Aveyron : la police crée le dialogue dans les manifestations

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  • Le commissaire Loïc Jézéquel, directeur départemental de la sécurité publique. A droite, deux agents de l’équipe légère d’intervention, référents pour les manifestants, le 4 mai dernier, devant le palais de justice de Rodez.
    Le commissaire Loïc Jézéquel, directeur départemental de la sécurité publique. A droite, deux agents de l’équipe légère d’intervention, référents pour les manifestants, le 4 mai dernier, devant le palais de justice de Rodez. José A.Torres
  • La police crée le dialogue dans les manifestations
    La police crée le dialogue dans les manifestations
Publié le
Christophe Cathala

Établir un contact clair et efficace entre la police et les manifestants, quelle que soit la nature de leurs revendications est le rôle des équipes légères d’intervention dont dispose désormais l’Aveyron. Explications.

C’est une nouveauté dictée par les récentes éruptions contestataires qui émaillent la société actuelle, réforme des retraites et Gilets jaunes en tête. Le schéma national du maintien de l’ordre en renouvelle la doctrine, délicate s’il en est dans le cadre des rassemblements et des manifestations qui dégénèrent parfois. Le gouvernement a ainsi souhaité, dans ce contexte nouveau des mouvements de contestations, "protéger les manifestants".

Ainsi ont été créées les Eli, équipes d’intervention légères, sortent de "référents" pour les organisateurs de manifestations assorties le plus souvent de défilés dans la rue. L’Aveyron vient d’accéder à ce dispositif, mis en œuvre la première fois au cours du rassemblement des "amendés de Millau" devant le palais de justice de Rodez le 4 mai dernier.

Travail en amont comme pendant la manif

Concrètement, un à deux agents de police en civil, munis d’un brassard bleu ciel "Liaison- Police nationale" qui les identifie clairement aux yeux de tous, travaillent non seulement en amont avec les organisateurs de manifestations mais aussi pendant les cortèges, ce qui est réellement nouveau.

Leur travail consiste à donner aux organisateurs les informations essentielles en ce qui concerne les conditions de circulation ou les périmètres interdits ou restreints, mais aussi leur rappeler ce qui reste permis ou interdit, notamment par les arrêtés préfectoraux… Une façon de déterminer les "lignes rouges" qu’il convient de ne pas franchir au risque de subir l’emploi de la force.

"Il est de plus en plus important de garder toujours le contact avec les manifestants", résume le commissaire divisionnaire Loïc Jézéquel, directeur départemental de la sécurité publique. Les Eli toutefois n’ont pas les mêmes missions que les services de renseignements, qu’elles complètent. "C’est une autre façon de voir, un partage subtil des rôles. Les Eli sont un lien direct entre organisateurs et autorité publique pour qu’il n’y ait aucun malentendu, aucun défaut de communication entre les deux, poursuit Loïc Jézéquel. Les Eli ont du sens pour préparer une manifestation, éviter tous les problèmes de sécurité qui risquent de survenir. Et éviter aussi que l’on en vienne aux sommations. C’est un dialogue, un échange que nous instaurons avec les manifestants."

Bonne volonté

Ce nouveau dispositif, déjà en vigueur dans les grandes villes de France, n’emporte pas pour autant l’adhésion des "ultras" qui dénoncent une immixtion de l’autorité publique au cœur de leurs cortèges. "Pour les manifestants les plus durs, le dispositif sera moins facile à mettre en place mais on le tentera quand même, sans jamais mettre nos équipes en difficulté, car nous voulons sanctuariser les effectifs de police au contact et au dialogue", reconnaît le commissaire Jézéquel qui note qu’une large partie de la population aveyronnaise a la "culture manifestante", c’est-à-dire admet depuis longtemps ces contacts établis avec la police. "Pour ceux qui n’ont pas cette culture mais sont de bonne volonté, on leur apportera cette plus-value, cet interlocuteur qui fera le lien."

Le dialogue a donc toute sa raison d’être entre la police et les manifestants. "C’est l’apparition d’une nouvelle spécialité chez nous. Et l’effort de créer du lien vaut le coup dans un tel contexte", insiste le commissaire Jézéquel.

Le chiffre

  • 4

Pour les trois circonscriptions de police dont elle a la charge, la direction de la sécurité publique de l’Aveyron a formé quatre agents : deux à Rodez, un à Millau et un à Decazeville. Ils font désormais partie des équipes légères d’intervention, travaillent en civil, munis d’un brassard bleu ciel qui les identifie aux yeux des organisateurs, mais aussi dans les cortèges. Leur profil, "des agents ouverts au dialogue, qui possèdent de plus une bonne connaissance du secteur", précise le commissaire Loïc Jézéquel.

 

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