Un enfant est victime de violences sexuelles toutes les 4 minutes en France : êtes-vous "concerné" ?

  • Environ 160 000 enfants victimes de violences sexuelles chaque année.
    Environ 160 000 enfants victimes de violences sexuelles chaque année. Illustration - Pixabay
Publié le , mis à jour

Le rapport de la commission Inceste, créée en janvier 2021, a été publié le mercredi 21 septembre. Edifiant. Pourtant, ce rapport n'a provoqué aucun effarement chez les Français...

C'est une travail au long cours. Ce mercredi 21 septembre, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), créée en janvier 2001 par le gouvernement à la suite  de l'affaire du célèbre politologue Olivier Duhamel, accusé d’abus sexuels sur son beau-fils, a rendu son premier rapport sur les conséquences traumatiques et dramatiques des violences sexuelles subies durant l’enfance, relate le Huffington Post.

Dans ce rapport, rien de moins que 16 414 témoignages de violences sexuelles sur des enfants, dont 81 % d'entre elles sont des faits d'inceste. La commission estime à 160 000 le nombre d’enfants touchés par les violences sexuelles chaque année en France, soit 438 par jour, ou encore 18 toutes les heures. Et 90 % de ces victimes sont des filles. Des chiffres choquants, et pourtant, la publication de ce rapport n'a soulevé aucune indignation auprès du public, ni de "buzz" via les médias nationaux, beaucoup moins que le rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Eglise, qui n'est que la partie visible de l'iceberg des violences sexuelles sur les enfants.

Et pourtant. Les conséquences psychotraumatiques de ces violences commises "par un ou plusieurs proches", répétées ou accompagnées de menaces d'autres violences, demeurent chez presque 100 % des enfants victimes, même des décennies après. Elles se répercutent sur leur santé physique et psychique, mais également dans leur vie affective, sexuelle et professionnelle. 

Ces conséquences sont multiples, selon le rapport de la Ciivise.

  • Comportements à risques : près d'une femme sur deux décrivent des troubles alimentaires et près de 40 % des hommes ont des addictions. 70 % des personnes évoquent des comportements d'évitement (face à des situations ou des personnes), ou des tentatives de suicide.
  • Psychologiquement et physiquement : sept personnes sur dix font état de dépressions, de cauchemars. 30 % des personnes parlent d'un "impact physique", bien après les faits : "C’est comme si les cellules s’en souvenaient physiquement. Comme si on ressentait tout dans son corps, tout le temps", témoigne l'une d'entre elles.
  • Souffrances "familiales" : selon le rapport, "nombreuses sont les victimes qui révèlent les violences à leur famille et qui se trouvent exclues". Accusées en outre de "briser la famille", leur peine est double.

Ecole, travail : précarité ou refuge

Le rapport de la commission Inceste établit également que l'impact de ces violences subies dans l'enfance peut également amener les victimes à interrompre leur scolarité, et plus tard leur carrière professionnelle, "parce que les symptômes du psychotraumatisme les ont contraintes d’exercer des emplois précaires". 

A l'inverse, chez d'autres victimes, l'école et le travail peuvent être considérés comme des refuges face au souvenir de ces traumas, mais, rapporte un témoignage, "ma vie professionnelle et publique sont de jolies vitrines qui masquent le champ de ruines".

Cette différence de ressenti se traduit également dans la sexualité : 30 % des victimes souffrent d'une absence de libido allant jusqu'à une absence totale de sexualité, mais pour le reste, près d'un homme sur deux et une femme sur trois multiplient les partenaires dans leur vie sexuelle.

Même dichotomie par rapport à une éventuelle parentalité : soit le renoncement pur et simple à concevoir un enfant et une vie familiale, soit la crainte "de reproduire les agressions sur leurs propres enfants".

Le rapport enfin comprend 25 préconisations pour aider les enfants victimes d'inceste et/ou accompagner leur parcours "post-traumatique", dont le repérage systématique et signalement en cas de soupçons, la "réparation" (notamment par le soin et la prévention), garantir aux victimes des soins spécialisés en psychotrauma, suspendre l’autorité parentale d’un parent poursuivi pour inceste, "doter les services de police judiciaire spécialisés dans la cyber-pédocriminalité des moyens humains et matériels nécessaires", ou encore "organiser une grande campagne nationale sur les violences sexuelles faites aux enfants".

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