Apprentissage : «Nous sommes dans un secteur qui sait évoluer»

Alain Griset, le président de l’assemblée permanente des Chambres de métiers, était au campus d’Onet pour l’assemblée générale de la CMA de l’Aveyron et la remise de la médaille de chevalier l’Ordre de la Légion d’honneur à sa présidente Christine Sahuet.

Dans quel état d’esprit poursuivez-vous votre mandat de président national ? 

Je suis ici pour entre autres évoquer les annonces importantes faites par le Gouvernement et faire en sorte que nos élus prennent bien en compte ses ressources, je pense à l’embauche d’un apprenti mineur sans support de charges. Ce sont des mesures qui vont dans le bon sens. Donc, ça va.

Cela conforte également la valeur des filières.

Elles sont confirmées depuis quelques années déjà. L’importance de la formation est reconnue. Elle est cohérente avec, dans plus de 80% des cas, un réel emploi à la clé pour l’apprenti. Si bien que l’on est aujourd’hui face à une bizarrerie avec d’un côté un chômage qui croît et de l’autre des entreprises qui ne trouvent pas à embaucher.

Les jeunes sont pourtant, semble-t-il, de plus en plus attirés ?

Un cap a, en tout cas, été franchi. Sans doute aussi avec l’appui d’émissions médiatiques. Les jeunes et les familles prennent de plus en plus conscience qu’ils peuvent se construire avec l’artisanat.

Mais les difficultés économiques demeurent.

Et nous ne les ignorons pas. La situation économique est compliquée. Nous réorientons notre action en conséquence. Pour cela, les chambres de métiers ont la chance de pouvoir s’appuyer sur un réseau cohérent. Je suis conscient des difficultés mais optimiste pour l’avenir. Puis, nous sommes dans un secteur qui sait évoluer et s’adapter. La preuve, les chambres de métiers ont 90 ans, avec plus d’un million d’entreprises sur le territoire.

Quel est l’état d’esprit des artisans que vous rencontrez ?

L’inquiétude est là. Je visite environ une trentaine de départements par an et je le vois bien. Pour autant, je ne parle plus de crise. Nous sommes là face à un changement de société. L’économie numérique et l’économie collaborative bouleversent les schémas. Puis, en matière fiscale et sociale, le pays est en retard, c’est évident. Des questions de fonds se posent aujourd’hui. C’est aussi la raison pour laquelle beaucoup d’artisans s’interrogent. Cependant, l’apprentissage devient prioritaire. Il reste du travail à faire, mais d’ici six mois à un an, plusieurs signaux économiques annoncent une embellie.

Vous venez également remettre une distinction à Christine Sahuet.

C’est un honneur et un plaisir, au regard notamment du travail réalisé et du comportement de son établissement. Peu de femmes sont à la présidence dans notre réseau, mais cela s’améliore, et c’est bien, car on voit bien qu’elles apportent une autre sensibilité dans le domaine de l’entreprise. Le fait que la République la reconnaisse dans son action, je trouve cela juste et bien.