Football : débat de formateurs au Raf

"Ne pas brûler un joueur." Voilà une phrase que le milieu du football emploie régulièrement. Mais celle-ci peut parfois prendre divers sens. Éric Mazars est bien placé pour le savoir. Alors qu’il a annoncé quitter ses fonctions d’entraîneur des U19 du Rodez Aveyron football sitôt l’exercice 2012-2013 clôt, celui-ci dénonce les risques pris par le club via sa politique de formation.
"On brûle les étapes, nous a-t-il confié. Depuis que je suis revenu au club, il y a trois ans, c’est toujours pareil. On déshabille Pierre pour habiller Paul." Sous entendu, le club "sang et or" se "sert" des jeunes Ruthénois pour étoffer ses équipes seniors, DH et DHR.
"Et à la fin de la saison, les gamins sont abattus", ajoute-t-il. Avant de dresser un constat : "Mais depuis Rodelin (formé au Raf puis parti à Nantes en 2008, aujourd’hui à Lille, NDLR), combien a-t-on sorti de joueurs ? Personne hormis peut-être le petit Poaty (Morgan, international U16 formé à Rodez et désormais à Montpellier, NDLR)..."

La formation, « notre seul moyen de nous en sortir »

Une sortie que le président de l’association Jean-François Teffo, également ancien entraîneur des jeunes Nationaux du club dont le capitaine était un certain... Éric Mazars, tente de désamorcer.
"En début de saison, on avait fait de la Gambardella (coupe de France des jeunes, NDLR) une priorité car c’est une vitrine pour la formation. Dans cette optique, Éric a pu choisir tous les juniors qu’il voulait. Il a eu carte blanche. Et pendant ce temps, la DHR et la DH étaient déshabillées. Là, c’est l’inverse mais ça ne l’a pas empêché d’avoir d’excellents résultats", rappelle-t-il alors que le groupe emmené par le futur ex-technicien est aujourd'hui toujours en lice pour accéder au plus haut niveau national.
Et le patron des amateurs d’enchaîner : 'Les joueurs sont loin d’être cramés. On est attentif à cela. On estime seulement que, lorsqu'on joue dans un club comme le nôtre, à 19 ou 20 ans on peut assumer cette charge de travail. Et c’est aussi notre seul moyen de nous en sortir, de vivre. Par la formation."
Le débat est lancé. Mais au club, il semblerait selon M. Teffo que la thèse défendue par Éric Mazars demeure minoritaire.