Rodez : Serge Delbouis, rythme sa vie aux sons des pianos

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    Serge Delbouis, rythme sa vie aux sons des pianos José A. Torres
Publié le , mis à jour
Joël Born

Depuis près de trente ans, Serge Delbouis accorde et restaure des pianos. De toutes sortes et de toutes époques. Rencontre avec le facteur d’instrument ruthénois de la rue de l’Embergue. Un métier passionnant qui tend malheureusement à se perdre.

Comme tous les passionnés, Serge Delbouis est intarissable. Et captivant. Voilà plus de trente ans que l’artisan d’art de la rue de l’Embergue accompagne et rythme sa vie professionnelle aux sons des pianos. Alors qu’il partageait ses semaines entre la faculté du Mirail et le collège d’Espalion, où il était surveillant, le jeune étudiant en démographie a pris des cours de piano avec Geneviève Stahl. "Elle était très maternelle et m’a conseillé de m’orienter vers un métier musical. L’un de ses amis avait un magasin de pianos à Toulouse. C’est comme ça que j’ai fait la rencontre d’un accordeur et que tout a véritablement commencé", raconte-t-il.

Diplômé de l’Institut français de facture instrumentale, il a accompli sa formation à l’école d’accordeur et de facteur de piano d’Alès, qui avait été créée par d’anciens techniciens de la prestigieuse société Playel. Après s’être installé rue Sainte-Catherine, en 1987, il a rejoint son magasin et atelier actuel de la rue de l’Embergue, en 1994. Et si c’était à refaire, il le referait. Car "c’est un métier fantastique."

"L’objectif est de tout faire pour retrouver le son originel"

Accordeur officiel du conservatoire départemental, Serge Delbouis travaille pour de nombreux particuliers et autres écoles de musique. "Il faut, avant tout, avoir une oreille", résume-t-il. Il assure également la réparation de pianos. De toutes sortes et de toutes époques. Avec une préférence toutefois pour les modèles des années trente. "Le temps passe et les instruments vieillissent. Le métier s’est développé après l’âge d’or du piano, entre les deux guerres. Les pianos français occupaient alors le devant de la scène avec Playel, Gaveau ou une vieille marque comme Erard", explique l’artisan ruthénois. Avec la récente disparition de Playel, il n’existe malheureusement plus de fabricant de pianos français.

Aujourd’hui, le top de la facture de pianos est en Allemagne avec une marque comme Stenway. Alors que Yamaha a démocratisé le marché en proposant des "modèles corrects et solides à des prix accessibles." Généralement, le piano d’un musicien amateur a besoin d’un accordage régulier (chaque corde est soumise à une pression considérable de 80 kg !) et d’une révision générale tous les quinze ans. " L’objectif est de tout faire pour retrouver le son originel. L’instrument est complexe. Le moindre geste compte. Il faut beaucoup de patience, de minutie et ne pas compter les heures. » Le «piano ancien n’est plus à la mode."

Serge Delbouis, rythme sa vie aux sons des pianos
Serge Delbouis, rythme sa vie aux sons des pianos José A. Torres

Trois mois de restauration

En moyenne, trois bons mois sont nécessaires pour restaurer un piano. L’ensemble harmonique, la table d’harmonie (presque toujours en épicéa), la mécanique avec ses marteaux en laine de mouton et cuir de buffle, les touches d’ivoire (désormais fabriquées en plastique)... Chaque partie du piano mérite une longue et précise attention. Sans oublier les différents vernis, appliqués au tampon ou liquides, qui permettent d’insuffler une seconde jeunesse aux boiseries. "Quand on arrive à redonner vie à un instrument qu’on a récupéré dans un état épouvantable, c’est un bonheur, confie Serge Delbouis. Il nous arrive aussi de tomber sur des pièces vraiment originales. Je ne pourrais vraiment pas me passer de ce que je fais. Même si ça ne fait pas toujours manger, ça fait rêver."

Le métier de facteur de piano tend malheureusement à se perdre. "Le piano ancien n’est plus à la mode. La plupart des gens ne veulent plus que des pianos noirs", regrette le facteur de piano ruthénois. Dans sa boutique de la rue de l’Embergue, il propose également des instruments en location ou à la vente. Un peu de neuf allemand et de l’occasion restaurée. Des pianos droits (à partir de 4 500 €) ou à queue, comme ce superbe Playel des années vingt (à moins de 9 000 €), qu’il présentera, à la salle des fêtes de Rodez, dans le cadre de la Biennale des métiers d’arts. Un bel exemple de ce précieux savoir-faire artisanal.

Serge Delbouis Pianos, 34 rue de l’Embergue, 12000 Rodez
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