Millau : "Il faut redonner le goût et l’envie du cinéma"

Abonnés
  • "Le cinéma est un loisir mais aussi un art accessible à tous, ouvert 365 jours par an."
    "Le cinéma est un loisir mais aussi un art accessible à tous, ouvert 365 jours par an."
Publié le
Aurélien Delbouis

Un an après la reprise par le délégataire GPCI, Rémi Hussenot dresse un bilan mitigé de l’activité des salles obscures millavoises.

Le cinéma c’est un art, la télé c’est un meuble !" La célèbre saillie du réalisateur franco-belge Jean-Luc Godard, disparu mardi, ne reflète malheureusement pas le constat du moment. Après deux années marquées par le Covid, la France d’après n’a toujours pas retrouvé les salles obscures. Selon la Fédération nationale des cinémas, la baisse de la fréquentation est estimée à 25 % de moins, voire 30 % par rapport à 2019. Pour les exploitants, l’heure n’est plus au satisfecit. "Après deux années de Covid, la reprise est effectivement très compliquée", confirme le directeur du cinéma de Millau, Rémi Hussenot.

Ne pas baisser les bras

Un an après la reprise de la salle municipale par le Groupement de programmation des cinémas indépendants (GPCI), les cinéphiles ne se bousculent pas au portillon. "On espère terminer l’année 2022 sur un total de 65 000 entrées (1). Soit une baisse de 30 %. Considérable pour n’importe quelle entreprise qui voit son bilan amputé d’un tiers de ces recettes", se désole le directeur qui veut croire, malgré tout, à des lendemains qui chantent. "Avec le Covid, les gens ont perdu l’habitude de venir au cinéma, certains ont encore peur du virus. Quant aux distributeurs, ils ont aussi été précautionneux. Contrairement aux grosses années, nous n’avons pas pu programmer beaucoup de gros films. Cet été, par exemple, nous n’avons pu compter que sur une petite dizaine de sorties, contre vingt, une année normale."

Pour Rémi Hussenot, la feuille de route est simple : "Redonner le goût et l’envie de cinéma aux Millavois. Travailler toujours plus pour faire revenir les gens." Comment ? "Déjà, en ne baissant pas les bras ! En offrant la programmation la plus diversifiée possible à un tarif abordable tout en multipliant les animations. En plus des soirées débats, nous organisons des soirées à thème. À l’occasion de la sortie du film La dégustation, avec Isabelle Carré et Bernard Campan, nous allons par exemple inviter un sommelier pour partager un moment de détente en fin de projection."

Si la petite équipe s’emploie à attirer les Millavois, elle s’est aussi décidée à venir à la rencontre de son prochain public. "Un poste dédié à la communication et la médiation a été crée en ce sens, poursuit Rémi Hussenot. Nous voulons aussi nous investir auprès du jeune public. Avec des interventions dans les collèges et lycées avec des modules d’éducation à l’image." Le but cette fois, "sensibiliser à la diversité du cinéma. Il y a autre chose, d’autres films moins connus qui méritent le détour. Le cinéma ne se résume pas aux grosses productions." En ce sens, lui qui plus jeune se voyait évoluer de l’autre côté de la caméra – "je voulais être acteur" –, souhaite créer, toujours à Millau, un club cinéma.

Multiplier les partenariats

Déjà partenaire de plusieurs associations pour qui il met ses salles à disposition (pour le festival 360 degrés d’aventure ou Les Givrés), le cinéma de Millau compte, enfin, lancer son propre événement "en lien avec d’autres salles réparties sur le territoire de l’ex-Languedoc-Roussillon". Autant de projets qui devraient, c’est l’objectif, pallier la baisse préoccupante de la fréquentation. "On garde notre ADN, nos convictions profondes. Oui, le cinéma est un loisir mais aussi un art accessible à tous, ouvert 365 jours par an. On ne doute pas de notre place sur le territoire. Même si en même temps, ne le cachons pas, on serre un peu les fesses !"

(1) En 2019, les salles obscures millavoises avaient enregistré un record de fréquentation. Elle se chiffrait alors à 92 214 entrées (en hausse de 7,5 % par rapport à 2018 alors qu’elle était de 5,9 % sur l’Hexagone). En 2020, la baisse était aussi record avec 77 % de vente en moins et 21 000 places vendues.
Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?