Espalion : disparition d'André Brouzes, un grand serviteur de l’État

Dès son enfance, ses parents, Jules et Marie Brouzes ont veillé à lui inculquer ainsi qu’à Julien, son frère, le socle des valeurs traditionnelles rouergates: travail, rigueur, honnêteté et bienveillance pour son entourage. Le respect de la parole donnée constituait, pour son père, négociant en bestiaux, un principe intangible. Et, qui ne se souvient de Marie Brouzes délivrant, dans son commerce de chaussures de la Rue Droite, au moment des rentrées scolaires, de quoi chausser les jeunes élèves ou étudiants sans oublier le cadeau de la boîte de cirage pour les familles nombreuses !

André fera ses études primaires à Saint-Hilarian et secondaires à Saint-Joseph à Rodez. Il poursuivra son cursus universitaire en intégrant les classes préparatoires du collège Stanislas, à Paris. Avec ses deux licences en sciences et en sciences économiques, il passera, tout naturellement, le concours d’inspecteur du cadastre. Reçu major de sa promotion, il exercera ses premières responsabilités, sur le terrain, à Sens.

Une carrière exemplaire

Mais, déjà, ses remarquables facultés professionnelles lui vaudront d’être appelé en Administration centrale où, successivement, il gravira tous les échelons avant d’être intégré dans le corps des administrateurs civils. Sa carrière se déroulera, rue de Rivoli, au ministère des Finances, puis à Bercy où il accédera aux échelons de commandement les plus élevés comme chef du service de l’organisation et de l’informatique.

La Direction générale des impôts lui doit ce qui constituera le socle de modernisation de la plupart des applications informatiques de cette grande administration. Ses travaux ont permis l’informatisation du Centre des Impôts, cellule de base pour la gestion de l’impôt sur les revenus et de la fiscalité locale et, ce faisant, facilité la télé-déclaration qui débouchera sur l’actuel Prélèvement à la source.

Travailleur acharné, exigeant pour la qualité des travaux exécutés, mais particulièrement chaleureux, il donnait l’exemple par sa rigueur intellectuelle auprès de tous ses collaborateurs.

Mais ce sont bien ses qualités humaines, sa gentillesse, sa capacité d’écoute, sa simplicité et son charisme qui le caractérisaient en premier. Très attaché à la sphère foncière et cadastrale, après sa nomination comme conservateur des hypothèques, il présidera pendant plusieurs années l’Association des Conservateurs.

Attaché à ses racines

Les lourdes responsabilités exercées ne l’empêchaient pas de laisser transparaître ses origines aveyronnaises dont il était très fier. À Paris, il côtoyait ses compatriotes en ne manquant pas de participer au banquet annuel qu’il présidera occasionnellement, de l’Amicale des Enfants d’Espalion.

À la Toussaint, ses visites annuelles à Espalion le conduisaient à l’Eau-Vive où Roger et Raymonde Raulhac lui avaient attribué une chambre personnalisée. Elles lui permettaient de renouer avec son terroir en rencontrant avec un plaisir partagé les figures locales de son enfance. Il participera, aussi, aux fêtes de la transhumance en accompagnant le troupeau de la famille Rames, tradition qu’il fera découvrir à de nombreux fonctionnaires de son ministère.

Ses amis se sont réunis à Paris ce vendredi 5 mars, en l’église Sainte-Rosalie (Paris 13e), puis, le lendemain, au cimetière de Perse, où il avait souhaité rejoindre ses parents dans le caveau familial.

Ils sont venus nombreux lui rendre un dernier hommage et assurer les siens de leur compassion dans l’épreuve douloureuse qu’ils subissent.