Rodez. Artificialisation des sols : la fédération de BTP en Aveyron vent debout contre la loi

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  • Loi artificialisation : le BTP "unanimement" soutenu
    Loi artificialisation : le BTP "unanimement" soutenu
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Xavier Buisson

Artisans et élus locaux appellent de leurs vœux un ajustement de la loi Zéro artificialisation nette (Zan) et organisent une "réponse départementale" à ce texte qui les préoccupe au plus haut point.

Près de 190 invités, dont de nombreux élus, pour évoquer une problématique majeure, au centre de tous les débats… les échanges autour de la fin annoncée de l’artificialisation des sols ont occupé la quasi-totalité de l’assemblée générale de la Fédération du bâtiment et des travaux publics de l’Aveyron.

Présentée comme "l’une des causes premières du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité" par le ministère de la Transition écologique, l’artificialisation des sols peut être comparée à leur imperméabilisation. Toujours selon ce même ministère, elle consiste "à transformer un sol naturel, agricole ou forestier afin de les affecter notamment à des fonctions urbaines ou de transport (habitat, activités, commerces, infrastructures, équipements publics…)".

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"Désormais, nous allons faire du lobbying"

Soit un sévère coup de frein annoncé pour le secteur du BTP, alors qu’il est question de progressivement éradiquer l’artificialisation des sols en 2050. "C’est une loi qui gène tout le monde : entreprises, élus, consommateurs. Il ne faut pas avoir peur de revenir en arrière. Nous demandons un amendement pour les zones rurales, mais cette loi se justifie pour les grandes métropoles. Désormais, nous allons faire du lobbying et soutenir les élus ruraux, qui sont contre", explique Daniel Druilhet, président de la Fédération du bâtiment et des travaux publics de l’Aveyron.

Pour Laurent Alexandre, député LFI : " il ne faut pas en faire une loi générale, mais privilégier le coup par coup. Risque d’inondation, risque minier, terres polluées… les couches d’interdictions se superposent et les zones constructibles rétrécissent comme peau de chagrin. Les lois sont faites pour être modifiables… ". Invité lui aussi par la FBTP, le député Stéphane Mazars ne ferme pas non plus la porte à des ajustements : " Sur le principe, personne ne remet en cause cette loi. Ce qui mérite que l’on y retravaille, c’est pour savoir comment on la met en place. Freiner le développement de certaines métropoles, c’est très bien. En revanche dans les territoires ruraux il y a un phénomène de reruralisation, et il faut accompagner cela ".

"C’est un sujet central pour les territoires ruraux, et les modes de calculs nous sont très défavorables. Mais nous sommes combatifs et nous travaillons avec les élus à une réponse aveyronnaise", explique pour sa part Arnaud Viala, président du conseil départemental.

Matières premières et "immigration choisie"

Avec des prix des matières premières qui " se stabilisent malgré des problèmes de délais pour le fer et le verre " notamment, selon Daniel Druilhet, les problématiques d’hier sont bien moins prégnantes aujourd’hui pour le secteur du BTP. Autre sujet : la main-d’œuvre, souvent manquante. " Pour 2023, on l’a, explique le président. Personne n’embauche. Les collectivités ne lancent pas leurs projets car elles s’attendent à une crise en 2023, elles ont peur, notamment du surcoût de l’énergie ". Enfin, au sujet de l’"immigration choisie" sur laquelle planche le gouvernement, Daniel Druilhet l’affirme : "La formation doit se faire en interne, dans les entreprises, or c’est l’État qui veut former, rapidement, ces salariés immigrés, sans nous demander notre avis… Si c’est le cas, on les embauchera pas !".

Dans les zones rurales, le sévère coup de frein annoncé inquiète le secteur du BTP.

Un intervenant en territoire conquis

"Zéro artificialisation nette et Territoires d’outre-métropoles" : tel était l’intitulé de la table ronde organisée par la FBTP autour de Jean-Marc Offner, président de l’École urbaine de Sciences-Po et ancien directeur de l’Agence d’urbanisme de Bordeaux Aquitaine. Dénonçant les contours et définitions "flous" de l’artificialisation, il a mis en avant les coûts exorbitants de la désartificialisation ("débitumisation"), car la loi impose une compensation. Pour lui, l’idée d’une "bétonisation galopante ne tient pas la route". "Il y a de la place en France", a-t-il ajouté, sauf dans certaines zones (métropoles, littoraux) où existe une concurrence pour l’espace. "Quand on transforme une terre agricole mal en point en un lotissement, on artificialise mais en termes de biodiversité et de qualité des sols, on y gagne".
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