Millau : "Les Natural games auraient pu mourir"

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  • Michaël Pradayrol insiste sur l’orientation environnementale prise par les Natural games pour cette édition 2019.
    Michaël Pradayrol insiste sur l’orientation environnementale prise par les Natural games pour cette édition 2019. Eva Tissot
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JDM

À quelques heures du retour des Natural games à la Maladrerie, Michaël Pradayrol, son fondateur et manager, fait le point.

Michaël Pradayrol affiche sa tranquillité et son sourire à l’amorce de la 12e édition des Natural games, qui débutent ce jeudi. Le fondateur et manager du temps fort de l’été millavois "respire" après être passé par "des moments difficiles", ces dernières années, à la tête des NG. Un rendez-vous qui prend cette année un nouveau virage, celui de l’écologie.

On a le sentiment que cette 12e édition a été bien plus facile à préparer que les précédentes…

Oui, nous avons eu une petite semaine d’avance sur le programme de mise en place. Surtout, on sait que l’on repart depuis le mois de septembre dernier. Le travail a été plus facile avec le trésorier, le comptable, le commissaire aux comptes… On a aussi eu les têtes d’affiche musicales bien plus tôt, ce qui explique certainement que nous ayons eu trois fois plus de réservations que les autres éditions… Tout a été plus simple cette année.

La nouveauté est la Green zone, orientée autour de la sauvegarde de la planète. Comment cet espace a-t-il été pensé ?

C’est une zone qui s’inscrit totalement dans l’esprit NG. On veut montrer qu’il est possible d’aborder sérieusement la question de l’écologie dans un festival comme le nôtre, avant même de faire du sport ou la fête. La Green zone (lire ci-dessous) mêlera conférences, projections de films, avec des personnalités ou des ONG reconnues du milieu environnemental ou de la biodiversité. On veut offrir au public une nouvelle expérience.

Après le sport et la musique, il semble que les NG s’ouvrent sur un troisième volet à part entière…

Nous avions déjà cette conscience-là en tête, mais cette année nous prenons un vrai virage. Nous voulons contribuer à cette prise de conscience écologique, d’intérêt public. Près de 800 scolaires, en plus des visiteurs, auront accès à cette zone totalement en libre accès. Elle doit faire partie intégrante des NG à l’avenir. Ce virage écolo, on veut le prendre à fond.

Et concrètement ?

On fait cette année un premier bilan carbone avec Ad Fine, un bureau d’études spécialisé dans l’environnement, installé à Millau.

On va ainsi pouvoir mesurer l’empreinte carbone des NG pendant quatre jours. Ce que l’on sait déjà, c’est que nous avons réduit nos déchets de 50 % sur les quatre dernières années. L’objectif, c’est de tendre vers le zéro plastique.

L’organisation maintient aussi le choix de garder une soirée payante, le samedi soir. Est-ce devenu absolument nécessaire pour la survie du festival ?

Oui, et c’est d’ailleurs formulé clairement de la sorte au public. Le samedi soir est une soirée de soutien au festival. Si nous étions dans le vert partout, nous n’aurions pas besoin de faire ça, et je laisserais les NG totalement gratuits. Malheureusement, ce n’est pas le cas. On est même passé pas loin de faire tout payer. Personnellement, je n’ai jamais été favorable à cette option. Ce n’est pas logique, et je ne suis pas en accord avec cette idée de mettre en place une discrimination par l’argent. Là, vous avez une soirée sur trois payante, ce qui reste raisonnable, d’autant plus pour un prix de 25 € avec une programmation "stylée".

Vous ne pouvez donc plus faire sans ?

C’est devenu obligatoire. Il faut savoir que chaque année, on perd entre 5 et 10 % en aides et sponsoring. Le budget sécurité, qui tourne autour de 60 000 €, nous fait exploser. Chaque année, la barre est mise un peu plus haute. On nous en demande beaucoup. Mais on a cette fierté-là de s’être accroché. Cette année, le budget tourne autour de 700 000 €, quand il était d’1 M€ pour la dixième édition. On a appris, depuis deux ans, à travailler autant avec moins. En réfléchissant mieux les choses en interne, en se réorganisant en plus petit comité et avec un état d’esprit commun et partagé, on réussit à proposer une édition très propre, avec pourtant moins d’argent.

Vous avez également le soutien des collectivités…

Oui, les collectivités ont pris conscience que tout pouvait s’arrêter (la communauté de communes a notamment pris un engagement sur trois ans à hauteur de 100 000 €, début 2018. La Ville a voté une aide de près de 30 000 €, fin 2018, NDLR). Les NG auraient pu mourir. Cela aurait été vraiment dommageable pour la ville, quand on voit les études sur les retombées économiques à Millau. Les Natural games assurent entre 7 et 8,5 M€ de retombées locales.

Fin 2017, les NG auraient pu s’arrêter pour raison financière. Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur cet épisode ?

Cela reste un épisode difficile, mais personnellement je ne pouvais imaginer que Millau arrête les NG. J’ai toujours eu à cœur de maintenir cette manifestation. Il ne faut pas oublier que le concept de mêler un festival de sports outdoor et de musique est totalement précurseur. C’est une vitrine exceptionnelle pour Millau et sa nature. J’aurais eu beaucoup de mal à me résoudre à arrêter.

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