On a assisté à la première Métavers Fashion Week (et tout ne s'est pas passé comme prévu)

  • Capture de la Métavers Fashion Week dans Decentraland.
    Capture de la Métavers Fashion Week dans Decentraland. Courtesy of Décentraland
  • Capture de la Métavers Fashion Week dans Decentraland.
    Capture de la Métavers Fashion Week dans Decentraland. Courtesy of Décentraland
  • Capture de la Métavers Fashion Week dans Decentraland.
    Capture de la Métavers Fashion Week dans Decentraland. Courtesy of Décentraland
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - A vos marques, prêts, partez ! Le coup d'envoi de la première Métavers Fashion Week a été donné hier, jeudi 24 mars, dans Decentraland. Un événement inédit, attendu par la fashion sphère comme le public. Et bien sûr, on a voulu - nous aussi - tenter l'expérience, et assister à cette semaine de la mode virtuelle. Conférences, galeries d'art, défilés, événements spéciaux, after party… voici à quoi ressemble une Fashion Week… dans l'autre monde.

La mode a fait du métavers son nouveau terrain de jeu, jusqu'à proposer une première Fashion Week avec pas moins de 70 marques, créateurs, et artistes associés à l'événement. Et c'est sur Decentraland que cela se passe, bien loin des quatre capitales de la mode que l'on a l'habitude d'arpenter pour découvrir les nouvelles collections des plus grandes maisons. Alors le jour J, j'étais dans les starting-blocks, prête à jouer des coudes pour voir les défilés de Tommy Hilfiger, Etro, ou Dolce & Gabbana, et voir à quoi ressemble la jumelle virtuelle d'Anna Wintour. Elle sera forcément là, non ?

Désert land

Première étape, la connexion. Pas glam', mais indispensable. Je suis confrontée à un premier problème - et pas le dernier - j'ai tenté de me connecter avec mon téléphone. Impossible, me dit Decentraland. La Métavers Fashion Week est uniquement accessible via un ordinateur. OK, on recommence. Je me connecte donc sur Decentraland via mon PC portable, pas du dernier cri, mais assez costaud pour supporter une Fashion Week - ça c'est ce que je croyais, l'expérience me montrera qu'il vaut mieux être parfaitement équipé pour pénétrer dans l'antre du métavers. Mais on y reviendra…

Je n'ai pas de portefeuille, ni de compte, alors je me connecte en tant qu'invité. Il faut le reconnaître, c'est assez simple. Je nomme et personnalise mon avatar. Le dressing n'est pas dingue, alors je fais au mieux. C'est la Fashion Week, après tout. Je dégote un T-shirt, une jupe, des sneakers noires, et un collier imposant… Un peu trop casual pour l'événement, alors j'agrémente le tout d'un space buns. Peu mieux faire, mais ça fera l'affaire. Je valide, et me voilà propulsée dans l'autre monde, à Genesis Plaza, au coeur de Decentraland. Et là… Rien. Absolument rien. Quelques avatars - bien mieux habillés que moi - mais le néant total. De l'espace à n'en plus finir, certes, mais l'impression de se sentir seule au monde, sans rien avoir à faire.

Il me faut quelques minutes pour maîtriser les commandes, mais je ne vois aucun événement à l'horizon. J'appuie donc sur la touche 'X', comme préconisé par la plateforme, pour afficher la liste des événements en cours et m'y rendre. Alors que la Métavers Fashion Week devrait battre son plein, je m'aperçois que les seuls événements à venir n'auront lieu qu'en fin d'après-midi. Génial ! Je décide donc d'errer, et de me diriger vers une place consacrée à Estée Lauder, partenaire de l'événement. Je suis accueillie par une musique ultra relaxante, mais encore une fois, il ne se passe absolument rien. Je ne suis plus toute seule, et je découvre d'ailleurs des avatars assez surprenants qui volent au-dessus de ma tête - je suis jalouse, moi aussi je veux voler - mais il n'y a rien à faire, si ce n'est arpenter un immense terrain un brin aménagé. J'ai dû louper quelque chose - d'une certaine façon, je l'espère… Je ne renonce pas, et me téléporte vers le lieu où se tiendront les défilés.

Et là, impressionnant ! Des avatars par dizaines. On se marche dessus, mais personne ne hurle - ça change de la véritable Fashion Week. La sonnerie qui annonce l'arrivée de messages sur le 'chat' n'en finit plus de retentir. Et là je vois défiler dans plusieurs langues des messages complimentant les tenues des uns et des autres. Pas la mienne, il va sans dire. Le décor est lui aussi grandiose : un podium circulaire flambant neuf entouré d'un espace destiné à accueillir les invités (nous !). On ne peut pas s'asseoir - techniquement j'entends - mais c'est surprenant. Reste que le premier défilé n'a lieu que dans quelques heures… Pas grave, je reviendrai.

