Archéologie : immersion au cœur des fouilles de Montrozier

  • Un travail incessant à Roquemissou. Habituellement, seuls les bénévoles et les chercheurs ont accès au site de fouilles.
    Un travail incessant à Roquemissou. Habituellement, seuls les bénévoles et les chercheurs ont accès au site de fouilles.
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Centre Presse

Au pied de la ligne de falaise longeant l’Aveyron entre Gages et Montrozier, le site de fouilles de Roquemissou, est cet été encore, le terrain de jeu des fouilleurs. Après quelques campagnes dans les années 1980, les recherches ont repris depuis 2012. De fin juin à fin juillet, dix personnes travaillent quotidiennement sur le site - qui s’étend sur une période de 11 500 ans à 2 300 ans avant J.-C. - autour de Thomas Perrin, chargé de recherche en archéologie au CNRS et professeur en Master à l’université Jean-Jaurès de Toulouse.

L’équipe de recherche se concentre sur la période autour de 5 000 ans avant J.-C., à la transition entre le Néolithique ancien et le Néolithique moyen, qui correspond à l’implantation des premiers agriculteurs en Aveyron sur les berges de la rivière éponyme, remplaçant progressivement la population des chasseurs-cueilleurs qui migrait au rythme de la faune et de la flore.

Lors des fouilles, l’équipe a notamment déterré des restes d’animaux sauvages dont les hommes de l’époque se sont sûrement nourris, des silex taillés, et des fragments de céramique. La présence de céramique est intéressante car elle est la preuve d’une sédentarisation et d’une production agricole. Après avoir creusé la terre et en avoir sorti ces petits objets, les fouilleurs tamisent les sédiments qu’ils ont extraits du sol afin de trouver des graines et autres petits végétaux qui permettraient de reconstituer l’environnement de l’époque.

Roquemissou est un site archéologique rare car c’est un des trois dans le sud de la France qui possèdent une stratigraphie (1) de couches sédimentaires nettes, qui témoigne de l’histoire du sol. Une telle conservation a été possible seulement grâce au bloc de pierre proéminent qui s’est détaché du flanc de la falaise entre - 2 500 et - 2 300 qui a ainsi protégé les sédiments, laissant arriver jusqu’à notre aire, une coupe stratigraphique aussi nette et bien préservée.

Cette préservation exceptionnelle a permis aux chercheurs d’effectuer des prélèvements afin de dater la couche de couleur noire de la stratigraphie de Roquemissou, dont la couleur et la forme démontrent, qu’à cet endroit, se trouvait une fosse où l’on faisait du feu.

Les fouilles de la partie néolithique du site touchent à leur fin, les échantillons prélevés et les objets trouvés vont être envoyés dans des laboratoires pour être analysés. Pour clore ces cinq années de fouilles, les chercheurs prévoient une exposition au musée archéologique de Montrozier pour 2020. D’ici là, Thomas Perrin espère « pouvoir faire un moulage de la coupe stratigraphique avant de reboucher le site, afin que le public ait accès à ce rare témoignage du passé. »

Dater les prélèvements

Les chercheurs effectuent des prélèvements qu’ils testent selon plusieurs méthodes : le radiocarbone permet de tester la matière organique en fonction de la radioactivité du carbone 14 et la thermoluminescence aide pour dater la dernière chauffe des minéraux et de la céramique.

(1) La stratigraphie est une discipline qui étudie la succession des différentes couches géologiques ou strates.

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