Prix multiplié par 3 ou 4 en 20 ans, coût, entretien, assurances : comment un tracteur peut affaiblir les finances de l'agriculteur
Fabien Liquière, 39 ans, est installé depuis six ans en tant qu’éleveur de brebis laitières à Belmont-sur-Rance dans le Sud Aveyron, en association avec sa femme. Face aux réflexions entendues sur le coût des tracteurs, il a tenu à fournir chiffres. Et explications.
Fabien Liquière, 39 ans, est installé depuis six ans, hors cadre familial, en tant qu’éleveur de brebis laitières à Belmont-sur-Rance. Il est associé avec sa femme. Le couple a deux enfants. Il aimerait que son métier soit un peu plus valorisé.
Aussi cher qu'une petite maison
Face aux réflexions entendues sur le coût des tracteurs, il a tenu à fournir des chiffres et des explications. Un "inventaire" financier du tracteur d'une précision imparable.
"Un tracteur comme le mien, de 155 chevaux, il y a quatre ans, je l’ai payé 120 000 €. Je fais 800 heures de tracteur par an avec un tracteur. J’ai en deux. Je fais donc 1 600 heures par an."
Une boîte de vitesses, c’est 35 000 € et un moteur 30 000 €. À cela, il faut ajouter environ 7 000 € de vidanges et de filtres, mais aussi les assurances, environ 8 000 €.
"Sans compter l'inflation"
"La consommation de gas-oil, si l’on consomme 15 litres à l’heure, ce qui est peu, sur 800 heures par an, cela fait 12 000 € par an et sur dix ans cela fait 120 000 €," précise Fabien Liquière. "Le coût d’un tracteur sur dix ans, c’est à peu près 287 000 €. Là-dedans, je ne compte pas l’inflation. Un tracteur comme le mien, en quatre ans il a pris + 30 % sur le prix d’achat. Et tout ce qui est entretien, pneus et tout le reste c’est pareil. Cela a pris à peu près 30 %."
Le prix du tracteur multiplié par 3 ou 4, et celui du lait ?
"Et dans les années 2000, un tracteur çà coûtait entre 30 000 € et 40 000 €. Et aujourd’hui, les prix du lait et tout cela, cela n’a pas évolué comme le prix des matériels. C’est pour que les gens se rendent compte. Oui, on a des tracteurs qui coûtent cher, mais ce sont des outils de travail. Quand ils commencent à avoir des heures, les réparations nous coûtent extrêmement cher. C’est pour cela qu’on les renouvelle, comme le font aujourd’hui les routiers avec les camions. On ne voit plus des camions des années 1990 parce que cela coûte trop cher d’entretien."
Dans les Cuma, les "groupes tracteur"
Tous les agriculteurs n'ont pas les reins assez solides financièrement pour acquérir un tracteur, ni l'accès aux crédits nécessaires. Ils peuvent alors se tourner vers les Cuma, sortes de coopératives agricoles permettant aux agriculteurs de mettre en commun leurs ressources afin d'acquérir du matériel agricole.
Ces dernières années, les achats de tracteurs par ces Cuma ont augmenté, des engins qui peuvent être mis en commun au sein de "groupes tracteur". Des groupes parfois difficiles à pérenniser au niveau de l'utilisation du matériel, mais essentiels pour certains. En moyenne, selon la Cuma, un "groupe tracteur" est composé de 5 agriculteurs qui se partagent l'engin en s'entendant sur le meilleur planning qui soit. Ce fonctionnement en commun "permet de diminuer les pannes, accéder à la garantie et donc diminuer les frais d’entretien".
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