Comment muter de l’âge du cuivre à celui de la fibre optique…

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  • Jean-Christophe Anguillère dans l’antre du répartiteur « cuivre », à Rodez.
    Jean-Christophe Anguillère dans l’antre du répartiteur « cuivre », à Rodez. José A. Torres
  • Un tableau de connexion pour le réseau traditionnel en cuivre…
    Un tableau de connexion pour le réseau traditionnel en cuivre… José A. Torres
  • … Et son équivalent pour la fibre optique.
    … Et son équivalent pour la fibre optique. José A. Torres
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Christophe Cathala

Opérateur-aménageur de la fibre optique dans le département, Orange met les bouchées double pour équiper les foyers aveyronnais, et transformer ses équipements de la téléphonie traditionnelle à celle du futur.

Le site est sensible, protégé, et forcément discret. On est à Rodez, chez Orange, quelque part sous un pylône magistral supportant antennes et paraboles… Vingt personnes y travaillent, essentiellement des techniciens sous l’autorité d’Anne Camalet, responsable d’équipe réseaux structurants et entreprises de l’Aveyron.

Des techniciens champions de la dentelle. Car dans ces étages où nul visiteur n’est jamais invité, des milliers de kilomètres de câbles de cuivre, fins comme des fils à coudre, groupés en écheveaux, s’accrochent à des bouchons bleus avant de repartir vers un cheminement ésotérique à travers les sous-sols de la ville, après avoir fait étape vers le central destiné à appliquer à chaque abonné les prestations commerciales qu’il a souscrites. Et encore, on apprend que le trafic téléphonique transite par Toulouse à travers deux liaisons sécurisées sur deux parcours différents. On retient que ce réseau traditionnel, qui sert de support au téléphone et à l’ADSL (haut débit) a été construit il y a… 50 ans.

Technicien d’intervention et passionné par sa mission, Florent Sauvanet est bien le seul, dans ses explications, à savoir s’y retrouver. Le béotien, lui, lâche prise.

Travail de couturière

Revenons aux bouchons bleus qui représentent l’un des 25 000 abonnés - et plus (avec un deuxième répartiteur ailleurs en ville) – de la seule commune de Rodez. La majorité d’entre eux sont clients Orange, mais Bouygues, SFR et Free y sont invités à rejoindre la pelote, locataires d’une ligne pour chacun de leur client.

Cette myriade de faisceaux impose aux couturières de l’opérateur Orange minutie et patience. Pour réparer en cas de panne, le fil correspondant à l’abonné. Une gageure.

Le rez-de-chaussée et le sous-sol de ce bâtiment ruthénois abritent sur plus de 200 mètres carrés ce "répartiteur cuivre" qui ne concerne qu’une partie de l’agglomération ruthénoise… Ailleurs, ce sont des armoires métalliques qui font le job sur le même principe : un fil par bouchon bleu et par abonné…

Mutation technologique

Tout cela, c’est déjà le "monde d’avant". Car petit à petit, les étagères métalliques supportant les commutateurs et leurs câbles, se vident de leur substance pour rejoindre le "secteur fibre". Lequel, à nombre d’abonnés équivalent, n’est appelé qu’à occuper que 10 % de l’espace "cuivre"… avec 32 abonnés pour chaque fibre, cette fois. Miniaturisation maximum.

La mutation technologique entre le cuivre et la fibre "est difficile à mener, reconnaît Jean-Christophe Arguillère, délégué régional Midi-Pyrénées pour la direction Orange Sud. Il y aura un jour où l’ancien réseau disparaîtra. Pour l’heure, la cohabitation entre les deux techniques impose la gestion d’une croissance d’un côté, d’une décroissance de l’autre. Et parallèlement, en ce qui concerne le très haut débit pour la téléphonie mobile, on finalise la 4G tout en réfléchissant à la 5G…"

"Dynamiser le marché"

La fibre, c’est l’avenir mais nul ne peut prédire aujourd’hui le temps qu’il faudra aux abonnés pour muter à leur tour. Côté équipements en revanche, les raccordements vont bon train : "Entre fin 2018 et ce que l’on prévoit fin 2019, nous aurons plus de 35 % de foyers raccordables en Aveyron…, reprend Jean-Christophe Arguillère. C’est un objectif ambitieux et donc difficile. Mais c’est l’objectif national. Orange est le seul opérateur à dépenser autant pour équiper les habitants… Faut-il que ces derniers franchissent le pas : sur la zone de Rodez, on n’a que 20 à 25 % des lignes construites qui sont occupées. On a donc besoin de dynamiser le marché".

Et ce, pour rentabiliser les travaux d’aménagement, fort coûteux. La fibre poursuit donc sa route à grands pas. Plus vite s’il en est que la résorption des zones blanches de la téléphonie mobile, dépendante du réseau hertzien. Mais c’est une autre affaire.

Forte emprise et concurrence

Orange est l’opérateur-aménageur de premier plan en Aveyron, pour avoir remporté l’appel d’offres de l’équipement en fibre optique sur l’agglomération de Rodez et la commune de Millau. Sur ces deux secteurs, l’équipement se fait 100 % à ses frais. Pour tout le reste du département, Orange a également remporté l’appel d’offres général lancé par le regroupement Aveyron, Lot et Lozère. "C’est l’un des plus gros dossiers que l’on a en France et l’on en est fiers", relève Jean-Christophe Arguillère. Les conseils départementaux en sont les maîtres d’ouvrage, financièrement aidés par l’état, sur un coût de plusieurs centaines de millions d’euros dans lequel Orange intervient pour sa part.

D’autres opérateurs ont eux aussi, hors Aveyron, une forte emprise territoriale : SFR dans le Tarn, Altitude en Haute-Garonne, Covage dans l’Hérault… Pour les clients, cela ne change pas grand-chose. Les offres commerciales appartiennent à chaque enseigne, qui loue les lignes (le prix est fixé par l’État) à l’aménageur concurrent. Entre l’emprise différenciée sur les zones géographiques du territoire et la partition réservée à chaque opérateur, l’alchimie est parfois complexe. "La gestion des réseaux demande une exigence totale. Et dans le futur, plus encore qu’aujourd’hui. Car les différents réseaux devront bien cohabiter pour que les clients ne soient pas pénalisés", conclut Jean-Christophe Arguillère.

En chiffres

12 000 km, c’est ce que représente le câblage de la fibre en Aveyron pour alimenter quelque 154 000 prises. Fin décembre, 34 000 prises seront raccordées.

40 % de logements sont désormais raccordables à la fibre sur Rodez (6 700 à ce jour, 1 400 de plus à la fin de l’année).

69 % des logements sur Onet seront raccordables à la fin de l’année (avec 500 branchements supplémentaires).

2020. Au début de l’année prochaine, les premiers logements seront raccordés à Druelle-Balsac, Sébazac et Luc-la-Primaube.

92 % des logements des communes de l’agglomération seront raccordés fin 2020. Les 8 % restants, se feront "à la demande".

3 000 logements sont raccordables à ce jour à Millau. Ils seront 2 000 de plus d’ici fin 2019.

588 M€ sont investis dans le fibrage optique du département. Orange bénéficie d’une délégation de service public sur 25 ans.

115 contrats à durée indéterminée et 7 contrats en alternance composent les effectifs d’Orange en Aveyron.

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