Aveyron : les producteurs bio à la croisée des chemins

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  • Aujourd’hui, le défi des agriculteurs bio en Aveyron  est de se structurer.
    Aujourd’hui, le défi des agriculteurs bio en Aveyron est de se structurer. Archives José A. Torres
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Philippe Henry

L’adoption, en octobre 2018, de la loi EGalim pourrait avoir de nombreuses conséquences sur la structure des filières. Seulement, pour faire face à la demande croissante, les agriculteurs bio sont appelés à accroître leur production tout en s’assurant d’être payé à un prix satisfaisant.

L’Aveyron consolide sa place dans la filière bio en Occitanie. Le département reste le premier dans de nombreux domaines : surface fourragère, cheptel bovin viande et lait, ovin viande et lait, etc. Les agriculteurs assurent également une place prépondérante au département par la surface cultivée.

L’assemblée générale de l’association pour la promotion de l’agriculture biologique en Aveyron (Apaba) a permis de mieux mesurer l’impact de ces productions. Dix tonnes de viandes commercialisées (lire également chiffres ci-contre), près de 20 tonnes de légumes écoulées, etc. Seulement, il est apparu que la filière bio aveyronnaise doit encore se structurer, se renforcer pour affronter les nombreux défis à venir.

"Problème de logistique"

Adoptée en octobre 2018, la loi EGalim, loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine, exige, notamment, que 50 % de produits locaux et de qualité (dont des produits bio) soient utilisés dans la restauration collective à partir du 1er janvier 2022. Aujourd’hui, " 2 % de produits bio sont proposés dans les cantines des lycées. Nous sommes loin des 20 % prévus par la loi, rappelle une responsable de l’Apaba. Et les produits locaux représentent moins de 15 % du contenu des assiettes".

Sur les trois millions de repas consommés dans les lycées aveyronnais, seuls 1 % des ingrédients sont issus de la culture bio. "Il reste un important travail d’accompagnement à faire, poursuit-elle. D’accompagnement avec les magasins qui nous fournissent pour relocaliser les approvisionnements." La filière bio se heurte essentiellement "à un problème de logistique", explique Alain Leloup, coprésident de l’Apaba. "Aujourd’hui, nos principales actions concernent la mutualisation des moyens, poursuit-il. Nos interlocuteurs, comme les centrales d’achats, ne veulent qu’un seul interlocuteur en face d’elles. À nous de nous adapter."

La question de l’approvisionnement de la restauration collective en légumes se pose particulièrement à l’heure où la majorité des surfaces cultivées dans le département reste modeste. La plupart des producteurs vivent de la vente directe.

Ne pas tomber dans les travers de l’agriculture conventionnelle

"Pouvons-nous tenir un engagement contractuel ? Aujourd’hui, cela paraît difficile pour certains produits", confie Alain Leloup. "Les besoins du territoire sont importants et nous poussons ceux qui s’installent à aller vers cette démarche."

Seulement, pour consolider ces filières, les "financements doivent être là. Sauf que les dotations versées pour cela sont en diminution", déplore le coprésident de l’Apaba.

De plus, si les filières bio sont appelées à accroître leur production, "nous ne voulons pas retomber dans les travers de l’agriculture conventionnelle. À savoir des prix qui ne rémunèrent pas correctement les agriculteurs".

Aujourd’hui, face à ce défi, les producteurs "n’ont pas encore trouvé toutes les inconnues de l’équation", mais ils y travaillent en tentant de garder leur ligne de conduite.

En chiffres

782 exploitations aveyronnaises engagées en bio, soit une augmentation de 14 % par rapport à 2016.

64 740 hectares sont consacrés à l’agriculture biologique en Aveyron. La surface cultivée a augmenté de 12 % par rapport à 2016.

141 entreprises sont engagées dans la démarche bio (entreprises de transformation, de distribution, de gros, de restaurations, d’artisans et détaillants). Un chiffre en augmentation de 14,6 % par rapport à 2016.

250 adhérents sont aujourd’hui enregistrés auprès de l’Apaba. Ils étaient 200 en 2017.

85 % des Français estiment important de développer l’agriculture biologique, selon l’Agence bio.

90 % des parents sont intéressés par une offre bio en restauration scolaire.

9 Français sur 10 (88 %) ont consommé du bio au cours des 12 derniers mois.

71 % des Français consomment au moins une fois par mois des produits bio.

12 % en consomment quotidiennement (contre 10 % en 2015).

83 % des Français sont intéressés par une offre bio dans les restaurants.

83 % des Français sont intéressés par une offre bio et française dans les commerces.

81 % des actifs sont intéressés par une offre bio sur leur lieu de travail.

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