit, mais ma maman, elle travaille à Super U. On lui dit chut, tu restes sous la table".

Le compagnon de Céline, Romain, est reparti dans le magasin pour trouver les clés du portail. "J'avais peur de trouver un autre terroriste en arrivant. J'étais effrayé, mais il fallait faire sortir tout le monde".

La mère d'Arnaud Beltrame s'exprime à la barre

"Ce n'est pas que le héros de la France, c'est mon fils", a témoigné à la barre la mère du colonel Arnaud Beltrame. Ses frères ont aussi salué son courage : "J'ai la chance d'avoir été le petit frère. Je l'ai toujours vu comme le soldat, le guerrier. Toutes les questions que je me suis posées, j'ai eu la réponse. Je sais qu'il n'est pas mort en victime, mais en combattant".

Juste avant que l'audience soit suspendue, le président de la cour spéciale de Paris a lu la déposition de Marielle, la compagne d'Arnaud Beltrame. "Il était très heureux d'être militaire. Nous avions pour projet après notre mariage de fonder une famille".

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