Pédophilie: à Lourdes, les évêques demandent pardon pour leur "silence coupable"

  • L'Archevêque du Puy-en-Velay, Luc Crepy (C) lors d'une assemblée annuelle des évêques de France, à Lourdes, le 7 novembre 2016
    L'Archevêque du Puy-en-Velay, Luc Crepy (C) lors d'une assemblée annuelle des évêques de France, à Lourdes, le 7 novembre 2016 AFP - PASCAL PAVANI
  • L'archevêque de Lyon Philippe Barbarin (G) lors de l'assemblée générale des évêques de France le 7 novembre 2016 à Lourdes
    L'archevêque de Lyon Philippe Barbarin (G) lors de l'assemblée générale des évêques de France le 7 novembre 2016 à Lourdes AFP - PASCAL PAVANI
  • L'archevêque de Lyon Philippe Barbarin (C) lors de l'assemblée générale des évêques de France le 7 novembre 2016 à Lourdes L'archevêque de Lyon Philippe Barbarin (C) lors de l'assemblée générale des évêques de France le 7 novembre 2016 à Lourdes
    L'archevêque de Lyon Philippe Barbarin (C) lors de l'assemblée générale des évêques de France le 7 novembre 2016 à Lourdes AFP - PASCAL PAVANI
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Centre Presse Aveyron

Messe, vêpres et jeûne pour les victimes de pédophilie: réunis à Lourdes, les évêques de France ont solennellement demandé pardon lundi pour le "trop long silence coupable" de l'Eglise face aux abus sexuels commis par des prêtres, après des mois de scandales.

A la basilique Notre-Dame-du-Rosaire, au coeur du sanctuaire marial pyrénéen, une messe a été présidée par le cardinal André Vingt-Trois, entouré de tous les évêques.

"Nous n'avons pas assez écouté ces victimes comme elles l'attendaient, (...) nous avons manqué de courage pour prendre les mesures qui s'imposaient", a estimé l'archevêque de Paris au début de la célébration.

En fin d'après-midi, au cours des vêpres, les évêques ont lu des paroles de victimes. "Comment les mêmes mains qui touchent le corps du Christ peuvent-elles aussi toucher le corps d'un enfant ?", demandait l'une d'entre eles. "J'ai voulu faire la vérité avec l'Eglise parce qu'il le fallait, (pour) reconnaître ma souffrance jusque-là ignorée, pour que je puisse enfin commencer à aller mieux", lisait-on dans un autre témoignage.

Ce "temps de prière et de pénitence" avait été annoncé en septembre par le Vatican, qui a laissé à chaque conférence épiscopale le soin d'en choisir la date et les modalités.

Les 115 évêques en activité présents à Lourdes ont profité de leur grande assemblée annuelle d'automne, qui s'achèvera mercredi, pour cette initiative inédite.

La journée a revêtu une dimension particulière en France, dont l'Eglise est touchée par des révélations en chaîne de suspicions d'abus sexuels impliquant des prêtres. L'emblématique affaire du père Bernard Preynat, prêtre lyonnais soupçonné d'avoir abusé de près de 70 jeunes scouts, a plombé l'image du cardinal Philippe Barbarin, l'archevêque de Lyon.

L'onde de choc s'est propagée dans plusieurs autres diocèses, et l'Eglise a été pressée de réagir. La Conférence des évêques de France (CEF) a annoncé mi-avril une série de mesures, dont une boîte mail dévolue au recueil de la parole des victimes. Une centaine de courriels ont été reçus à ce jour pour des faits, "dans la très grande majorité des cas anciens, voire très anciens", selon la CEF. "Il est arrivé que la personne s'exprime pour la première fois sur ce qu'elle a subi".

- 70 bougies près de Lyon -

Symboliquement, c'est le responsable de la Cellule permanente de lutte contre la pédophilie (CPLP) de l'épiscopat, Mgr Luc Crepy, qui a prononcé l'homélie de la messe.

"Oui, il nous faut sortir du trop long silence coupable de l'Eglise et de la société et entendre les souffrances des victimes: les actes pédophiles, ces crimes si graves, brisent l'innocence et l'intégrité d'enfants et de jeunes. Oui, il nous faut oser prendre tous les moyens pour que la maison Eglise devienne un lieu sûr", a-t-il dit.

A la sortie de la basilique, le cardinal Barbarin s'est dit "heureux" de ce temps de pénitence.

"Jusqu'à hier encore, ici à Lourdes, j'ai parlé avec des victimes longuement. A chaque fois que je parle avec eux, ça me touche en profondeur (...) et je me dis +comment est-ce que de telles blessures peuvent être guéries?+", a-t-il déclaré à la presse.

Mgr Crepy a fait un point sur les mesures engagées ces derniers mois, avec notamment la mise en oeuvre de dispositifs d'accueil et d'écoute des victimes couvrant désormais tout le territoire français. Quant à la commission nationale d'expertise indépendante présidée par Alain Christnacht, ancien directeur de cabinet de Christiane Taubira au ministère de la Justice, elle a été saisie de neuf dossiers par des évêques désireux d'être conseillés sur l'affectation de prêtres mis en cause.

L'association La Parole libérée, à l'origine de l'affaire lyonnaise, reste perplexe. "Le temps de prière, les cellules d'écoute sont potentiellement une bonne chose, mais s'il n'y pas de volonté de l'Eglise derrière, c'est insuffisant", estime son président, François Devaux.

La "démarche spirituelle" des évêques a résonné au-delà de Lourdes. A Paris, une vingtaine de paroisses ont organisé messes et prières spécifiques.

A Sainte-Foy-lès-Lyon, une messe devait être dite en soirée dans la paroisse où a officié le père Preynat: 70 bougies, correspondant au nombre potentiel de ses victimes, devaient être allumées pour l'occasion.

Source : AFP

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