Corps démembré dans le Sud-Aveyron : "Des faits sordides pour un mobile crapuleux", le scénario de l'horreur se précise

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    L'horreur à Brasc, il y a un bientôt un an. Centre Presse Aveyron - José A. Torres
Publié le , mis à jour
François Barrère (Midi Libre)

Trois suspects sont en détention depuis février 2023 pour une séquestration qui a causé la mort d'un sexagénaire de Brasc, près de Coupiac, dans l'Aveyron. Son cadavre a ensuite été démembré et ses restes calcinés dispersés sur un terrain.

"Ce qui est arrivé est horrible". Près d'un an après son arrestation, pour avoir tué et dépecé le corps de Georges Meichler, surnommé Diégo, à Brasc, près de Coupiac, dans le Sud Aveyron, Philippe Schneider,  68 ans, a fait part de ses regrets, ce 26 janvier devant le juge de la liberté et de la détention (JLD) de Montpellier, qui doit prolonger son mandat de dépôt criminel.

Des ossements dispersés dans un jardin

Traits fin, cheveux blancs, cet homme de taille moyenne, originaire d'Alès s'est exprimé avec gravité lors de cette brève audience de procédure, où le ministère public a demandé un prolongement de six mois de son incarcération. "Ce sont des faits criminels sordides, pour un mobile crapuleux. Les versions divergent encore sur comment on en est arrivé à ce décès, avec un corps qui a été découpé, dépecé, brûlé, avec les restes des ossements qui ont été dispersés dans un jardin. Ce sont des faits... je ne trouve pas les mots", avoue la représentante du parquet.

"Ignobles !", avance Philippe Schneider depuis le box.

Diego vivait seul dans une petite maison

Le 5 février 2023, la famille de Georges Meichler signale à la gendarmerie qu'elle n'a plus de nouvelles de ce sexagénaire qui vivait seul dans une petite maison sans eau ni électricité, qu'il rénovait, dans un bois de Brasc. Une semaine plus tard, Philippe Schneider, sa compagne Nathalie, et un troisième homme, un fossoyeur d'une trentaine d'années, finissent par passer aux aveux, et racontent l'impensable.

Selon les éléments actuels du dossier, les deux hommes se seraient rendus au domicile de celui qu'ils pensaient être un revendeur de drogues, dans le but de lui dérober son herbe de cannabis. Ils le ligotent, le bâillonnent, et fouillent la maison, et se rendent compte quelques minutes plus tard que la victime est morte, étouffée par son baillon.

Une expérience d'ancien boucher et de cuisinier

Le lendemain, Philippe Schneider serait revenu sur place et aurait découpé le cadavre, fort de son expérience d'ancien boucher et de cuisinier. Et pour en disperser au plus vite les restes, il aurait avec ses comparses fait bouillir, sur un terrain, les morceaux de corps préalablement marinés avec de l'eau de javel, dans des marmites où il avait aussi ajouté des légumes et des herbes, "pour masquer l'odeur", ainsi qu'il l'a raconté aux gendarmes, puis au juge. Les derniers restes calcinés ont ensuite été disséminés dans la terre, avec en arrière-plan selon lui une démarche bouddhiste, la religion dont il se réclame, pour permettre une éventuelle réincarnation de leur victime.

"Qu’est-ce qui nous a pris? Qu'est-ce que j’ai fait ? Comment les enchaînements vous entraînent sur un chemin qui n’est pas du tout celui qu’on a voulu ?" s'interroge Philippe Schneider. "C'est un drame qui engendre plusieurs drames. Cela laisse les amis et la famille de Diego dans le malheur, ça laisse les miens dans la peine et le trouble, et par mon inconséquence j’ai entraîné deux autres personnes dans cette folie. Mais comment expliquer un état ou on n'avait quasiment plus de libre arbitre, où la folie a entraîné ce qui s'est fait ?"

Des déclarations mensongères et évolutives

La juge d'instruction a encore du travail, pour confronter les versions des trois mis en examen et tirer au clair la façon dont tout cela s'est déroulé. "Je rappelle que nous n'avons aucun corps, et qu'on est complètement dépendants des déclarations des mis en examens", insiste la procureure. "Or on a eu des déclarations mensongères, évolutives, contradictoires, floues, avec une volonté de se protéger ou d'incriminer les autres. Il est l'organisateur, celui qui a eu l'idée de la séquestration et du vol, et ensuite de masquer le crime, en faisant semblant avec sa compagne et son ami de faire vivre la victime. Toute cette organisation avait pour but d'échapper à la justice."

"Retrouver son humanité"

"C'est un homme qui se bat pour retrouver son humanité", rétorque son avocat, Me Luc Abratkiewicz. "Il a donné tous les détails possibles, il a été précis, et le jour du procès, il faudra qu'il raconte l'horreur de ce qui s'est passé. Ce n'est qu'à ce prix qu'il retrouvera son humanité."

Et l'avocat souligne ce qui est selon lui le paradoxe de ce dossier. "L'horreur est parfois au rendez-vous de personnes qui sont totalement dans la normalité. C'est un homme cultivé, avec énormément de valeurs, et qui se retrouve au ban de la société. C'est le vertige d'une vie, d'une chute."

La décision du JLD est attendue le 5 février, comme pour les deux autres codétenus. Sans suspense.

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