Né sous une bonne étoile, le rappeur ruthénois Lombre décolle pour un voyage intérieur

Pierre Soulages est mort mardi 25 octobre 2022, à 23 h 30, à l’hôpital de Nîmes. L’information a fait le tour de la planète le lendemain. C’est ce jour-là que Lombre et Ulysse maison d’artistes, son label et aussi boîte de production, avaient choisi pour proposer leur soirée, baptisée "Live entre les toiles" au musée Soulages, dans le chef-lieu aveyronnais. Au programme : visite des lieux, projection du film qu’il avait tourné là avec le Quatuor Debussy et Berywam, et, enfin, concert entouré du guitariste Florian Soulier et du batteur Damien Gouzou. L’invitation a été (très) appréciée puisque l’auditorium du musée a fait le plein… Il a même fallu se serrer un peu !

Lombre se rapproche de Soulages

Lombre, la face cachée d’Andréas Touzé, a savouré la moindre seconde de la soirée, reconnaissant toutefois que "la journée a été si particulière". Petit, il voulait devenir astronaute, footballeur professionnel ou pompier. Mais, avant tout, musicien. Le rêve est donc devenu réalité. Originaire de Sainte-Radegonde, mais né comme lui à Rodez, le 1er mai 1997, Lombre se rapproche de Pierre Soulages. Son noir devient lumineux et l’écriture de son parlé chanté tend de plus en plus vers la notion de beau. Et, quand il est question de parler de son style, il tranche : "Je dirais que je fais du "spoke and words", un mélange de rap et de slam".

Des morceaux révélés en avant-première

Mercredi dernier, il a certes interprété les six chansons de son deuxième E.P., sorti le 10 septembre 2020 et intitulé "La lumière du noir". Mais, il a aussi dévoilé, en avant-première, quelques magnifiques morceaux de son premier album (qui en comptera douze), réalisé par Clément Libes, qui devrait être dans les bacs en avril prochain. "C’est le bon moment, se réjouit le rappeur ruthénois. J’ai trouvé l’identité artistique que je touche du doigt depuis plusieurs années et je sens qu’il y a une belle effervescence, des ondes très positives, au sein de l’ensemble de l’équipe qui m’accompagne". Il poursuit sur le sujet : "C’est toutefois un sentiment bizarre car, à la fois, j’ai très envie de me jeter dans le bain et je sais que c’est vertigineux !".

"Le chemin est encore long"

Depuis la sortie de l’E.P., de l’eau est passée sous les ponts. Mais, Lombre a-t-il changé ? "Ces deux années ont été marquées par la continuité certes mais également par une évolution, reconnaît volontiers l’intéressé. Par exemple, alors que l’E.P. était beaucoup plus électro, les sonorités de l’album sont davantage acoustiques". Quant aux textes, "ils respectent, à la base, les mêmes recettes" : "Les noirceurs au fond de mon être pour aller chercher la lumière, le voyage intérieur, le rapport à l’enfance…". "C’est assez intime", souffle-t-il.

L’exercice n’est pas simple pour lui mais il accepte d’aborder plus en détail son parcours : "Cela fait sept ans que Lombre existe et je savoure chaque instant, sans brûler les étapes. Oui, j’ai eu la chance d’être invité par Ben Mazué sur la scène du Zénith de Lille mais je garde les pieds sur terre. Le chemin est encore long". Il sait aussi que la naissance de l’album est "une marche un peu plus haute". Mais, il est catégorique : "Je n’ai pas trop de pression, ni les réponses à toutes les questions".

"On a envie de travailler la sortie"

Il conclut à ce propos : "On a envie de travailler la sortie. Il y a ainsi une stratégie à mettre en place. Je sens, de la part de toute l’équipe, de l’investissement, du sérieux. On joue déjà des petites choses, pour prendre la température, et, dès janvier, on en donnera, petit à petit, un peu plus".

En attendant, il est "très marqué" par le concert de la semaine passée. Sensible, à fleur de peau, écorché vif, il est touché : "C’est un jour très important de l’histoire de Pierre Soulages, mais, pour nous, d’être là, c’est fort aussi". Il n’a d’ailleurs pas pu retenir ses larmes en interprétant "La lumière du noir". L’émotion était trop forte ! Mais, comme il le dit dans le film réalisé par Samuel Petit : "L’histoire continue".

Installé à Toulouse, Lombre fait souvent la route qui mène à Sainte-Radegonde : "J’apprécie cette maison à la campagne, surtout quand on habite dans un appartement, à la ville. Je viens certes chercher le cocon familial mais également l’énergie, l’inspiration". Du coup, la noirceur saisissante de ses textes débouche sur une lueur et une note positive.