Danemark: le score record du parti anti-immigration aux législatives porte la droite au pouvoir

  • Kristian Thulesen Dahl, le leader du Parti populaire danois (ani-immigration), après sa victoire le 18 juin 2015 aux élections législatives au Danemark
    Kristian Thulesen Dahl, le leader du Parti populaire danois (ani-immigration), après sa victoire le 18 juin 2015 aux élections législatives au Danemark SCANPIX DENMARK/AFP - LINDA KASTRUP
  • Graphique sur la composition du nouveau parlement danois issus des élections législatives du 18 juin et de la chambre sortante
    Graphique sur la composition du nouveau parlement danois issus des élections législatives du 18 juin et de la chambre sortante AFP - L.Saubadu/V.Lefai, L.Saubadu/V.Lefai
  • Le Premier ministre du Danemark Helle Thorning-Schmidt et le leader de l'opposition, Lars Lokke Rasmussen avant un débat télévisé à la veille des législatives, le 17 juin 2015
    Le Premier ministre du Danemark Helle Thorning-Schmidt et le leader de l'opposition, Lars Lokke Rasmussen avant un débat télévisé à la veille des législatives, le 17 juin 2015 SCANPIX DENMARK/AFP - LISELOTTE SABROE
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Centre Presse Aveyron

Le Parti populaire danois (anti-immigration) a réalisé jeudi un bon score aux élections législatives, et son soutien aux autres formations de droite, avec lesquelles il est dans l'opposition, devrait leur permettre de revenir aux affaires au Danemark, d'après les résultats officiels.

Avec 21,1% des suffrages, cette formation, désormais premier parti de droite au Danemark, a même dépassé le parti Venstre (19,5%), qui en tant que traditionnel leader du bloc de droite, devrait prendre la tête du gouvernement.

A l'issue du dépouillement, le bloc de droite (Venstre, Parti populaire danois -DF-, Alliance libérale et conservateurs) obtenait 90 sièges contre 85 au bloc de gauche, actuellement au pouvoir. Le DF remportait 37 sièges, soit trois de plus que Venstre et 15 de plus qu'il y a quatre ans.

La Première ministre danoise, la sociale-démocrate Helle Thorning-Schmidt, a reconnu sa défaite.

Visiblement très émue, celle qui fut la première femme à être chef de gouvernement au Danemark a annoncé qu'elle quittait la présidence des sociaux-démocrates, qui, avec 26,3% des suffrages ont réalisé une bonne élection.

"Venstre a perdu des soutiens. Nous n'avons pas fait une très bonne élection", a dit son président Lars Lokke Rasmussen.

"Mais la majorité (...) pense que le Danemark doit changer de gouvernement", a-t-il affirmé devant ses supporteurs en liesse, se disant "plein d'énergie".

Premier ministre de 2009 à 2011, il avait gouverné avec le soutien au Parlement du DF, qui restait évasif tôt vendredi quant à une éventuelle entrée au gouvernement.

"Nous n'avons pas peur d'entrer au gouvernement, si c'est par là que nous obtenons la plus grande influence politique", a expliqué son président, Kristian Thulesen Dahl à l'agence de presse danoise Ritzau, soulignant qu'aucune décision n'avait été prise.

"Les électeurs d'extrême-droite ont dit au Parti populaire danois qu'il doit prendre ses responsabilités", estime Sos Marie Serup, journaliste politique dans son quotidien BT.

Selon elle "le DF ne peut plus esquiver. Cela signifierait qu'il trahit ses électeurs s'il n'entrait pas au gouvernement".

A son arrivée à la soirée électorale, M. Thulesen Dahl était manifestement ému. "Nous sommes un parti que ce pays doit prendre au sérieux", s'est-il félicité.

"C'est une fête pour la démocratie", a-t-il jugé après avoir partiellement chanté avec d'autres militants "You'll never walk alone", l'hymne de l'équipe de football anglaise Liverpool dont il est un ardent supporteur.

- Économie et immigration au coeur de la campagne -

La campagne a été dominée par les questions économiques et migratoires.

Le bloc de droite avait annoncé un ensemble de mesures visant à diminuer l'attractivité du Danemark pour les demandeurs d'asile, dont une baisse des allocations pour les nouveaux arrivants et l'attribution d'un permis de séjour permanent exclusivement à ceux qui ont un emploi et parlent danois.

La gauche au pouvoir a réussi au cours des dernières semaines une remontée spectaculaire dans les sondages, surfant sur la reprise économique.

La bonne santé économique du pays, avec des prévisions de croissance relevées de 1,4% à 1,7% pour 2015, lui a permis de gagner près de sept points dans les sondages en quelques jours, compromettant ainsi la facile victoire promise à l'opposition, conduite par M. Rasmussen.

Agé de 51 ans, il revendique la paternité de la relance, et accuse sa rivale, qui a mis en oeuvre un programme d'inspiration libérale avec réductions d'impôts à la clé, de la lui avoir confisquée.

"Dans les faits, c'est seulement parce que Lars Lokke Rasmussen est encore plus impopulaire qu'elle est populaire. Dans l'absolu, elle n'est pas populaire", souligne pour l'AFP Rune Stubager, professeur de sciences politiques à l'université d'Aarhus (centre).

Sur le plan social, les deux blocs ont affiché leurs divergences pendant la campagne. Venstre veut plafonner les dépenses sociales, tandis que Mme Thorning-Schmidt insiste sur l'importance d'"une société solidaire".

Les Danois élisaient les 179 députés du Folketing, le Parlement monocaméral. La participation électorale s'est élevée à 85,8%, en légère baisse par rapport à 2011 où elle était de 87,7%.

Source : AFP

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