Un véritable monde parallèle

Deuxième journée, deuxième tentative, et cette fois c'est la bonne. Je n'ai pas besoin de personnaliser à nouveau mon avatar, je suis associée à celui sélectionné hier. Et là, je file tout droit vers le Luxury Fashion District. J'y découvre les boutiques des plus grandes maisons de mode, dont celle de Guo Pei dans laquelle je me fais un plaisir d'entrer. A l'intérieur, un décor grandiose. Pas - ou peu - d'interactions possibles, mais de sublimes et imposantes robes à découvrir. Enfin, quelque chose à faire ! J'admire, je me rapproche de chaque modèle, puis je ressors, et découvre un tapis rouge - c'est la Fashion Week ! - mais pour une fois je peux moi-même prendre la pose, et je ne m'en prive pas.

En face de moi, l'imposante structure dans laquelle je me trouvais hier, toujours destinée à accueillir des shows. J'y fonce ! A peine entrée, les projecteurs s'affolent, la musique s'enclenche - forte et ultra rythmée - et voilà le premier mannequin qui se déhanche sur le podium. Je me rends compte que je suis au défilé de la marque Etro, qui présente une collection virtuelle pleine de pep's, entre vêtements du quotidien et robes de soirée. Le show ne dure pas longtemps, et - il faut l'avouer - je loupe de nombreuses silhouettes car mon ordinateur se fige fréquemment, mais je suis assez impressionnée par la qualité de la scénographie. Je n'ai pas du tout envie de me déconnecter… Le métavers, c'est addictif.

Je décide de changer de 'place', et me téléporte dans un autre univers associé à cette Fashion Week d'un nouveau genre. Je me retrouve entre deux bâtiments : l'un est dédié à des conférences, l'autre se révèle être une galerie dans laquelle art et mode ne forment plus qu'un. Je choisis le second, et je cours - oui, je n'ai pas dû activer la fonction 'marche' car je passe mon temps à courir dans Decentraland - vers une figurine animée représentant Karl Lagerfeld. On me propose de cliquer dessus; ce que je fais. Une nouvelle page s'ouvre, j'atterris sur la plateforme The Dematerialised sur laquelle on me propose d'acheter le NFT 'Ikonik Karl' à 77 euros. Je suis tentée, mais je vois rapidement qu'il est (déjà) 'sold out'. Loupé ! Je retourne sur Decentraland, flâne, me retrouve dans un espace qui crache une musique électro ultra forte, sans personne à l'horizon, et décide, au bout du cinquante-troisième écran figé, qu'il est tant de se déconnecter.

Impressionnant, mais (trop) en avance sur les usages

Cette première expérience a été enrichissante. On ne peut nier que ce monde virtuel est troublant de réalité. Des boutiques, un tapis rouge, un podium, une galerie, un musée, des salles de conférence… On se laisse rapidement prendre au jeu. Le tout rythmé par une foule de messages, et donc la possibilité de nouer moult relations sociales sans avoir à quitter son canapé. Vraiment impressionnant, et surtout prenant. On comprend (désormais) que les ados puissent y passer des heures, sans compter sur la possibilité d'agrémenter le dressing de son avatar, et de s'adonner à une foule de jeux en solo ou en communauté.

Reste que le métavers montre aussi certaines de ses limites. Cette Métavers Fashion Week était censée battre son plein, mais sans événement particulier, il ne s'y passait pas grand-chose. Premier point négatif. Les interactions proposées (achats de NFT, essayage de vêtements virtuels, téléportation) ne sont pas toujours évidentes; ce qui nécessite une certaine dextérité - et habitude - qui n'est pas donnée au plus grand nombre. Il s'agit bel et bien d'un monde fait pour les gameurs, ou tout du moins pour un public averti - et jeune. Sans compter qu'il est indispensable de posséder un ordinateur assez performant pour faire partie du game. Autant dire que ces points limitent - pour l'instant - considérablement l'accès à ces nouveaux mondes.

Ultime constat et non des moindres, il va falloir encore du temps pour que nos jumeaux numériques composent avec tous les nouveaux usages qu'offre le métavers. Mon avatar n'était pas le plus stylé, mais il ne m'est jamais venu à l'idée de dépenser une quelconque monnaie pour le rendre plus 'trendy'. Même constat pour les événements, shows, et after party accessibles via l'achat de NFT. Seule la figurine à l'effigie de Karl Lagerfeld aurait pu me faire passer à l'acte (d'achat)… Autant dire qu'il va falloir patienter avant que ces nouvelles habitudes s'ancrent durablement dans notre quotidien. Pour l'instant, il n'y a pas à dire, la Fashion Week - la vraie - n'a rien à envier à son pendant virtuel… à laquelle Anna Wintour n'a même pas posé un stiletto. On s'en reparle dans dix ans…

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