Luxembourg: référendum sans précédent sur le droit de vote aux étrangers

  • Texte informant sur le référendum au Luxembourg apposé dans la ville de Luxembourg, le 7 juin 2015
    Texte informant sur le référendum au Luxembourg apposé dans la ville de Luxembourg, le 7 juin 2015 BELGA/AFP - ANTHONY DEHEZ
  • Le Premier ministre luxemourgeois Xavier Bettel (D) lors de son mariage avec son compagnon  Gauthier Destenay le 15 mai 2015 à Luxembourg
    Le Premier ministre luxemourgeois Xavier Bettel (D) lors de son mariage avec son compagnon Gauthier Destenay le 15 mai 2015 à Luxembourg AFP - JOHN THYS
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Centre Presse Aveyron

Les électeurs luxembourgeois participaient dimanche à un référendum sans précédent, pour décidLer s'ils octroient aux étrangers, qui représentent 46% de la population, le droit de vote aux législatives.

Le Premier ministre Xavier Bettel, un libéral de 42 ans élu fin 2013, a fait campagne pour la "modernisation" du Grand-Duché jusqu'à samedi, tentant de convaincre des électeurs hésitants dans des rues animées de la capitale où se tenait une braderie.

Un vote positif serait "un oui à plus de démocratie, un oui pour la jeunesse, un oui pour la diversité", a-t-il lancé à l'AFP.

Difficile de dire si les 244.382 électeurs du Luxembourg, sur une population totale de 565.000 habitants, vont le suivre en ouvrant le droit de vote aux étrangers résidant depuis plus de dix ans dans le pays.

Prudent, le gouvernement tablerait sur un "oui" à 40% voire 45%. S'il dépasse les 50%, le Luxembourg deviendra le premier pays de l'Union européenne à octroyer le droit de vote aux étrangers.

Le résultat est attendu en début de soirée.

Sortant du bureau de vote de Gasperich, quartier populaire de la capitale, Nicole, 55 ans, une employée communale mariée à un Français, a voté "non", estimant qu'il faut régler le problème en accordant la nationalité à plus d'étrangers. "Je crois que les gens doivent se faire Luxembourgeois", a-t-elle expliqué.

Claude, fonctionnaire communal et père de quatre enfants, estime au contraire qu'"il faut élargir la base électorale et mettre fin à l’apartheid politique des étrangers". "Aux prochaines élections, (seulement) quatre personnes sur dix vont pouvoir dire si elles sont satisfaites de ma politique ou non! Aucun autre pays au monde, sinon Dubaï, n'arrive à notre niveau de déficit démocratique", avait plaidé M. Bettel dans la presse.

"Le fait de dire non n'est pas une preuve de racisme", a précisé le Premier ministre samedi, soucieux de ne pas stigmatiser les opposants.

- 35.000 étrangers concernés -

"Ce qui est important est que l'on continue l'intégration dans ce pays et que l’on continue à vivre ensemble, à se respecter", a insisté M. Bettel qui a épousé à la mi-mai son compagnon, devenant le premier chef de gouvernement de l'UE à être uni par les liens d'un mariage homosexuel.

Ce nouveau droit de vote serait accordé à quelque 35.000 personnes en grande majorité originaires d'Europe, à commencer par les Portugais qui représentent 16,4% de la population.

Viennent ensuite les Français (7%), Italiens (3,5%), Belges (3,3%) et Allemands (2,3%). Les étrangers non Européens représentent 7% de la population. Parmi eux, les Capverdiens, les Nord-Américains et les Chinois sont les plus nombreux.

Le sujet divise profondément la population luxembourgeoise qui craint la dilution de son influence dans la société alors que les étrangers sont déjà indispensables à l'économie très ouverte de ce pays enclavé entre la France, la Belgique et l'Allemagne.

En raison de leur moyenne d’âge, moins élevée que celle de l'électorat luxembourgeois, et de leur profil socio-professionnel --une majorité travaille dans le secteur privé tandis que de nombreux électeurs luxembourgeois viennent de la fonction publique--, ils pourraient profondément modifier le paysage politique.

Le "oui" est défendu par la coalition au pouvoir alliant libéraux, écologistes et socialistes, ainsi que par les principaux acteurs de l'économie et de la société civile. Rejeté dans l'opposition, le parti social-chrétien CSV de l'ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker a fait campagne pour le "non", mais sa branche jeunes y est favorable.

Le référendum pose deux autres questions, sur l'abaissement de l'âge du droit de vote à 16 ans et sur la limitation des mandats de ministres à dix ans consécutifs. Cette dernière mesure s'appliquera à son gouvernement élu fin 2013, a promis M. Bettel.

Les électeurs peuvent répondre dans l'une des trois langues officielles, en luxembourgeois, français ou allemand.

Le vote est obligatoire au Luxembourg. Les ressortissants européens participent déjà aux scrutins locaux et européens.

Source : AFP

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