Aveyron : dans ce "dossier de l'horreur", le couple accusé de maltraitance animale absent de son procès mais déclaré coupable

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    Le tribunal de proximité de Millau a déclaré le couple coupable. Midi Libre - L. V.
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Laura Vaillant

Le tribunal de proximité de Millau a condamné, ce jeudi 15 février, les deux auteurs poursuivis dans l’affaire de la "maison de l’horreur"à Alrance, à diverses amendes pécuniaires.

"Ce dossier, c’est celui de la mise à mort programmée des animaux."  Voici les mots du vice-procureur de la République, Chérif Chabbi, ce jeudi 15 février, prononcés au tribunal correctionnel de Millau dans l’affaire de maltraitance animale qui a secoué Alrance, il y a un peu plus d’un an. Une phrase qui résonne dans la salle après le rappel des faits.

Les 13 et 14 janvier 2023, des équipes de gendarmerie ainsi que la SPA de Rodez étaient en effet dépêchés sur un domaine de la commune à la suite d’un signalement donné par le maire. Sur place, un scénario effroyable avec des animaux livrés à eux-mêmes dans une maison insalubre. "Il y avait un dogue allemand qui, au lieu de peser 90 kg, n’en faisait plus que 28 !", détaille, à la barre, Jean-Pierre Blanc, président de la Société protectrice des animaux de Rodez.

Des chiens attachés à des chaînes

L’homme a porté plainte et s’est constitué partie civile. Sur le banc des prévenus, les deux auteurs des faits poursuivis, brillent par leur absence à l’audience. Il y a un an, lorsque les animaux ont été sauvés et amenés au refuge afin d’être soignés, ils n’étaient pas non plus sur place. "Ils avaient déménagé en dehors du département, dans une commune du Lot", précise le président de la SPA.

Le couple comparaissait pour de multiples faits. La présidente du tribunal, Geneviève Brian-Barranguet, les a énumérés un à un. Le couple est poursuivi d’"abandon volontaire d’un animal domestique". Une dizaine de chiens et de chats avait été retrouvée. Certains canidés étaient attachés à des chaînes. Les animaux étaient affamés, amaigris, baignant dans de la boue et des excréments.

Un cadavre d’agneau retrouvé

Le couple était aussi jugé pour "détention de cadavre ou partie de cadavre d’animal". À proximité de la niche d’un chien, la dépouille d’un agneau a été retrouvée. Par ailleurs, plusieurs chiens et chats n’ont pas été identifiés. De même, une chèvre avec une patte cassée a été retrouvée. Lui, était aussi poursuivi "menace de crime ou délit contre des personnes ou des biens à l’encontre d’un chargé de mission de service public".

Quatre jours après la mise à jour de cette maison baptisée "de l’horreur", le mardi 17 janvier 2023, Jean-Pierre Blanc avait été menacé par le prévenu alors qu’il patientait, dans son véhicule, devant le commissariat de police. "Je vais te péter la gueule et te retrouver à la SPA."

"Les prévenus ont montré qu’ils n’avaient pas de cœur"

Lors de l’audience, les prévenus, absents, représentaient par leur conseil, assurent "ne pas avoir abandonné ces animaux". Bien que vivant dans le Lot, ils venaient "trois à quatre fois par semaine pour les nourrir". Ils garantissent que la maigreur des bêtes serait due à une "dépression" et que la chèvre "serait née avec une patte cassée". Si les chaînes qui retenaient prisonniers certains chiens ne faisaient pas plus de deux mètres, "c’était pour éviter qu’ils ne se battent entre eux".

Après le réquisitoire du vice-procureur, le tribunal a déclaré le couple coupable des faits reprochés. Lui a été condamné à dix mois de prison dont deux ans de sursis probatoire et elle, à six mois de prison dont deux ans de sursis probatoire. Concernant la partie civile, le prévenu, auteur de menaces, devra s’acquitter de la somme de 500 € auprès du président de la SPA, Jean-Pierre Blanc, au titre du préjudice moral. Idem pour la SPA.

Le tribunal condamne aussi le couple à payer 250 € de condamnation solidaire à la SPA. Et l’homme, à 250 € de dommages et intérêts à Jean-Pierre Blanc. Enfin, le couple est condamné à verser la somme de 6 170,25 € à la SPA de Rodez pour dommages matériels correspondant aux frais de vétérinaires. Par ailleurs, le couple a interdiction de posséder un animal pendant une durée de cinq ans.

"Comme le disait Lamartine : "On n’a pas deux cœurs, un pour les animaux et un pour les humains. On a un cœur ou on n’en a pas". Les deux prévenus ont montré qu’ils n’en avaient pas", concluait Cherif Chabbi dans son réquisitoire.

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