Les jours se réchauffent plus vite que les nuits : pourquoi les scientifiques ont été surpris et quels sont les risques pour l'environnement ?

  • L'amplitude thermique entre le jour et la nuit augmente.
    L'amplitude thermique entre le jour et la nuit augmente. Photomontage LR
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Une nouvelle étude, publiée par une équipe internationale de chercheurs de l'Université de technologie Chalmers (Suède), a découvert que la différence de températures entre le jour et la nuit augmente depuis une trentaine d'années, ce qui aura des conséquences sur l'environnement, mais aussi sur l'agriculture et sur l'humain. On détaille.

Une étude, publiée dans Nature Communications et menée par une équipe internationale de chercheurs basée en Suède, a fait toute la lumière sur ce phénomène appelé "réchauffement asymétrique". Car si le réchauffement climatique est une réalité, il n'est pas uniforme entre le jour et la nuit.

Un système qui s'est inversé depuis 30 ans

En effet, entre les années 1961 et 1991, 80% de la surface de la Terre connaissait un réchauffement nocturne plus important que le jour, relève notre-planète.info. Et l'on pensait que dans le cadre d'un réchauffement global, les températures du jour et de la nuit allaient être sensiblement les mêmes, avec une amplitude moidre qu'auparavant. L'étude menée par ces chercheurs avait "pour objectif de confirmer le phénomène précédemment observé selon lequel le réchauffement nocturne dépassait le réchauffement diurne, a déclaré un de ces chercheurs, Ziqian Zhong. À notre grande surprise (...) nos analyses, basées sur des ensembles de données d'observation de pointe, indiquent une inversion complète de ce modèle de réchauffement initial au cours des trois dernières décennies".

En clair, alors qu'auparavant les nuits se réchauffaient plus vite que les jours, depuis 30 ans, ce sont les jours qui se réchauffent plus vite que les nuits, dont les températures restent relativement constantes, et ce sur 70% des surfaces terrestres.

Une amplitude thermique qui augmente entre le jour et la nuit

Qu'y a-t-il d'important dans cette nouvelle ? C'est que l'amplitude thermique entre le jour et la nuit augmente globalement sur Terre. Pour exemple, alors que le nord de la France était sous les nuages entre fin janvier et début février, au sud du Massif Central et sur une partie du Sud-Ouest, les températures dirunes équivalaient à celle d'un printemps voire d'un été en atteignant souvent les 20°C, alors que les nuits restaient encore hivernales, avec des gelées. Avec une amplitude thermique atteignant voire dépassant les 20°C.

L'une des raisons de ce "réchauffement asymétrique" s'aggravant entre le jour et la nuit est "l'éclaircissement global" : alors que c'était l'inverse dans les années 60 et 70, la couverture nuageuse a diminué depuis la fin des années 80 sur une bonne partie de la surface terrestre, alors qu'elle est utile pour conserver la chaleur emmagasinée dans les sols durant la journée. Cette couverture nuageuse amoindrie peut être causée notamment par la hausse des gaz à effet de serre, ou encore l'augmentation des épisodes de sécheresse et de vagues de chaleur qui réduisent l'évaporation nocturne.

Les risques pour l'environnement : une "saharisation" ?

Cette hausse de l'écart de température entre le jour et la nuit n'est pas sans conséquences sur l'environnement. Selon les auteurs de l'étude, elle agit sur la croissance des plantes, le rendement des cultures, mais aussi sur la santé physique et psychologique humaine, cette amplitude thermique entre le jour et la nuit pouvant entraîner du stress et accentuer les risques de maladies respiratoires et cardiovasculaires.

Enfin, l'un des endroits de la planète où la différence de températures entre le jour et la nuit est le Sahara : là, le thermomètre peut monter jusqu'à 50°C le jour et descendre à 11°C ou moins la nuit, voire avec des températures négatives l'hiver. Et donc une amplitude thermique jour-nuit souvent largement supérieure à 20°C toute l'année. Dans ce contexte, rares sont les plantes pouvant survivre dans de telles conditions.

Sans parler de ce que nous pourrions appeler une "saharisation" de l'environnement, cette augmentation de la différence de températures entre le jour et la nuit pourrait à terme devenir un réel problème. La prochaine étude des chercheurs portera d'ailleurs sur l'ampleur des changements climatiques et environnementaux que pourrait provoquer ce phénomène.

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