Les élevages aveyronnais désormais cernés par le loup

  • La présence du loup en Aveyron est désormais indéniable.
    La présence du loup en Aveyron est désormais indéniable. Centre Presse illustration - José A. Torres
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En 2021, les attaques ont repris avec insistance en Aveyron. Et, source d’inquiétudes supplémentaires pour les éleveurs aveyronnais, des loups ont été formellement identifiés dans le département, mais également dans des zones frontalières.

Le loup est bien de retour en Aveyron. Le constat est désormais partagé par tous. Et si, il y a quelques années, avant les violentes vagues d’attaques des années 2016, 2017 et 2018, les autorités rechignaient à reconnaître la présence du canidé.

Mais l’acharnement des éleveurs victimes d’attaques, et la mise en place par la préfecture d’un comité loup ont permis de travailler sur le sujet. Si les attaques avaient fortement diminué à partir de 2018, elles ont repris en 2020.

22 attaques certifiées en 2021

Et cela s’est poursuivi au cours de l’année écoulé. La semaine dernière, la secrétaire générale de la préfecture, Isabelle Knowles, a réuni le comité pour effectuer le bilan de l’année écoulée. Au niveau des statistiques brutes, 37 constats ont été effectués par les gardes de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) au cours de l’année écoulée, dont 22 classés "loup non écarté", la subtilité sémantique pour reconnaître une attaque de loup, et qui permet de déclencher une indemnisation des éleveurs.

Si ces chiffres sont encore très loin des années « fastes », avec pas loin d’une centaine d’attaques en 2017 et 250 brebis tuées, la recrudescence des cas recensés à la fin de l’année 2021 inquiète fortement les éleveurs. Selon les travaux du comité, au moins deux loups, ont été formellement identifiés en Aveyron au cours de l’année écoulée. Le premier grâce à des indices relevés dans la neige sur l’Aubrac, le second, grâce à des pièges photos sur le Larzac. La distance entre ces deux zones rend assez peu probable l’hypothèse que ce soit la même bête.

9 tirs de défenses accordés surle Larzac pour l’année 2022

C’était une des demandes des agriculteurs qui ont notamment donné de la voix, à Millau, à la fin de l’année dernière. Ils réclamaient des autorisations de tirs de défense renforcée, pour protéger les troupeaux en cas d’attaque. Ceux-ci doivent principalement être utilisés pour effrayer les loups.

En effet, le loup étant une espèce protégée, il faut des autorisations pour s’en défendre. Neuf tirs de défense renforcée sont aujourd’hui autorisés pour l’année 2022 permettant de mettre en œuvre des opérations sur les communes de Millau, Nant, La Couvertoirade et l’Hospitalet-du-Larzac, des communes où il y a eu au moins trois attaques lors des douze derniers mois.

Le Larzac sud également touché

Surtout, si les éleveurs sont inquiets, c’est que l’Aveyron semble désormais bel et bien cerné par le canidé, qui s’est installé durablement sur le territoire. L’Hérault, qui a longtemps été épargné, est désormais en proie au même problème, principalement sur le Larzac Sud. La préfecture a d’ailleurs lancé le même comité qu’en Aveyron, qui estime qu’il y a au moins quatre spécimens dans le département.

Deux ont été formellement identifiés au début de l’année 2022 par des pièges photos installés par l’office français de la biodiversité sur le Larzac héraultais. Rien ne permet d’affirmer que l’un d’eux n’est pas aussi celui observé dans le Sud-Aveyron vu la faible distance entre les deux zones. Le loup étant capable de parcourir de nombreux kilomètres en une journée, les passages d’un département à l’autre sont désormais une vraie possibilité.

Des loups identifiés en Lozère, dans le Tarn et dans l’Hérault

D’autant plus que dans l’Hérault, deux autres spécimens ont été identifiés, l’un dans le Caroux, à proximité, donc du Rougier, l’autre dans le massif du Somail, près des monts de Lacaune. Dans le Tarn, deux loups ont également été repérés par les autorités, dans des zones limitrophes entre le Tarn, l’Hérault et l’Aveyron et qui ont fait, selon les autorités, une trentaine de victimes (principalement des brebis), en 2021.

Pour compléter ce bilan, le loup est également présent en Lozère, et ce depuis des années. C’est d’ailleurs par ce département qu’il semble être arrivé, depuis les Alpes, il y a maintenant un peu moins de dix ans. Longtemps très touchés, les élevages lozériens, à l’image de ce qu’il se passe aussi en Aveyron, le sont un peu moins désormais. Pour autant, en 2021, 22 attaques ont été classées « loup non-écarté », faisant plus de 130 morts dans les troupeaux. Dans le Cantal, trois attaques ont eu lieu dans le sud du département au cours de l’année écoulée, à proximité là encore de l’Aveyron, sans pour autant cette fois, que le loup soit formellement identifié.

Pas de meute

Une accumulation de loups particulièrement inquiétante pour les éleveurs de brebis aveyronnais qui, dans leur immense majorité, ont besoin de laisser leurs troupeaux en pâturage une bonne partie de l’année, pour répondre au cahier des charges de la production de lait pour roquefort. Le seul point rassurant pour le moment semble être le fait qu’à chaque fois qu’un loup est identifié, il l’est seul. Il ne semble donc pas qu’il y ait, actuellement, de meute, qui pourrait être beaucoup plus meurtrière pour les troupeaux et faciliter également les reproductions.

Des aides financières pour acquérir des chiens protecteurs de troupeaux

Pour lutter contre les attaques, l’Etat ne se contente pas d’accorder des tirs de défense, ou de faire intervenir la brigade de louveterie, qui est la seule habilitée à tuer des loups, espèce protégée, selon un quota très réglementé.

L’État accompagne les éleveurs dans la protection de leurs troupeaux via l’attribution d’une aide pour accompagner l’acquisition et l’entretien de chiens de protection des troupeaux à hauteur de 80 %.

En 2021, onze dossiers de demande de subvention ont été déposés à la DDT au titre du programme du développement rural. Les dossiers concernent le financement de l’achat, l’entretien et la stérilisation de chiens de protection pour un montant total aidé de 17 528 €.

Pour 2022, 23 dossiers de demande de subvention ont été transmis aux exploitants ayant déjà présenté des dossiers les années précédentes ou en ayant nouvellement fait la demande. Les éleveurs intéressés pas encore concernés sont incités à se rapprocher de la DDT.

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