Plusieurs liquidations judiciaires en 2023 : la fin du "quoi qu’il en coûte" frappe aussi l’Aveyron

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  • Laurent Cantos, président du tribunal de commerce, hier lors de l’audience solennelle.
    Laurent Cantos, président du tribunal de commerce, hier lors de l’audience solennelle. José Antonio Torres
  • Nicolas Rigot-Muller,  procureur de l’Aveyron.
    Nicolas Rigot-Muller, procureur de l’Aveyron.
  • La fin du "quoi qu’il en coûte" frappe aussi l’Aveyron
    La fin du "quoi qu’il en coûte" frappe aussi l’Aveyron
Publié le
Mathieu Roualdès

Lundi, lors de son audience solennelle de rentrée, le tribunal de commerce a fait état d’un chiffre plus que grandissant des liquidations judiciaires l’an passé. Le prêt-à-porter, le bâtiment et la restauration sont particulièrement touchés.

Cela était attendu. La fin du "quoi qu’il en coûte" et des divers coups de pouce du gouvernement aux entreprises, comme le fameux PGE, pour faire face à la crise sanitaire se paye aujourd’hui. Et "on n’y échappe pas en Aveyron", a fait savoir Laurent Cantos, président du tribunal de commerce lors de la traditionnelle audience solennelle, hier… Un chiffre est particulièrement venu illustrer son propos : en 2023, 121 liquidations judiciaires ont été prononcées. Elles étaient au nombre de 66 en 2022 et 45 en 2021.

Le commerce en ligne, "effet dévastateur" ?

Trois secteurs d’activité ont particulièrement été touchés. En premier lieu, les petits commerces de centre-ville à Rodez, Millau, Decazeville et autres. Mais aussi ceux situés dans des zones bien plus reculées. Avec un point commun, qui ne date pas d’aujourd’hui : l’essor toujours plus fort du commerce en ligne. "Cela a un effet dévastateur", n’a pas caché Laurent Cantos, citant notamment les commerces de prêt-à-porter ou encore de chaussures. "Plusieurs d’entre eux nous ont même fait remonter que de plus en plus, des visiteurs venaient regarder, voire essayer un modèle en boutique avant de repartir pour le commander en ligne, souvent moins cher !"

Les micro-entrepreneurs du BTP en souffrance

Sans surprise aussi, tant la profession a alerté, le secteur de l’hôtellerie et la restauration s’affiche comme l’un des plus touchés par l’après-Covid. Et particulièrement dans les campagnes. "Ce qui est regrettable pour ces dossiers, ce sont les difficultés de recrutement", a souligné Laurent Cantos. Avant de citer le troisième corps de métier le plus touché : le BTP. Dans le secteur, les liquidations concernent avant tout les microentreprises. "Il n’a jamais été aussi facile de nos jours de créer une entreprise en quelques clics. Cela permet à beaucoup de tenter l’aventure et on s’en félicite. Mais il ne suffit malheureusement pas à un nouvel entrepreneur de connaître les bases techniques de son métier, il doit aussi acquérir des compétences en gestion, en commerce et surtout savoir s’entourer en cas de difficultés. Le courage ne suffit pas toujours et certains l’apprennent à leurs dépens", a expliqué le président du tribunal, tout en indiquant que plusieurs inquiétudes pesaient désormais sur les domaines de l’immobilier, de la construction dans le neuf ou encore et toujours du petit commerce.

Aux côtés du procureur de la République, Nicolas Rigot-Muller, les juges du tribunal de commerce ont rappelé hier ô combien il était important pour les entrepreneurs en difficulté de "ne pas rester seuls". Plusieurs outils d’aides et de prévention existent aujourd’hui. Une cellule à la Chambre de commerces et d’industrie (CCI) existe, un rendez-vous confidentiel est également possible directement avec le président du tribunal de commerce. Et comme l’a répété ce dernier, hier : "Ce n’est pas parce que vous entrez dans un palais de justice que vous êtes condamné à mort. N’attendez pas la dernière minute !"

30 611 entreprises immatriculées au registre du commerce et des sociétés dans le département. Un chiffre en augmentation par rapport à l’an passé et à 2021 où elles étaient 28 878. Cette hausse s’explique par l’arrivée de nombreux autoentrepreneurs : +15 % entre 2022 et 2023.

869 radiations l’an passé, c’est moins que l’an passé où beaucoup de sociétés, sans activités et dont les dirigeants ne se manifestaient plus, furent radiées afin d’éviter d’éventuelles usurpations d’identités et surtout de fraudes…

2 Comme le nombre d’affaires qui ont fait l’objet d’un appel en 2023, sur plus d’une centaine. Preuve que "la justice rendue par le tribunal de commerce en matière de contentieux ne fontionne pas si mal", selon Laurent Cantos.

230 emplois sont aujourd’hui concernés par des procédures ouvertes (redressement, sauvegarde…)

En chiffres

C’est une vérité qui ne se dément pas : l’Aveyron est l’un des meilleurs élèves en matière de délinquance. On le dit même "épargné". Et le temps du Rouergue mal considéré, cette terre "où l’on égorge les gens comme des cochons" disait-on aux siècles derniers, est bel et bien révolu… En 2023 encore, le département s’affiche dans de nombreux domaines comme le plus sûr de tout le territoire métropolitain, c’est dire !

Néanmoins, lors de l’audience solennelle de rentrée hier, le procureur Nicolas Rigot-Muller a rappelé la nécessité d’une "réponse rapide et ferme" pour toutes les infractions et délits, certains étant en augmentation. Les atteintes aux biens, par exemple, ont progressé de 4,9 % en zone police et de 10,4 % en zone gendarmerie. Pour les atteintes aux personnes, la progression dépasse aussi les 5 %.

Accent sur les délits routiers

Hier, l’accent fut également mis sur les délits routiers. Si le nombre de morts sur nos routes a baissé par rapport à 2022, le procureur et ses équipes ont noté une recrudescence de contrôles positifs à l’alcool… "En 2023, le nombre de saisines du tribunal correctionnel a augmenté par rapport à 2022 en passant de 1837 à 2508 faits. Cela est en lien avec mon choix de ne pas faire d’alternatives aux poursuites pour ces délits", a souligné Nicolas Rigot-Muller. Qui a rappelé également, devant le député Stéphane Mazars, en fin de son intervention qu’il n’était "pas favorable à la régulation carcérale, qui revient à rendre des peines de prison au fil de l’eau seulement quand il y a de la place disponible […] on dit que la prison est l’école de la récidive, moi je dis que la récidive est l’école de la prison".

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