Et si, comme nous, les animaux de compagnie vivaient plus longtemps ?

  • Si ralentir le vieillissement des animaux de compagnie devient possible, on est en droit de se demander quel maître y résistera.
    Si ralentir le vieillissement des animaux de compagnie devient possible, on est en droit de se demander quel maître y résistera. Jeremy Tremblay / Unsplash
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Des entreprises investissent des millions pour lutter contre le vieillissement et la mortalité. Mais ce phénomène ne concerne pas seulement les humains. Un écosystème de start-ups est en plein développement pour allonger la durée de vie de nos animaux de compagnie, ce qui soulève d’importantes questions éthiques.


Car, comme nous, les animaux domestiques ne sont pas éternels. Les chiens vivent, en moyenne, entre 10 et 13 ans, bien que l’on constate de grandes variations en fonction de la race. Leurs meilleurs ennemis, les chats, ont eux une espérance de vie comprise entre 12 et 15 ans. Les causes de décès varient d’un animal à l’autre, même si la mort par vieillesse n’est pas forcément la règle. Les chiens sont susceptibles de souffrir de maladies neuro-dégénératives et de cancers quand ils atteignent un âge avancé, ce qui a une incidence sur leur espérance de vie.

Des sociétés de biotechnologie, à l’image de Loyal, essaient de remédier à ce problème en aidant les animaux domestiques à mieux vieillir. Loyal travaille actuellement au développement de trois médicaments - LOY-001, LOY-002 et LOY-003 - qui prolongeraient l’espérance de vie des chiens. Le premier s’adresserait tout particulièrement aux grands chiens comme les Dogues allemands ou les Labrador, tandis que le deuxième serait destiné aux toutous âgés de presque toutes les tailles et races. LOY-003 serait, lui, plus adapté aux canidés les plus imposants comme les Mastiff et les Terre-Neuve. Autre différence : LOY-001 sera administré par injection, contrairement à LOY-002 et LOY-003 qui prendront la forme d’un comprimé. Une année de vie supplémentaire

Si Loyal entretient le mystère quant à la composition exacte de ses prototypes de médicaments, le New York Times affirme que LOY-001 agirait sur l’IGF-1. Cette appellation renvoie à une hormone apparentée à l’insuline, qui joue un rôle très important dans la croissance musculaire et osseuse. Chez certains animaux, dont les souris, l’IGF-1 est également liée au vieillissement. Cependant, ce processus serait réversible. En 2022, Martin Holzenberger et son équipe ont réussi à accroître considérablement la durée de vie de souris transgéniques en les privant du gène qui assure la synthèse du récepteur de l’IGF-1. Les chercheurs de Loyal se demandent s’il ne serait pas possible de rallonger l’espérance de vie d’autres espèces animales, et plus particulièrement des chiens, en influant sur le taux d'IGF-1 que produit leur organisme.

Dans cette optique, Loyal mène actuellement plusieurs essais cliniques sur des chiens de différents âges et races. Les recherches de la start-up semblent si prometteuses qu’elles ont suscité l’intérêt de l’Agence américaine des médicaments (FDA). Cette dernière a estimé, en novembre 2023, que les données qui lui ont été communiquées par Loyal suffisent à démontrer qu'il existe une "attente raisonnable d'efficacité", d’après le site d’informations Freethink.

La start-up espère obtenir, dans les prochaines années, une autorisation de mise sur le marché, afin de pouvoir commercialiser ses médicaments dès 2025 pour LOY-002, et 2026 pour LOY-001 et LOY-003. Avec la promesse qu’ils permettront "un allongement d'au moins un an de la durée de vie [des chiens qui les prennent], sans détérioration de leur état de santé", comme l’a déclaré Céline Halioua, fondatrice et PDG de Loyal, au New York Times. Des question éthiques

Mais Loyal n’est pas la seule start-up sur ce marché de niche de la "pet economy". D’autres entreprises essaient, comme elle, de prolonger l’espérance de vie de nos animaux domestiques en les aidant à ne pas développer certaines maladies débilitantes, comme l’insuffisance rénale chronique chez les chats et la dermatite atopique chez les chiens. Gallant Therapeutic travaille à l’élaboration de plusieurs traitements, encore expérimentaux, à base de cellules souches pour améliorer la santé des toutous et des matous. Cette start-up a récemment réussi à lever la coquette somme de 15 millions de dollars, ce qui prouve l’attrait que suscitent ses recherches.

Si ralentir le vieillissement des animaux de compagnie devient possible, on est en droit de se demander quel maître y résistera. Mais surtout, dans quel but ? Est-ce vraiment dans le meilleur intérêt de son petit compagnon ou plutôt pour retarder l’échéance d’un deuil douloureux ? La question se pose, tout comme celle du consentement de l’animal. En effet, rien n’indique que ce dernier souhaite voir sa vie prolongée, ni même qu’il aspire potentiellement à tromper la mort. Sur ce point, les entreprises de biotechnologie comme Loyal et Gallant Therapeutic sont claires. Elles affirment qu’aucun des traitements qu’elles développent ne permettra aux animaux domestiques d’accéder à l’immortalité.

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