A Viviez, l'usine de traitement Solena ne fait pas que des heureux

On s’est fait l’écho, à plusieurs reprises déjà, de mouvements d’humeurs des opposants au projet aubino-viviézois d’implantation d’une usine de traitement des ordures avec enfouissement. À présent regroupés au sein d’un collectif, ils se sont ces derniers temps invités aux conseils municipaux d’Aubin, de Decazeville, puis, la semaine dernière, au conseil communautaire de la CCDA.

Usine et centre d’enfouissement

Ce projet baptisé Solena prévoit l’implantation d’une usine de traitement à Dunet avec enfouissement des déchets ultimes (50 %) dans l’Igue du Mas. Il traiterait l’ensemble des poubelles noires mais aussi les déchets des entreprises, les refus des sacs jaunes et le tout-venant des déchetteries, soit environ 90 000 tonnes/an (de l’Aveyron, puis peut être du Lot). Les sacs noirs et les autres déchets arrivent par la route, sont reçus à l’usine où leur contenu subit plusieurs traitements.

Dépollution, (re)pollution

Un projet d’autant plus mal venu, selon les opposants, que la dépollution initiée sur le Bassin par Umicore était «presque exemplaire», et que des retombées sont déjà visibles sur l’environnement proche : « des secteurs qui reverdissent, des cours d’eau qui retrouvent une bonne qualité aquatique… »

Des élus enthousiastes

L’attitude des collectivités territoriales de proximité inquiète également les opposants. «Nos représentants, indiquent-ils en effet, Yves Valls et Jean-Pierre Ladrech pour la Communauté de communes du Bassin se sont prononcés favorablement au projet lors de la réunion du Sydom en mars 2016. On ne comprend pas la position de nos élus puisqu’un projet alternatif : Trifyl, en lien avec le Tarn, s’avérerait bien moins coûteux pour le contribuable (10 € de moins la tonne soit 0,9 M€ par an) et permettrait de réaliser des économies sur l’ensemble de la chaîne des déchets. Nous sommes également choqués que personne n’ait relevé les propos de M. Alazard, lors de cette même réunion, à savoir que :’’le projet privé se situe sur un site qui peut être accepté par la population’’».

Et des riverains inquiets

Cette solution alternative serait gérée par une Société d’Économie Mixte (SEM), pilotée par les Sydom du Tarn et de l’Aveyron. Alors que le projet de Viviez serait réalisé par une Société privée Solena (filiale d’une société de la Mayenne et d’une entreprise du sud Aveyron, Séché Sévigné NDLR.), « dont rien ne garantit la pérennité. Si la société perd des marchés, voire venait à disparaître, les déchets, eux, resteront pour quelques siècles », poursuit le collectif.

Les craintes sont multiples et concernent l’usine, le centre d’enfouissement, mais aussi toute la logistique qui s’y rattache. «Selon le ministère de l’Environnement, le secteur des déchets est le troisième secteur le plus accidentogène ; les risques d’incendie sont présents à toutes les étapes : le transport, les traitements, le stockage… On peut y ajouter les nuisances qui en résulteront lors de la traversée des villes par des camions de tonnage important donc augmentation du transport routier, entraînant gêne pour les riverains et détérioration des chaussées ».

Ils reprochent également à Umicore de ne pas tenir ses promesses, à savoir : le maintien du transbordeur et le fait que l’Igue du Mas ne sera pas revégétalisée. Quand on ajoute à cela « les odeurs, les jus de décharge présentant un caractère toxique, la génération de biogaz brûlés sur place à l’aide d’une torchère… », la coupe est pleine. Sans oublier, selon le collectif « une dépréciation importante de l’immobilier, et un impact sur le tourisme ». Bref, ils ne veulent pas que le Bassin devienne synonyme dans l’esprit des gens de « poubelle du Rouergue ».