Guerre en Ukraine : produits alimentaires, gaz, matières premières... quel impact sur votre quotidien ?

  • " Un foyer de quatre personnes dépense en moyenne 549 € par mois pour se nourrir", selon Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA).
    " Un foyer de quatre personnes dépense en moyenne 549 € par mois pour se nourrir", selon Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Repro CPA
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Centre Presse Aveyron

L’invasion de l’Ukraine aura des conséquences économiques pour les Français, en raison notamment des sanctions imposées à la Russie. Quel impact sur votre quotidien ?

En une semaine, les cours des hydrocarbures et des matières premières agricoles ont flambé, alors que l’inflation était déjà élevée en Europe et en France. « Demain, le prix du plein d’essence, le montant de la facture de chauffage, risquent de s’alourdir encore. Face à ces conséquences économiques et sociales, je n’ai qu’une boussole : vous protéger », a promis le Président de la République Emmanuel Macron mercredi 2 mars. À quoi faut-il s’attendre et que peut faire le gouvernement ?

Bataille sur le prix du carburant

La Russie est le deuxième producteur et exportateur mondial de pétrole. Une semaine après le déclenchement de la guerre, le carburant a enregistré une hausse de 10 centimes le litre. Au fur et à mesure de l’écoulement de leurs stocks, les stations-service devront répercuter ce prix aux clients français. En attendant, la grande distribution se livre bataille, comme le montre l’opération « litre de carburant à̀ 1 € » lancée par Casino ou « à prix coûtant » chez Leclerc, Intermarché et Auchan ce week-end du 5 et 6 mars 2022.

Hausse en vue des prix dans l’alimentaire

La Russie est aussi le deuxième exportateur de blé. Et l’Ukraine respectivement le cinquième et quatrième exportateur mondial de blé et de maïs. Les experts ne s’attendent pas à des pénuries – la France en produit aussi – mais à des hausses de prix. Ainsi, leurs cours s’envolent, tout comme celui de l’huile de tournesol, dont l’Ukraine assure la moitié du commerce mondial. Or ils sont indispensables pour de multiples produits de notre alimentation. Les artisans et l’industrie agroalimentaire utilisent le blé pour fabriquer les pâtes, les biscuits, le pain ; l’huile de tournesol est prisée dans les chips mais aussi la nourriture animale.

Une augmentation de 10 à 12 € par mois

«Un foyer de quatre personnes dépense en moyenne 549 € par mois pour se nourrir. Rien que l’inflation, cela rajoute 5,39 €. Là, avec la crise ukrainienne, il faudra 10 à 12 € de plus par mois», a indiqué Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA).

Parmi les produits qui pourraient subir les plus fortes hausses, on retrouve donc les produits de boulangerie-pâtisserie, en raison de la flambée du cours du blé, ainsi que le porc et l’huile, à cause de la production de maïs et de tournesol qui pourrait être bloquée en Ukraine ces prochains mois. Même problématique pour les prix du lait, du beurre, de la crème ou des œufs, qui pourraient également exploser en raison des coûts supplémentaires déjà observés pour nourrir les vaches et les poules.

Dans les supermarchés, il y aura donc forcément une augmentation du prix des produits alimentaires. D’autant qu’une hausse de 3 % vient d’être globalement négociée dans le cadre des négociations commerciales annuelles entre industriels de l’agroalimentaire et distributeurs, afin d’aider les agriculteurs et de favoriser la souveraineté alimentaire de la France.

Le prix du gaz bloqué… mais pas pour tout le monde

Le prix du gaz atteint des sommets. Les Français qui l’utilisent au quotidien ne le ressentent pas pour l’instant, car les prix sont bloqués par le gouvernement depuis octobre 2021 et jusqu’à juin 2022. Mais les entreprises si. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’inquiète en particulier pour l’agriculture (qui en utilise à travers ses engrais) et l’industrie. Il entend à la fois « voir comment on peut les soutenir » et « investir massivement pour l’indépendance énergétique française » en favorisant notamment le biogaz, la biomasse, « avoir une flotte de pêche qui consomme moins de gasoil ».

Que peut faire le gouvernement ?

D’autres produits devraient aussi voir leur prix augmenter, en raison du renchérissement des coûts de production et des difficultés d’importation. L’inflation devrait donc mécaniquement grimper, alors que les salaires ne progressent pas aussi vite. « Cela peut nous coûter très cher en termes de pouvoir d’achat et de stabilité sociale et sociétale », craint l’économiste Marc Touati, président du cabinet ACDEFI et enseignant à Sciences Po Paris.

Le problème, c’est que les caisses de l’État sont vides : il s’est largement endetté ces deux dernières années pour financer la politique du « quoi qu’il en coûte » face au Covid, une situation qui inquiétait la Cour des Comptes avant même la guerre en Ukraine. Et de nombreuses mesures ont déjà été mises en place ces derniers mois – blocage des prix du gaz, prime inflation, indemnité kilométrique…-, rappelle-t-on au ministère de l’Économie. Maintenant qu’Emmanuel Macron est officiellement en campagne, la situation est encore plus compliquée.

Dans le cadre du « plan de résilience » que le gouvernement compte présenter mi-mars, afin de venir en aide aux entreprises françaises les plus touchées par ce conflit, des pistes sont malgré tout envisagées pour aider les particuliers. La plus probable : maintenir le « bouclier tarifaire » sur le gaz jusqu’à la fin de l’année 2022.

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