Réforme des lycées : à Millau, ils ne battront pas en retraite

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  • Deux réformes à conduire, pas de quoi faire peur aux enseignants.
    Deux réformes à conduire, pas de quoi faire peur aux enseignants. Repro CP -
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JDM

Les enseignants ne pensent pas qu’à leurs vieux jours. En combattant la réforme des retraites, ils sont inquiets pour l’avenir de leurs élèves, de leur profession tout entière. Et ils le disent !

Ils bravent la pluie. Alors, affronter deux réformes, ce n’est pas ça qui va les faire reculer. Que ce soit celle des lycées ou celle des retraites, les professeurs leur adjugent un zéro pointé. Ce message clair, ils sont venus le transmettre mardi, à l’heure du déjeuner, devant les grilles du lycée Jean-Vigo.

Joëlle Compeyre, enseignante en espagnol et cinéma, dégaine en premier : "Nous sommes solidaires des autres professions. De manière globale, c’est le système par point que l’on combat puisqu’on ne sait pas s’il sera variable ou pas." Pour elle : " C’est un casse de notre système solidaire de retraite. Nous ne serons pas égaux dans le travail. Le gouvernement tente de nous enfumer avec cette histoire d’universalité. Les enseignants vont être parmi les plus gros perdants : je ne crois pas en une revalorisation de nos salaires pour bénéficier d’une retraite à la hauteur de ce que l’on a maintenant ". Stéphane Got abonde : "Cette revalorisation annoncée, c’est un écran de fumée. Jean-Michel Blanquer l’a associée à une redéfinition de notre métier et on sait déjà que c’est plus de temps de travail, de taches associées, de la précarisation. On est dans l’impréparation, c’est le flou le plus total et ce sont les élèves qui sont impactés. "

"Un écho aux discussions du café du commerce"

"Dans les faits, on va nous faire travailler plus", renchérit Éric Hakenholze, en adressant un message personnel au ministre. Il raconte que, lorsque Jean-Michel Blanquer était directeur général de l’enseignement scolaire, "ses services ont demandé à l’institut de statistiques du ministère une étude sur le temps de travail des enseignants. C’était en 2010 et on a pu lire les résultats en 2013. Ils sont clairs : en secondaire, un enseignant, débutant ou fin de carrière, explose complètement les 1 607 heures qu’on demande à tout fonctionnaire de l’État […] Et là, ce même Blanquer vient nous dire qu’on ne travaille pas assez en faisant écho aux discussions du café du commerce ! C’est la première fois qu’on entend cela d’un ministre et vous comprendrez pourquoi nous sommes en colère. L’an dernier, il a rebaptisé l’édifice l’école de la confiance… Jamais, en tant qu’enseignant, on n’a eu un degré de confiance aussi bas envers un ministre".

Stéphane Got rebondit : "Si cette réforme est si merveilleuse, pourquoi la police ne se la voit pas appliquer ? C’est peut-être juste parce qu’elle est pourrie et que le gouvernement a besoin des policiers pour la faire passer." Selon lui, "les élèves sont réduits en morceaux avec Parcoursup, sans oublier la perte d’heures d’enseignement général en lycée professionnel… Là, c’est la division des classes. Pourtant, nous avons une expertise, mais elle n’est jamais écoutée". Et Robert Marcos, professeur d’espagnol, de glisser : "Ça fait 27 ans que j’enseigne et je n’ai jamais eu autant de stress que cette année. On réforme de la seconde, de la première, de la terminale, des contrôles continus à mettre en place sans aucun recul… Je suis désolé, mais c’est très difficile à vivre quand on est de l’intérieur. À ceux qui croient que nous sommes des privilégiés, venez nous rejoindre dans l’Éducation nationale."

Il conclut : " Nous sommes passés d’un bac égalitaire, avec des sujets nationaux, à chacun choisit le sujet qu’il va faire passer à ses élèves. Rien que la ville de Millau, nous aurons plusieurs sujets d’espagnol ou d’anglais, de mathématiques, etc. À l’arrivée, ce diplôme n’aura plus aucune valeur."

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