Millau. Aveyron : deux pompiers spécialisés envoyés en Gironde

Abonnés
  • Un groupe de quinze professionnels a été dépêché. Un groupe de quinze professionnels a été dépêché.
    Un groupe de quinze professionnels a été dépêché. Sdis 12
Publié le
Midi Libre

Le lieutenant Lin Vidal, du centre de secours de Millau, revient sur la technique utilisée, à savoir les feux tactiques.

Durant deux jours, le lieutenant Lin Vidal, du centre de secours de Millau, accompagné de Benoît Tomczak, le patron de la caserne de Saint-Affrique, sont partis prêter main-forte à leurs collègues engagés sur les dramatiques incendies de Gironde. Après douze jours de lutte contre les flammes, les feux de Landiras et de La Teste-de-Buch sont désormais fixés, comme l’a annoncé hier, la préfète de la Nouvelle-Aquitaine, Fabienne Buccio. Les deux soldats du feu sud-aveyronnais sont allés apporter leur expérience en matière de feu tactique et de brûlage dirigé, l’une des trois spécialités des pompiers de l’Aveyron. Entretien avec le lieutenant Vidal.

Vous avez été envoyé en Gironde pour mettre à profit votre expérience dans le brûlage dirigé…

Nous avons été deux pompiers du Sdis 12 à avoir été engagés en relève d’un groupe qui a été spécialement constitué avec du personnel de l’ensemble de la zone Sud-Sud-Est de la France qui emploie le feu tactique et le brûlage dirigé depuis de nombreuses années. C’est la première fois en France que ce genre de groupe est constitué sur des missions opérationnelles. Nous sommes allés relayer les collègues présents depuis le début du sinistre.

Quelles étaient les missions de ce groupe, une première en France ?

Il était constitué d’une quinzaine de personnes avec des cadres de feux tactiques et des brûleurs. L’objectif était de partager notre savoir-faire sur les techniques de contre-feu, de brûlage dirigé de parcelles en amont du foyer pour pouvoir avoir des actions sur l’évolution des incendies de forêt en Gironde. Nous avons été engagés sur celui de Landiras. Nous sommes arrivés sur la phase finale mais nous avons eu pas mal d’actions sur des contrôles de points chauds et de la reconnaissance de terrain. Nous étions les yeux du commandant des opérations de secours. C’est un département qui n’a pas cette culture du feu tactique. Elle n’avait jamais été employée jusqu’ici sur place.

Le feu tactique est l’une des spécificités des pompiers aveyronnais. Pouvez-vous nous rappeler en quoi cela consiste ?

Ce sont réellement des mises à feu que l’on fait de manière contrôlée et réfléchie par des professionnels formés. On s’entraîne tout l’hiver à faire du brûlage dirigé. Il trouve son origine dans les Cévennes puisque c’est une zone où cela se pratique depuis longtemps. L’intérêt est de pouvoir allumer des contre-feux, sécuriser des zones qui ne sont pas encore brûlées, en amont de villages par exemple, avant que le feu arrive ou que des sautes de feu se produisent. Cette technique permet de faire se rejoindre les deux feux et donc, de stopper l’incendie sur le secteur brûlé volontairement.

Des feux tactiques ont-ils été réalisés sur les douze jours de combat ?

Oui, des grosses lisières de contre-feu ont été allumées sur Landiras et La Teste-de-Buch avant que les flammes n’y arrivent, permettant d’éviter la propagation à certains massifs et villages.

Quelles sont les conditions pour pouvoir y avoir recours ?

Les conditions doivent être adaptées. C’est le rôle du cadre de feu tactique d’analyser en fonction des conditions météo, de mise à feu. Il y a toute une liste de critères à respecter. On ne fait pas n’importe quoi, n’importe quand.

Pourquoi cette technique n’est-elle pas généralisée à tous les Sdis ?

D’abord, pour nos pompiers, ce n’est toujours facile à accepter d’utiliser le feu pour éteindre le feu. Ensuite, le parcours de formation est très long pour être cadre feu tactique. Cela demande beaucoup de formations et de parrainage, c’est-à-dire que l’on va dans d’autres départements faire des brûlages, participer à des missions pour avoir les compétences de pouvoir ensuite diriger un feu tactique. En Aveyron, il y a deux cadres (le commandant Buchet, le chef de centre de secours de Millau, et le lieutenant Valat de Saint-Sernin-sur-Rance) et une dizaine de brûleurs.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?