Aveyron : la fin d’une lutte et le début d’une nouvelle histoire pour l'usine SAM de Viviez ?

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  • Après 154 jours d'occupation, les salariés de SAM ont "rendu" leur usine ce lundi 25 avril.
    Après 154 jours d'occupation, les salariés de SAM ont "rendu" leur usine ce lundi 25 avril. - Capture d'écran
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Matthieu Roualdès

Les anciens salariés de Sam ont mis fin ce lundi à l’occupation de l’usine. Pour des lendemains meilleurs ? Un projet de reprise est toujours à l’étude et plusieurs effectifs ont déjà trouvé un nouvel emploi.
 

Pourquoi les anciens salariés ont-ils quitté l’usine ?

Cela s’appelle une sortie de crise « diplomatique ». Lundi, au lendemain de la réélection d’Emmanuel Macron, les anciens salariés de Sam ont mis fin à l’occupation de l’usine, commencée fin novembre après la liquidation judiciaire de l’entreprise. Après 154 jours passés jour et nuit zone des Prades à Viviez, c’est sous une haie d’honneur que près de 200 anciens ouvriers, certains encore avec leur bleu de travail, ont dit au revoir à leur ancien quotidien. Non sans émotion. « J’ai un gros pincement au cœur, j’ai travaillé ici durant 35 ans », confiait Alain, fondeur. Pour Sabrina, l’une de ses collègues, il s’agit surtout d’un « grand gâchis ». Devenus une famille au fil de la lutte et de ses rebondissements, ces salariés ont vu dans leur départ « la fin d’une histoire incroyable ».
Une fin devenue inéluctable ces dernières semaines. Le 28 mars dernier déjà, le tribunal de Rodez ordonnait qu’ils quittent les lieux après un recours des mandataires judiciaires. Depuis, les services de l’État travaillaient à cette fin d’occupation. Elle a été rendue possible par un accord entre divers acteurs du dossier et surtout par la garantie de la protection de l’outil de travail. Dès ce lundi, un dispositif de gardiennage du site porté par la communauté des communes de Decazeville a été mis en place. Il s’est fait en lien avec les mandataires, dont on pouvait craindre il fut un temps la vente de nombreux outils…

Que va-t-il advenir de l’usine désormais ?

Sous bonne garde, l’usine se dirige vers une deuxième vie. MH Industries, un fabricant de pièces métalliques du Lot, étudie une relance de l’activité sur le site aveyronnais, avec le soutien de la région Occitanie, qui lui a octroyé une aide de 1,2 million d’euros pour mener l’étude de faisabilité. Une date butoir pour cette reprise a été fixée au 30 juin. Le potentiel repreneur, Mathieu Hede, a déjà fixé plusieurs préalables à celle-ci : le rachat des équipements dans de bonnes conditions, ce qui devrait être le cas, une entente financière avec les liquidateurs sur le rachat de ces outils industriels. Et une recherche de clients susceptibles d’être intéressés par l’activité de la fonderie. Si le projet de reprise aboutissait, une soixantaine de personnes pourraient être embauchées dans un premier temps selon plusieurs prévisions. « C’est très hasardeux encore », nous confie néanmoins un acteur du dossier.

Quid des anciens salariés ?

« Je n’arrive pas à me projeter ». Telle est la réponse de bon nombre des 333 anciens salariés de Sam lorsqu’on évoque le projet de reprise… Certains n’ont d’ailleurs pas attendu pour trouver un nouvel emploi. Selon la préfecture de l’Aveyron, qui rappelle être « pleinement mobilisée pour l’accompagnement des salariés », 27 personnes ont retrouvé un CDI, 19 un CDD de six mois en plus, 38 un CDD temporaire de moins de six mois et 14 sont entrées en formation dont 11 en entreprise avec promesse d’embauche. Pour les ex-salariés de plus de 57 ans, une procédure dans le cadre de la retraite, et de rachat de trimestres, a également été lancée. Elle concerne 20 % des effectifs. « La libération de la Sam par les personnels qui l’occupaient est une étape. Elle ne signifie pas pour autant l’arrêt du dialogue social, qui se poursuit avec les représentants des ex-salariés. Ce travail conjoint mené avec les opérateurs (Pôle Emploi, Agence nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes, cabinet de conseil en ressources humaines LHH) pour l’accompagnement des salariés dans le cadre du contrat de sécurisation professionnelle, se poursuivra tout au long de 2022, a minima », écrit dans un communiqué de presse la préfecture, tout en annonçant la tenue de deux forums de l’emploi prochainement à Viviez.

Juridiquement, le combat est-il terminé ?

S’ils assurent qu’ils « n’oublieront jamais ce que le gouvernement nous a fait », le temps viendra pour les représentants syndicaux et chefs de file de la lutte chez Sam de tourner la page. « On a fait ce qu’il fallait, on a pensé à l’intérêt collectif », a résumé David Gistau, lundi à la sortie de l’usine. Surtout, le combat n’est pas encore terminé. Notamment sur le front judiciaire. 300 ex-salariés vont assigner individuellement, devant le conseil de prud’hommes de Rodez, le groupe chinois Jinjiang, qui a racheté la SAM en 2017, pour « irrespect des engagements pris » et Renault pour « co-emploi ».

Politiquement, la victoire de Carole Delga ?

D’un côté, il y a l’État « coupable » pour les Sam. Et de l’autre, la Région. Entre les deux forces politiques, la crise de Sam a souvent été le théâtre d’une bataille de communications, chacun souhaitant montrer qu’il en faisait davantage que l’autre… L’État a missionné l’un de ses délégués, Jean-Pierre Floris, pour la réindustrialisation du site et a salué son travail. La Région, elle, a toujours été au soutien des anciens salariés et fut la première à communiquer sur la possible reprise du site par MH Industries avant un rétropédalage en indiquant que cela ne fut possible qu’avec l’aide « du ministère de l’Économie et de l’Industrie »… Surtout, Carole Delga n’a pas hésité à sortir le chéquier. En allouant 1,20 M€ à ce potentiel repreneur tout d’abord. Puis plus récemment, elle fut au cœur de l’entente avec les mandataires judiciaires afin que ces derniers ne touchent pas à l’outil de production… Le 14 avril dernier, la Région a même annoncé dans un communiqué de presse qu’elle effectuerait le paiement des loyers à venir et des frais d’électricité représentant un maximal de 84 000 € jusqu’au 30 juin prochain… « On espère que le nouveau ministère de l’économie sera d’un autre niveau que le précédent et qu’il appuiera au même niveau que la Région le projet de reprise », a souhaité David Gistau, délégué départemental CGT, ce lundi.
 

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Les commentaires (1)
Anonyme13114 Il y a 1 année Le 27/04/2022 à 11:40

La fin d'une histoire pour les salariés et le début d'une autre pour le contribuable.